• mer. Juin 18th, 2025

    La Liberté d'Informer

    Alors que des peuples opprimés dans l’histoire ont farouchement lutté pour leur émancipation, le peuple noir, lui, a intériorisé sa soumission. Il vit toujours à l’ombre de ses anciens oppresseurs et continue d’adopter leurs croyances, leurs modèles et leurs valeurs, en rejetant ses propres traditions.

    Des siècles de traite négrière, d’esclavage et de colonisation ont laissé des cicatrices profondes. Mais au lieu de tirer les leçons de ce passé douloureux pour susciter un éveil, l’Afrique et sa diaspora affichent une attitude de résignation. La mémoire de l’oppression reste vive, cependant, les réponses pour y remédier demeurent timides, rares, voire absentes.

    Le paradoxe spirituel

    L’un des symptômes les plus visibles de cette aliénation est la ferveur religieuse avec laquelle le peuple noir adhère encore aux croyances imposées par ceux-là mêmes qui l’ont déshumanisé. Le christianisme et l’islam, amplement diffusés durant la traite négrière, l’esclavage et la colonisation, continuent de structurer la vie spirituelle de millions d’Africains. Ces religions ont été des vecteurs d’assimilation, d’effacement culturel et de justification morale de l’oppression.

    L’enthousiasme suscité récemment par l’élection du nouveau pape au sein de la communauté noire, alors même que l’Église catholique a historiquement légitimé l’esclavage et accompagné la colonisation, est frappant. Plutôt que de questionner ces institutions, une grande partie du peuple noir continue d’y chercher réconfort et repères, au détriment de sa propre spiritualité, réduite à des pratiques folkloriques ou diabolisées.

    Des instruments de libération ignorés

    Pourtant, les outils de libération existent. La Charte de la Renaissance Culturelle Africaine, adoptée par les chefs d’État du continent en 2006 au Soudan, recommande une réappropriation du patrimoine culturel africain. Mais ce texte reste enterré dans les tiroirs de l’indifférence politique. Il aurait pu être un manifeste d’émancipation, mais il n’est qu’une déclaration sans effet pour l’heure, faute de volonté réelle de mise en œuvre.

    Il en va de même pour l’Histoire générale de l’Afrique, une œuvre monumentale conçue pour restituer au continent sa dignité. Son introduction dans le système éducatif dérange possiblement certains dirigeants africains, plus soucieux de préserver l’ordre établi que de réveiller les consciences, car l’histoire est une arme de libération qui permet de comprendre le monde et de rompre avec les chaînes de l’oppression.

    Une libération qui ne viendra pas de l’extérieur

    Rien ne changera tant que le peuple noir n’opérera pas une révolution intérieure. En effet, comme l’a dit Thomas Sankara : « L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. Cet esclave répondra seul de son malheur s’il se fait des illusions sur la condescendance suspecte d’un maître qui prétend l’affranchir. Seule la lutte libère. »

    L’émancipation ne viendra ni des capitales occidentales, ni des capitales arabes, ni des institutions religieuses étrangères. Elle repose sur la détermination des Noirs à s’affranchir de l’hégémonie impérialiste. Cela implique de valoriser les systèmes de pensée africains, de transmettre les savoirs autochtones, de redonner leur place aux langues africaines et, surtout, de se défaire du complexe d’infériorité qui ronge les esprits. 

    Il ne sert à rien de dénoncer le racisme ou l’impérialisme tout en continuant à reproduire les schémas culturels et spirituels des oppresseurs, parce que si l’oppression physique appartient au passé, l’aliénation mentale, elle, demeure tristement actuelle.

    Axel Illary

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