Divulguer des informations d’intérêt général et les partager est désormais passible de censure au Burkina Faso. Le Conseil supérieur de la communication (CSC), l’organe de régulation des médias, a informé via un communiqué du 27 avril, avoir suspendu la diffusion des programmes de la chaîne TV5 Monde pour deux semaines. Le portail d’information en ligne du média aussi est désormais hors d’accès jusqu’à nouvel ordre. Les autorités lui reproche d’avoir relayé le rapport de l’ONG Human Rights Watch (HRW), concernant l’exécution présumée d’au moins 223 civils dont au moins 56 enfants, dans deux villages le 25 février par l’armée.
Les sites web des médias Deutsche Welle, The Guardian, Ouest-France, et Le Monde, de l’Agence de Presse Africaine et de l’agence Ecofin sont également hors d’accès jusqu’à nouvel ordre pour avoir aussi diffusé le contenu du rapport de l’ONG de défense des droits humains. Deux jours auparavant, pour les mêmes raisons, les chaînes de télévision BBC et Voice of America ont été suspendues par la junte au pouvoir. Ce sont donc désormais 13 médias qui ne sont plus accessibles dans le pays.
“Cela fait près d’une dizaine de suspensions de médias en 48 heures. Un nombre effarant qui montre jusqu’où les autorités peuvent aller dans la violation du droit à l’information. RSF dénonce des décisions graves et abusives et rappelle aux autorités que la diffusion d’informations d’intérêt général sur la situation sécuritaire du pays ne doit pas être le prétexte aux pires attaques enregistrées contre les médias ces derniers mois. Nous les appelons à annuler ces décisions et à lever immédiatement le blocage de l’accès aux sites Internet de tous les médias ciblés, afin de permettre aux populations d’accéder à une information plurielle.”
Sadibou Marong,
Directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF
En novembre 2023, une nouvelle loi inquiétante a complètement réformé la régulation des médias, qui permet au chef de l’État de nommer lui-même le président du CSC.
…mais aussi locale
La presse burkinabè, qui oscille entre répression médiatique et asphyxie économique, n’est pas en reste. L’armée a ainsi réquisitionné deux journalistes critiques du pouvoir pour la lutte contre le terrorisme en novembre 2023, alors que la radio Oméga a vu son signal coupé par les autorités durant 30 jours à partir du 10 août 2023 pour avoir diffusé l’interview d’un opposant à la junte nigérienne. Dernièrement, les locaux du groupe de presse Savane, dont la radio Savane FM est la plus écoutée du pays, ont été mis sous scellés pour impayés d’impôts le 24 avril. Une fermeture regrettée par les organisations professionnelles des médias.
Le Burkina Faso occupe la 58e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2023.
REPORTERS SANS FRONTIÈRES/ REPORTERS WITHOUT BORDERS
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