Affaire « papier carton dans la pâte d’arachide » : les consommateurs exposés à plusieurs maladies / Les autorités interpellées
Les commerçantes se défendent.
Au marché de Koumassi (sud d’Abidjan), Assita hèle les dames qui passent devant son étal. Cette jeune fille âgée d’une vingtaine d’années s’est consacrée, depuis qu’elle a eu 15 ans, au commerce. Elle vend un peu de tout : les épices, les arômes, la pâte de tomate et la pâte d’arachide. Elle avoue que certaines clientes sont devenues méfiantes. Assita ne cache pas son étonnement face à la réaction de certaines dames qui lui demandent si son arachide est vraiment de bonne qualité. « Pourtant avant, elles venaient en acheter sans problème », indique-t-elle, l’air désolé. Sa voisine, elle, se dit vexée par cette attitude des clientes mais reconnaît, tout en reconnaissant que cette pratique existe. Cependant, elle dit ne se sentir concernée, ni de prêt ni de loin, par celle-ci. « Tout le monde me connaît, j’achète les arachides, je trie j’envoie au moulin et j’écrase, devant tout le monde ici », explique Oumou, de grands gestes à l’appui. Madame Ballou, commerçante au marché de Treichville, indique qu’elle ravitaille plusieurs clientes à Abidjan. Elle dit confectionner, elle-même, tous les produits qu’elle vend. « Mon piment, c’est moi-même qui le fait, pareil pour ma poudre de poisson, de crevette, de poivre », relate cette mère de famille d’une cinquantaine d’années. Ses bénéfices n’ont pas connu de régression, et même si elle dénonce le phénomène, elle atteste que toutes les commerçantes ne s’adonnent pas à cette pratique dangereuse. « Demandez à mes clientes, mon arachide est originale. Personne ne peut dire qu’elle est de mauvaise qualité. C’est vrai qu’il y a des femmes qui mélangent les graines d’arachide pourries avec les bonnes mais moi je ne le fais pas », clame-t-elle.
L’astuce d’Aïcha Camara, étudiante et commerçante
Chaque jour, Aïcha parcourt les différentes communes d’Abidjan, pour satisfaire sa clientèle en lui livrant de la pâte d’arachide. Elle a mis les bouchées doubles : du conditionnement à la livraison, en passant par l’approche. Dans de petits pots transparents et qui portent des étiquettes, c’est d’abord la couleur de l’arachide qui attire. Ensuite, l’odeur est agréable lorsqu’elle ouvre la petite boîte. Aïcha qui a su se faire une clientèle fidèle, assure qu’elle vend la meilleure pâte d’arachide, en montrant l’huile à la surface. « C’est la meilleure pâte d’arachide sans mélange, le pot coûte 2000 », précise-t-elle. Originaire du nord de la Côte d’Ivoire, elle s’est lancée dans ce commerce avec sa mère. Sa génitrice qui se charge de la confection, lui achemine la marchandise par voie terrestre, qu’elle va réceptionner à la gare. « Au début, cela n’a pas été facile, surtout à cause du prix mais aujourd’hui ; je m’en sors, parce qu’en plus de la pâte d’arachide je vends de la pâte de pistache, qui est aussi l’objet de contrefaçon », ajoute Aïcha. Si plusieurs femmes attestent que la pâte d’arachide vendue par la jeune dame est naturelle, de quels éléments le consommateur lambda dispose pour vérifier la véracité de leurs assertions ? Attend-on une intoxication alimentaire à grande échelle, pour s’attaquer concrètement à ce problème ?
A l’instar de l’arachide contrefaite, plusieurs denrées alimentaires vendues sur les marchés font l’objet de la mauvaise foi de personnes cupides et dépourvues de tout scrupule. Ainsi, au dire de certaines commerçantes, la poudre de colas serait additionnée au piment en poudre, à la poudre de crevette et autres épices, afin d’augmenter leur volume et d’engranger plus de d’argent. Ces temps-ci une vidéo circulant sur les réseaux sociaux, montre du carton enroulé dans du poisson fumée pour donner à ce dernier un aspect plus épais. Chaque jour, des personnes malintentionnées redoublent d’ardeur et d’ingéniosité pour duper les consommateurs qui, en échange de leur argent gagné dignement à la sueur de leur front, retournent chez eux avec du poison. Dénoncer, certes, mais trouver des stratégies pour endiguer le phénomène s’avère une urgence. C’est d’ailleurs un sujet qui mérite d’être débattu au cours des rencontres de nos autorités, notamment en conseil des ministres, afin que soient prises les mesures idoines.
La Synthèse
Tue, 04 Aug 2015 03:54:00 +0200
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