Depuis des siècles, le peuple africain est pris dans les filets du christianisme, une religion née hors de son sol et qui lui a été imposée par le sang, les chaînes et le feu. Pourtant, nombre de Noirs, aujourd’hui encore, persistent à s’y attacher avec une ferveur naïve, au détriment de leurs croyances ancestrales. Ils ignorent, ou refusent de savoir, que cette religion étrangère est historiquement liée à leur oppression.
Alors que l’idée d’un pape noir continue de susciter espoir et fascination chez de nombreux fidèles africains, une réflexion critique sur l’héritage du christianisme en Afrique s’impose. Au-delà de la foi, c’est une histoire de domination, de spoliation culturelle et de colonisation spirituelle qui doit être interrogée.
L’illusion d’un Pape noir
Certains Noirs nourrissent l’espoir qu’un jour, un pape noir soit élu. Mais cette aspiration est un leurre. Les seuls papes « africains » de l’histoire étaient des Berbères romanisés, non des Subsahariens. Aujourd’hui encore, malgré la vitalité du catholicisme en Afrique et le nombre croissant de vocations, le pouvoir au sein du Vatican reste concentré entre les mains d’une élite blanche. Certes, l’Afrique compte plusieurs cardinaux noirs et les églises sont pleines, mais la représentativité ne suffit pas à éradiquer le racisme qui gangrène l’institution. Ces figures servent de caution à une diversité de façade, sans jamais remettre en cause la confiscation du trône opérée au cœur même de l’institution. Tant que cette mainmise, forgée par des siècles d’histoire coloniale, ne sera pas remise en question, la perspective d’un pape noir restera une illusion, sans portée réelle.
En réalité, l’Église catholique n’a jamais opéré de véritable rupture avec son passé raciste. Elle se contente d’adapter son discours tout en conservant le pouvoir. L’évocation d’un pape noir relève davantage du marketing spirituel que d’une volonté de changement.
De plus, de nombreux prêtres africains en Europe témoignent encore aujourd’hui d’actes de racisme, de marginalisation ou de condescendance au sein de l’Église.
La malédiction de Cham : un mythe au service de la servitude
Nombre de chrétiens noirs ignorent la fameuse malédiction de Cham, l’un des fondements bibliques du racisme anti-Noir. Selon ce mythe, Cham, fils de Noé, aurait été maudit, et sa descendance condamnée à une servitude éternelle. L’interprétation raciste de ce récit, largement diffusée par des théologiens européens, arabes et juifs pendant des siècles, a servi à justifier la traite négrière, l’esclavage et la colonisation des Noirs, supposément « maudits par Dieu ». Cette lecture biaisée des textes bibliques a légitimé la déshumanisation des peuples africains, au nom même de Dieu.
Une spiritualité dénaturée et usurpée
En outre, ce que beaucoup ne savent pas, c’est que les bases mêmes du christianisme sont un plagiat des traditions spirituelles africaines, notamment de la mythologie égyptienne noire. Isis, Horus et Osiris forment une trinité bien antérieure à celle du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Le culte d’un fils né d’une vierge, ressuscité après trois jours, loin d’être une invention chrétienne, reprend des récits africains anciens.
Jésus-Christ : une figure mythique aux traits européens
Le Jésus-Christ que tant de Noirs prient chaque jour n’est pas un personnage historique avéré. Il s’agit d’une représentation mythologique, conçue au fil des siècles pour répondre aux besoins idéologiques de l’Église.
Son image, surtout, celle d’un homme blanc aux yeux bleus et cheveux clairs, est une arme de colonisation mentale. En priant un dieu blanc, les Noirs s’agenouillent devant l’icône de leur ancien bourreau. Ils perpétuent une soumission spirituelle et culturelle qui les empêche de retrouver leurs racines.
Retrouver ses racines
À la lumière de tout ce qui précède, il devient évident que les Noirs ne devraient pas revendiquer ce qui ne leur appartient pas. Le christianisme, bien qu’étant mondialisé, et l’Église catholique, bien qu’elle se veuille une institution religieuse universelle, restent des produits de la civilisation européenne, forgés et imposés à l’Afrique à travers des siècles de violence et de domination coloniales. En dépit de la ferveur et de la croyance sincères de nombreux fidèles africains, il est essentiel de comprendre que cette religion ne contribue pas à l’émancipation et au bien-être spirituel du peuple noir, mais sert à l’assujettir.
Les Noirs doivent prendre conscience du fait que le christianisme a été un instrument historique de leur oppression. L’idée d’un pape noir n’est qu’une illusion. La hiérarchie de l’Église catholique demeure dominée par une élite blanche qui ne permettra jamais aux Noirs de prendre les rênes de ce qu’elle considère comme le socle même de la civilisation occidentale. Les Noirs, malgré leur présence croissante dans les rangs de l’Église, resteront toujours à la périphérie de ce pouvoir.
Il est grand temps pour eux de s’affranchir de cette soumission spirituelle et culturelle, de se réapproprier leur histoire et leur spiritualité ancestrale. L’Afrique, berceau de la civilisation, doit retrouver ses racines et ses traditions spirituelles, longtemps marginalisées et ignorées, afin de sortir de l’ombre de l’aliénation religieuse et culturelle et de rétablir son identité spirituelle.
Axel Illary