Ivoiriennes, Ivoiriens et chers Amis !
Comme il se présente que toutes les formations politiques de Côte d’Ivoire sont déjà entrées en campagne pour l’élection présidentielle d’octobre 2025, c’est avec impatience que nous attendons de découvrir les programmes de gouvernement qui traduiront les projets de société qui sont la vision que tout présidentiable construit pour son pays, dans le présent, et surtout l’avenir.
Le monde a connu de grands changements dans toutes ses divisions depuis trois décennies, et elles ont même pris un rythme de grande accélération depuis les années 2020 ;
Il importe donc que tous les états majors politiques aient à cœur de les recenser dans leur totalité, et de bien isoler ce qui impacte le plus directement l’AfriqueNoire et la Côte d’Ivoire, et, dans les propositions aux électeurs, il conviendra d’insister sur ce qui est structurel et entraîne l’ensemble de l’attelage national. Quand bien même l’on concède que, et que tout parti politique sera peut-être enclin à mettre en avant, pour son marketing à la recherche du maximum de bulletins de vote, les propositions en apparences spectaculaires.
Les partis politiques sont attendus sur l’immense tour de Babel du système éducatif et de formation édifice qui s’est effondré depuis de longues années, sans que des voix fortes aient eu le courage d’interpeller tout le monde, et pour lequel il a fait défaut une vraie volonté politique de sursaut.
Les Ivoiriens appellent également de tous leurs vœux la “Nouvelle Politique Économique” qui assurera à notre pays, à forte vocation agricole, que toutes les familles puissent avoir les moyens de s’assurer au moins un repas décent chaque jour de l’année, de telle sorte que les chiffres flatteurs de croissance du PIB reposent effectivement sur un ensemble de productions dans l’artisanat, l’industrie, l’agriculture, les transports, le tourisme et l’hôtellerie où la présence majoritaire de patrons ivoiriens assurera une offre d’emplois effective et en hausse constante aux millions de jeunes aujourd’hui résignés à l’inactivité.
Nous n’allons pas prétendre aborder ce jour tous les sujets qui font les maux de la nation ivoirienne aujourd’hui.
Mais risquons seulement d’interpeller les états-majors de tous ceux qui se porteront candidats à gouverner la Côte d’Ivoire début 2026 que toutes les grandes actions qui auront pour objectif de remettre la Côte d’Ivoire sur de nouveaux sillons doivent commencer par la nouvelle vision à porter sur notre espace territorial et son organisation.
La Côte d’Ivoire de 2025 est restée figée dans les moules que les administrateurs de la France d’Outre Mer avaient coulé en 1893, il y a bien plus d’un siècle, lorsqu’ils avaient annexé un territoire qui présentait tous les atouts d’une colonie d’exploitation pour l’agriculture et l’agroforesterie. Ce territoire offrait en sa partie sud une longue façade maritime, et pour la France et ses administrateursdes colonies, y assurer un ou deux ports d’accès permanent, où accosteraient les navires marchands venus charger et acheminer vers la Métropole tous les produits de traite, cultivés ou récoltés, constituait l’échine de toute politique territoriale.
C’est ainsi que Assinie, Bassam, Bingerville furent les chefs lieux de la colonie de Côte d’Ivoire, et que Abidjan s’imposa finalement, car cadrant avec les grands choix d’investissement en infrastructures que furent le canal de Vridi et le chemin de fer Abidjan/Niger.
Lorsque le destin de la Côte d’Ivoire échut en les mains de ses propres ressortissants après l’indépendance en 1960, et même s’il n’y a plus à démontrer que les grandes décisions demeuraient toujours sous l’aune des intérêts de l’état français, les Ivoiriens n’ont jamais réellement pris la décision de revisiter leur espace géographique pour le redessiner non plus pour et vers la France, mais en interne, pour eux-mêmes, pour leurs populations, pour leurs besoins propres et leur économie.
Les Ministères du Plan et autres autorités officiellement dédiées à cet objectifdurent certainement se convaincre de ce que l’existant établi par le maître et colonisateur d’hier relevait définitivement de l’acquis.
C’est ce qu’illustre le simple constat qu’à ce jour, le grand Abidjan, ses 13 communes et les aires adjacentes hébergent pas loin de 10 millions d’individus, soit le tiers de la population de tout le pays. Et c’est à l’Intérieur de cette megapolis qu’il y a de 70% à 80% des industries, banques, assurances, hôtels, hôpitaux et cliniques de niveau international, université et grandes écoles, centres commerciaux, cinémas ou espaces culturels, etc…
Aucun pays au monde ne peut espérer atteindre un niveau de développement satisfaisant si l’on n’y créé pas un certain nombre d’entités et d’espaces séparésqui arrivent à assurer à leurs populations la totalité de tout ce qui fait la vie et l’activité humaine dans toute société humaine.
Pour nous résumer, une Côte d’Ivoire où l’on aura le grand Abidjan comme pôle unique d’animation et d’activité, et auquel toutes les autres régions du pays seront condamnées à se référer et adresser pour tout, ne connaîtra jamais un développement épanoui de ses populations et de sa vie économique et sociale, car dès le départ, elle portera comme une cravate ou un nœud coulant qui lui raréfieront progressivement tout souffle et toute énergie.
Un véritable avenir de développement rationnel et bien pesé de notre pays devrait nous projetter, dans 2 ou 3 décennies, un pays où 5 à 6 grandes zones bien délimitées arrivent à constituer des pôles de vie et d’activité économique,sociale et culturelle tout à fait autonomes, comme tous les pays aujourd’hui avancés en développement l’ont compris et appliqué depuis les années 1950 /1960.
Les pays d’Afrique Noire qui connurent un siècle ou plus de colonisation française partirent avec la lourde tare de la culture historique du jacobinisme français où tout devait aboutir ou être décidé à Paris.
Que ce soit pour le Sénégal , la Guinée , le Soudan puis Mali , la Haute Volta désormais Burkina, le Niger , la Centrafrique , la Côte d’Ivoire , le Togo, le Dahomey, etc… , la première étape , pour les explorateurs puis administrateurs français , était de repérer un site leur assurant le maximum de moyens de conduire leur mission qui était de veiller à ce que l’espace territorial soit pacifié et sécurisé , et qu’il soit en même temps le mieux placé pour le transport et le commerce des produits destinés à l’exportation vers la métropole .
Comme, dès le départ, en raison de considérations climatiques et sanitaires ces territoires n’étaient pas éligibles à être des terres à peuplement français, nul n’était besoin d’aller chercher plus loin.
Cela a pénalisé la quasi-totalité des pays ex colonie française, et certains plus lourdement que la moyenne. Dont la Côte d’Ivoire, où plus de 60 ans après les indépendances, l’on n’arrive même pas encore à faire de ce sujet une priorité nationale.
Mais s’il y avait au Nord 3 à 5 grandes entités étatiques avec à leur tête des gouvernorats liés à une feuille de route stricte sur les actions précises à engager,en ordre suivi, pour qu’au bout de 10 ans, chacune de Ces régions présente un nouveau visage à la Côte d’Ivoire, il est sûr que les cadres de ces régions sauront comment procéder et décider pour atteindre cette véritable métamorphose. Et ces régions commenceront à se construire avec le retour massif de leurs filles et fils depuis les régions d’Abidjan et du Sud ; bien formé encadrés et financés, ils excelleront dans l’entreprenariat de base ou artisanal, et les meilleurs et les plus ambitieux développeront leurs activités surtout le pays, et même à l’extérieur.
La cerise sur le gâteau, que je garde pour la fin, est que cette formule sonnera le commencement de la fin des crises politiques en Côte d’Ivoire.
S’il est commun de dire que ce sont les élections qui génèrent toujours les crises socio-politiques et les conflits armés, il faudrait compléter le propos en reconnaissant qu’il ya toujours trois grandes forces sociales et ethniques en présence, celle du Nord : RDR/RHDP, celle du centre Ouest et de l’Ouest le FPI /PPA-CI, et celle au Sud et de l’Est : le PDCI /RDA.
Les militants et partisans les plus engagés et prêts à monter au combat, au service de chacun des leaders, sont presque toujours des originaires de leur ethnie et région, et leur véritable crédo est qu’ils se battent pour qu’en cas de victoire à la présidentielle leur région récolte du maximum de l’état, en nominations, en investissements et autres.
Un état de type fédéral videra ce genre de cause de tout contenu.
Pour l’année électorale 2025, tous les partis politiques qui s’aligneront doivent à la Côte d’Ivoire et aux Ivoiriennes Ivoiriens d’intégrer la problématique de la structure d’état dans leur projet de société.
Que la Côte d’Ivoire connaisse une année 2025 apaisée !
Fait à Abidjan, le 5/02/2025
Le Ministre Kobena I. Anaky
Président du MFA
Retrouvez La Chronique du Président Kobena I. Anaky tous les mercredis sur www.ladepechedabidjan.info
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