Côte d’Ivoire : Président Alassane Ouattara… à quand le surendettement qui nous enrichira ?

Ivoiriennes,  Ivoiriens,  chers Amis !

Nous constatons tous que, toutes les volontés et énergies dans la Côte d’Ivoire de post CAN 3 sont férocement braquées sur l’élection présidentielle de octobre 2025 ;
Nous avons encore plus de dix-huit mois,  soit un an et demi, avant de nous rendre au bureau de vote ; mais il est hélas désormais admis et consacré qu’en Côte d’Ivoire,  l’on ne vit que pour et par les élections,  et principalement la présidentielle.
Tous les nombreux autres sujets dont la gestion impacte fortement la vie du pays et de tous au quotidien ne suscitent qu’intérêt léger et volatile,  “biodégradable” même.

Mais vous vous doutez bien,  Ivoiriennes et Ivoiriens,  que le préconditionnement de notre conscience collective aux seules élections doit être refusé et rejeté par nous tous,  tant il est évident qu’il ne profite qu’à une minorité qui peut ainsi régner et dévorer en toute quiétude.

Ils sont donc à saluer, les parlementaires de l’opposition,  PDCI-RDA et PPA-CI,  avec leurs alliés et des indépendants, qui viennent de faire monter au podium la grande question de la politique d’endettement de la Côte d’Ivoire sous la gouvernance du Président Alassane Ouattara.

Le groupe parlementaire PDCI a signé,  le 26 mars 2024, une présentation exhaustive de l’ensemble du sujet,  assortie de propositions de mesures à adopter dès maintenant pour mettre un frein à la tendance évidente au surendettement, et s’assurer qu’une partie des milliards de francs CFA empruntés – et donc à rembourser avec intérêts – renforcera l’économie nationale dans ses structures et accélérera la promotion d’entrepreneurs nationaux. Il s’agit, de mettre enfin en place une politique nationale d’endettement.

Le Sénat et l’Assemblée Nationale, qui votent les impôts et les taxes qui font le budget de l’état, en seront les surveillants et sonneurs d’alarme, à l’affût de la moindre dérive du Chef de l’État et du gouvernement qui auront ainsi une feuille de route claire et nette dans la gestion des ressources du pays; à terme,  et pour revenir à la normale en vigueur dans la plupart des pays modernes,  l’endettement ou l’emprunt ne doivent être que l’exception,  la norme étant que l’état puisse équilibrer ses dépenses par des recettes générées par son économie.

En 2024, la Côte d’Ivoire paiera au total 4796 milliards de francs CFA pour le service de sa dette ; dans la même année 2024, l’État ivoirien recevra en ses caisses 6321 milliards de francs CFA,  tout compris.
Consacrer 76% des fonds reçus au service de la dette ne rassure pas le bon sens commun,  et n’apaise personne,  surtout lorsque c’est sur trois années que ce gouffre s’est creusé.

Les explications du gouvernement,  qui ne remet pas en cause ces chiffres,  nous font valoir que c’est parce que la Côte d’Ivoire satisfait à tous les critères d’élection au crédit et que son Président bénéficie d’un leadership international exceptionnel que les milieux financiers nous accordent des concours presqu’au delà de nos demandes.

La cause paraît si évidente,  et même aller de soi, que le Président Alassane Ouattara lui-même,  le premier en cause et concerné par le sujet,  ne daigne même pas en parler !
Il a peut-être raison d’observer ce mutisme quelque peu hautain vis-à-vis de ces millions d’Ivoiriennes et Ivoiriens hermétiques aux règles élémentaires de la finance internationale version FMI, Banque Mondiale et Banques Centrales.

Oui, de nos jours,  ne pas équilibrer le budget annuel d’un État,  en recettes et dépenses,  ne condamne pas à l’enfer ; et le monde entier vient d’apprendre qu’une puissance telle que la France a conclu ses budgets en déficit ces 50 dernières années sans discontinuer.  Et sans que cela porte atteinte à son statut de puissance mondiale siégeant au conseil de Sécurité de l’ONU et de voix essentielle dans l’Union Européenne.

La première superpuissance que sont les États-Unis d’Amérique évolue dans les mêmes eaux,  et donnent droit chaque année au minisuspense du << shutdown >> , où sur quelques jours,  l’administration fédérale frôle la menace de l’arrêt total d’activités pour les mêmes soucis d’équilibre.
Et l’on sait que la Chine,  la première usine mondiale et premier créancier des États-Unis,  ne demandera jamais que l’équivalent or de ses devises en dollars lui soit versé puisque cela reviendrait à tuer son premier client,  et donc sa première source de revenus.

Quand est-ce que le Président Alassane Ouattara daignera faire aux Ivoiriennes et Ivoiriens une adresse sur ce sujet capital de l’endettement du pays ?

Nous ne sommes plus en politique ou dans des danses de partis politiques,  mais dans l’arrière cour cuisine de la Côte d’Ivoire.  L’endettement en spirale continue,  dérange et inquiète,  et lui qui en est l’initiateur se doit d’éclairer le pays sur ses mobiles et motivations.

Pour notre modeste part,  nous pensons que l’unique et sain endettement possible pour la Côte d’Ivoire est celui,  et sans aucune considération ou limite pour les centaines ou milliers de milliards de francs CFA en jeu, l’endettement pour bâtir le futur grand pays industriel et agro-pastoral de la région centrale de l’Afrique de l’Ouest. Pour l’agriculture et l’élevage,  les grands partenaires mondiaux prêts à répondre à notre appel sont au Brésil,  en Argentine,  au Canada,  en Australie et Nouvelle-Zélande,  etc, etc…
Pour l’industrie,  traditionnelle et de pointe,  toutes les grandes régions industrielles présentement pionnières et au premier rang mondial dans leur spécificité seraient heureuses d’avoir pied au centre de la grande région Ouest africaine que ses richesses naturelles, ses ressources humaines et son dynamisme démographique désignent comme l’un des pôles de repère du monde de demain.

Chinois, Coréens, Indiens, Américains et Canadiens,  Union Européenne, Europe du Nord et de l’Est,  Ukraine, Égypte,  etc, tous sont prêts à répondre à l’appel… Et cet envol gonflera et emportera haut l’énorme potentiel touristique que nous avons.
Cet appel est que le gouvernement de Côte d’Ivoire encadre et organise ses entrepreneurs,  déjà nombreux et qualifiés,  à passer à la vitesse supérieure du partenariat international,  si leur part de capital est assurée par des banques sur des fonds de l’état constitués par l’endettement à l’extérieur.

Devoir rembourser 10 milliards CFA pour un beau complexe sportif ou une belle rocade,  c’est bien et nécessaire; mais rembourser 10 milliards CFA pour 2 ou 3 complexes sis en zone industrielle de Bouake,  Korhogo ou Odienne,  totalisant déjà chacun 100 à 300 emplois fixes,  par exemple,  est beaucoup plus rentable et porteur,  et plus simplement empreint du bon sens qui fait l’économe ou le bon gérant.

Que, pour une fois, les voix des parlementaires de l’opposition montent jusqu’au Président Ouattara, et qu’il accepte de constituer la commission qui, dans trois mois,  lui remettra l’ébauche du texte fondateur d’une politique nationale de l’endettement en notre pays.
Et que, pour les concours extérieurs à venir,  le Président Alassane Ouattara s’approprie le principe que la Côte d’Ivoire n’amorcera aucun développement économique durable tant que des nationaux,  partenaires pleins et actifs,  n’y seront pas profondément impliqués.
Que vive la Côte d’Ivoire.

Abidjan,  le 3 avril 2024

Ministre Kobena I. ANAKY
Président du MFA

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