Côte d’Ivoire – Anaky Kobéna : « Alassane Ouattara n’a pas la fibre patriotique – La Nation ivoirienne est en danger »

Dans un ouvrage de 210 pages publié par les Éditions L’Harmattan à Paris, Innocent Anaky Kobéna, l’ancien ministre ivoirien des transports et fondateur du Mouvement des Forces de l’Avenir (MFA), dresse un diagnostic sévère et implacable de la gouvernance d’Alassane Ouattara. Le titre du livre lui-même annonce la couleur : « Alassane Ouattara contre la Nation ivoirienne ». C’est un ouvrage critique qui met en lumière les pratiques de l’actuel président ivoirien.

Lors de la conférence de presse qu’il a tenue vendredi 20 octobre 2023 à Paris, l’auteur a fait une révélation marquante pour illustrer le manque de patriotisme du président ivoirien. Anaky Kobéna a raconté qu’à l’époque où Alassane Ouattara était fonctionnaire au FMI pour le compte de la Haute Volta, il avait refusé le poste de ministre de l’économie que lui proposait le capitaine Thomas Sankara au motif que le salaire qui lui était proposé était insignifiant par rapport à ce qu’il gagnait en tant que fonctionnaire international. Selon le fondateur du MFA, cette anecdote soulève des questions sur le patriotisme d’Alassane Ouattara pour qui l’idée ou l’idéal de nation n’existe pas.

D’après l’auteur, les médias occidentaux estiment que la gouvernance d’Alassane Ouattara est satisfaisante, mais la réalité sur le terrain est différente. Dans son livre, il aborde des points qui, à son avis, sont révélateurs, notamment la question du développement économique en Côte d’Ivoire sous le règne de l’ancien DGA du FMI. « Aujourd’hui en Côte d’Ivoire, on nous dit que nous avons la chance d’avoir un chef d’État qui, en matière de développement économique, est une lumière, une espèce de sphinx et de phare qu’on n’a vu nulle part ailleurs et qui, avant de se retrouver à la tête de la Côte d’Ivoire, a eu à redresser l’économie de plusieurs pays, pas seulement en Afrique, mais aussi en Europe, en Asie, etc.», confie l’ancien ministre. « Cependant, depuis 13 ans qu’il est au pouvoir, combien d’entreprises a-t-il créées pour employer des Ivoiriens ? », interroge ensuite Anaky Kobéna, qui assure que « la Côte d’Ivoire, dans l’esprit d’Alassane Ouattara, n’est pas une nation. C’est un espace libre ou désert dans lequel on peut faire ce qu’on veut, comme si ceux qui étaient là n’avaient pas une âme chevillée par rapport à cette terre et chevillée par rapport à leurs ancêtres et à l’histoire de ces ancêtres depuis les temps immémoriaux jusqu’à maintenant. » 

Pour le fondateur du MFA, « Il faut se demander si quelque part, il n’y a pas un danger pour la Côte d’Ivoire. » Car « Alassane Ouattara n’a pas grandi dans le pays, il ne connaît pas les gens du pays et les gens du pays ne l’intéressent pas. Ceux qui l’intéressent, ce sont le petit nombre qu’il a repéré et qui sont au service exclusif de sa seule personne. »

À en croire Anaky Kobéna, le terme « Côte d’Ivoire » n’évoque rien pour l’actuel président ivoirien qui voit ce pays comme une opportunité économique personnelle, plutôt que comme une nation dont il se soucie. « Il est à la tête d’un pays favorisé par la nature. Et il se dit qu’il doit faire prospérer le pays, mais par rapport à la manière dont il voit le monde. Il aime la Côte d’Ivoire, elle est juteuse, elle peut lui permettre de réaliser ce qu’il veut, mais il n’a rien à cirer des Ivoiriens. On ne peut pas concevoir que la majorité des proches collaborateurs du président soient des personnes qui ont certes des qualités, mais qui ne sont pas forcément des Ivoiriens du cru. La chose aurait pu se justifier si, au niveau des Ivoiriens du cru, il y avait pénurie. Or c’est vraiment loin d’être le cas. C’est donc dire que quelque part, pour cette personne, la vision par rapport à la Côte d’Ivoire est quelque chose d’autre », soutient l’ancien ministre qui poursuit : « On dit qu’en Côte d’Ivoire, nous avons une population de 26 à 27 millions, voire 30 millions d’âmes. Mais parmi ces habitants, le nombre de ceux qui peuvent être considérés comme des Ivoiriens de souche atteint difficilement 50%. Si dans ces conditions, on laisse Alassane Ouattara continuer dans la logique qu’il est en train d’insérer, on ne reconnaîtra plus la Côte d’Ivoire. Je voudrais partager avec vous le vrai problème que nous avons aujourd’hui, afin que nous puissions, par tous les moyens possibles et envisageables, faire en sorte qu’en 2025, lui ou tous ceux qui se réclament de lui et de son système soient jetés, et mon terme est doux. Car ce n’est pas du tout rassurant. Pour 2025, nous devons les freiner et les battre, parce qu’ils ne représentent pas la majorité en Côte d’Ivoire. Nous ne devons pas accepter que ces fraudes qui ont été massives sur l’État civil ivoirien soient une espèce de damnation qui pèse sur les Ivoiriens le reste de leur vie et sur le reste de l’existence de leur pays, car même si la plupart ne le réalisent pas, ce qu’on appelle la « Nation ivoirienne » est en danger. »

Selon l’auteur de « Alassane Ouattara contre la Nation ivoirienne »,  « aujourd’hui, le mythe qui a été le sien, à savoir qu’il était un homme providentiel, s’est effondré au niveau de ceux qui étaient ses disciples au départ. » Il conclut en affirmant que si la Côte d’Ivoire parvient à établir un registre des populations clair et une liste électorale fiable, ni Alassane Ouattara ni son parti ne peuvent gagner les élections en 2025. 

Axel Illary

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