Les débats identitaires qui se déroulent actuellement sur certains réseaux sociaux soulignent l’importance d’enseigner la véritable histoire de l’Afrique et du peuple noir. Des affirmations telles que « Les Sénoufos ne sont pas des Dioulas », « Le Dioula n’est pas une ethnie » ou « Les Krous viennent du Liberia » attisent les passions et révèlent un besoin de connaissance concernant l’histoire des Africains.
Il est essentiel de comprendre qu’aucune ethnie « Dioula » n’existe en Côte d’Ivoire. Ce terme fait référence à une personne impliquée dans des activités commerciales. Il désigne ainsi un groupe social plutôt qu’une ethnie spécifique. Dans le même ordre d’idées, on pourrait citer le Nouchi, qui est un phénomène linguistique et culturel plutôt qu’une ethnie. En Côte d’Ivoire, le terme « Dioula » s’est progressivement appliqué aux habitants du Nord, généralement de confession musulmane, bien qu’ils appartiennent à divers groupes ethniques. Ainsi, des communautés comme les Mahoukas, les Odiennékas, les Koyakas, les Sénoufos, etc. sont regroupées sous cette appellation. Quant aux Krous, supposés originaires du Liberia, cette information n’est pas nouvelle si l’on se réfère à l’histoire enseignée dans les écoles en Côte d’Ivoire.
En effet, la question des migrations en Afrique et du peuplement de l’Afrique subsaharienne est complexe et remonte à des millénaires. Ces déplacements ont été influencés par des facteurs divers tels que le climat, l’économie, la politique, etc. L’Égypte et l’Éthiopie ont joué un rôle majeur dans certaines de ces migrations. À cet égard, des théories avancent que plusieurs peuples d’Afrique subsaharienne, dont les Malinkés et les Krous, auraient des origines en Égypte et en Éthiopie. D’ailleurs, le savant Cheikh Anta Diop souligne l’unité culturelle de l’Afrique noire, en montrant que les peuples noirs partagent des éléments culturels communs. Il défend vigoureusement cette thèse dans son ouvrage intitulé L’unité culturelle de l’Afrique noire. De même, le livre Origine commune de l’égyptien ancien, du copte et des langues négro-africaines modernes, du professeur Théophile Obenga, démontre que toutes les langues africaines proviennent d’une origine commune.
D’après l’écrivain Traoré Adama, qui s’appuie sur une étude de Théophile Obenga, toutes les langues de Côte d’Ivoire appartiennent à la sous-famille linguistique nigéro-kordofanienne, laquelle est l’une des cinq sous-familles de la famille linguistique négro-égyptienne (égyptien, couchitique, tchadique, nilo-saharien et nigéro-kordofanien). La Côte d’Ivoire compte trois groupes linguistiques : Gur, Mandé et Kwa. Le Bété et le Baoulé, par exemple, appartiennent au groupe Kwa.
Il va de soi que le débat actuel n’a pas lieu d’être pour ceux qui se consacrent à l’histoire de l’Afrique, le berceau de l’humanité et de la civilisation. En fait, la question des identités ne doit pas se limiter à des revendications superficielles. Elle doit nous pousser à une réflexion plus profonde sur nos racines communes et sur la manière dont l’histoire a transformé nos sociétés. Nous devons déconstruire les mythes et les divisions qui perdurent pour découvrir que l’Afrique, au-delà de ses divergences apparentes, forme un ensemble uni. Les Noirs partagent une histoire commune et riche, marquée par une culture qui a contribué à l’émergence de plusieurs grandes civilisations. Ignorer cette réalité, c’est affaiblir notre capacité à nous comprendre et à nous unifier face aux défis contemporains. À travers une vision plus inclusive, nous pouvons entretenir la flamme de l’unité africaine et offrir aux générations futures un avenir meilleur.
A.I.
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