Après l’euphorie de son retour : Ce que les Ivoiriens attendent de Ouattara

Evacué d’urgence en France pour des raisons de santé, le chef de l’Etat a laissé, un mois durant, un pays qui peine à retrouver ses repères. Une situation aggravée par l’absence inattendue du chef, sources de rumeurs, d’appétit sournois pour le pouvoir d’Etat, de guerre de positionnement et d’angoisse pour les populations face à l’incertitude qui présageait. Et ceci, dans tous les domaines de la vie et de la marche du pays.

L’épineuse question de la réconciliation nationale

L’un des maillons faibles de la politique du pouvoir Ouattara, c’est l’approche politique. Comment parvenir à recoller les morceaux du tissu national déchiré à la faveur de la crise ? A l’analyse, les dirigeants actuels n’en font pas une priorité. Ils trouvent commode un pays dont une partie de la population est mécontente parce que certains de ses cadres sont illégalement et abusivement en prison pendant que l’autre partie se la coule douce. Les avoirs de nombreuses personnalités de l’opposition demeurent encore gelés et plusieurs ivoiriens sont contraints à l’exil en violation flagrante de la Constitution qui proscrit la contrainte à l’exil des citoyens. Sur le plan purement politique, l’opposition vit encore dans la terreur. Elle subit une véritable inquisition quand elle veut s’exprimer. A chacune de ses sorties publiques, elle est l’objet de brimades et d’interrogatoire musclé de la part de la police, la gendarmerie et du corps préfectoral. Un tel environnement n’est pas propice dans un pays qui veut sortir des stigmates d’une grave crise.

L’organisation d’élections crédibles

Les élections, en général, sont sources de division et de fracture dans les pays africains, notamment. La raison fondamentale, c’est que ces élections sont organisées dans des conditions floues et inéquitables. Or la Côte d’Ivoire, après les moments malheureux qu’elle a connus, aspire désormais au changement de ses institutions par la voie pacifique. Pour arriver à cette fin, un certain nombre de conditions se doivent. Il faut très rapidement reformer la Commission Electorale Indépendante de façon consensuelle et en changer le président qui est totalement disqualifié en raison du jeu malsain qu’il a joué lors des joutes de 2010. Ensuite, il urge de faire le recensement électoral, pour produire une liste électorale acceptée de tous. Parallèlement, il faut rétablir la sécurité sur l’ensemble du territoire national en vue de favoriser la sérénité du climat électoral. Ce sont ces conditions minimales que les ivoiriens attendent du pouvoir Ouattara.

L’économie au ralenti
Depuis l’avènement du pouvoir Ouattara, on assiste plutôt à la propagande qu’à la mise en place d’une politique économique cohérente et capable d’assurer le redécollage du pays. La multiplication des colloques et autres foras internationaux n’ont pas jusque là permis d’alourdir le panier de la ménagère ou encore de permettre la circulation monétaire, véritable gage de la bonne santé d’une économie nationale. Et pourtant, tant que l’ivoirien, dont le pouvoir d’achat ne cesse de se dégrader en raison de la hausse des prix des denrées de première nécessité, n’arrivera pas à se nourrir à sa faim, tous les discours propagandistes demeurent vains.

Les remous sociaux

Plusieurs catégories de fonctionnaires sont frustrées par la ségrégation salariale instaurée par le régime Ouattara qui a pourtant déclaré de façon pimpante qu’il augmentait les salaires desdits fonctionnaires. A cette situation pour laquelle les agents de l’Etat n’ont pas encore dit leur dernier mot, il faut ajouter le regain de tension au Temple du Savoir. Les Universités publiques ivoiriennes, en effet, sont, depuis quelques semaines, traversées par une crise et des faits d’une rare violence. Une situation créée de toutes pièces par le ministre Cissé Bacongo qui s’est hasardé à vouloir dissoudre la FESCI et toutes les organisations estudiantines, contre toute logique et opportunité. La police universitaire qu’il a instaurée dans cet univers de la réflexion, pose problème. Il devra résoudre la question de la sécurité sur l’espace universitaire en vue de permettre la reprise des cours dans une atmosphère de quiétude.
Les problèmes sont innombrables et les tenants du pouvoir devraient se rendre à l’essentiel, au lieu d’habituer les Ivoirien au folklore et à la propagande.

Hervé Gobou
rvgobou@yahoo.fr
InLe Figaro d`Abidjan

Wed, 05 Mar 2014 09:21:00 +0100

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