AGANA à propos de la caravane de la réconciliation : “Tiken, Alpha, Magic Système et autres, ont pris combien pour prétendre soulager la douleur du peuple de Côte d’Ivoire par des concerts ?”

Comment va Agana?



Agana: Agana va bien ! Je suis en promo pour l’album ROOTSTEADY NEW EDITION. En plus, j’ai le mois de novembre prochain chargé et un concert le 13 décembre 2013.



Oui justement pour ce dernier album, comment il se comporte sur le marché depuis sa sortie?



L’album se comporte bien sur le marché. En tout cas, il y a une bonne appréciation du public et une bonne vente. La sortie de cet album à Babi (Abidjan, Ndlr) est prévue pour 2014.



Vous annoncez un mois de novembre prochain chargé pour vous et un concert en décembre. Tout cela à l’extérieur du pays? 



Le concert aura lieu à Paris, oui, parce que je suis à l’extérieur. Mais la Côte d’Ivoire, mon pays, reste mon repère et le socle de ma vie.



Tout indique que vous êtes durablement installé en France pour peaufiner votre carrière musicale. C’est cela?



Oui, on dira ça comme ça (Rire). Mais j’aime bouger. Je pense que c’est l’homme qui peaufine et non l’endroit. J’aime me nourrir d’expériences de plusieurs vies. 



De là où vous êtes, quelles sont les nouvelles que vous avez de la Côte d’Ivoire ?



Les nouvelles que j’ai de mon pays sont relatives à tout ce qui concerne sa marche vers son développement. Je sais aussi ses déboires et sa convalescence après la grave crise post-électorale de 2010.

 Le pays est engagé dans un processus de réconciliation.

Pour vous, quelles peuvent être les solutions d’une réconciliation durable en Côte d’Ivoire ?



Mes solutions sont vastes. Je déteste le mélange des genres. La paix ce n’est pas un mot, c’est un comportement, et c’est le sage qui nous l’a dit. Un comportement qui doit s’observer dans toutes les couches socio-professionnelles et dans les quatre coins de notre pays. Nous devons tirer les leçons de nos déboires et surtout aller vers un réel état de droit.



C’est quoi un réel Etat de droit pour vous?



Que chacun fasse son boulot, ça sera déjà ça les prémices d’un véritable Etat de droit. La Côte d’Ivoire a besoin d’un gouvernement qui veille au bon fonctionnement de l’appareil étatique, une justice libre et indépendante dans son application du droit et surtout une presse libre et consciente de son rôle éducatif dans ce jeune Etat qui est le nôtre. Vous savez, je n’aime pas le mélange des genres. Voila pourquoi je ne souhaiterais pas me placer en donneur de leçons.



Des artistes ivoiriens, à l’extérieur comme au pays, jouent pour la réconciliation en Côte d’Ivoire. On ne vous voit pas et on ne vous entend pas du tout dans cette caravane. Pourquoi?



Mais parce que je trouve ça stupide, débile et irresponsable, voilà c’est tout. 



Parce que vous pensez que ce sont des stupides et des irresponsables qui font la caravane de réconciliation ?



Non, ce n’est pas ce que j’ai dit. Je dis simplement que moi on ne me voit pas dans cette caravane parce que je ne suis pas stupide et irresponsable, voilà. Ne me faites pas dire autre chose s’il vous plaît.



Et pourquoi vous refusez de vous mêler à la caravane de réconciliation?



Dites-moi,combien de concerts pour la réconciliation y a t-il eu déjà dans ce pays? 



De grands artistes, dont votre géniteur Alpha Blondy, Ticken Jah et autres, ont participé à un concert de la réconciliation en 2011. Récemment encore, John Yalé était en concert à Abidjan pour parler de paix. A quand pour vous?



(il éclate de rire).Je vous rappelle qu’il y a eu, sous Henri Konan Bédié, donc avant le coup d’Etat de 1999, une caravane de la réconciliation. Cela a réconcilié qui avec qui ? Le Festa était dans cette même veine. Bref, il faut arrêter d’être affamés. Pourquoi, en Côte d’Ivoire, on ne tire jamais les leçons du passé ? Est-ce que tous ces concerts qui étaient censés réconcilier les Ivoiriens ont résolu le mal être du peuple ? Non ! Est-ce que cet argent n’aurait pas dû servir ailleurs .Si! Alors laissez-moi pisser sur cette hypocrisie. Dites-moi, Tiken, Alpha, Magic Système et autres, ont pris combien pour prétendre soulager la douleur du peuple de Côte d’Ivoire par des concerts ? Dites-moi ? 



A vous entendre, vous ne croyez pas en la réconciliation en Côte d’Ivoire. Est-ce cela?



Je vais y croire si cette réconciliation est sincère. Elle prendra peut-être du temps parce que les Ivoiriens se sont faits très mal. Les blessures physiques et morales ont besoin d’être désinfectées pour être cicatrisées. Un nouvel esprit doit s’installer car nous sommes appelés à être une grande Nation. Alors forcement les épreuves pour y parvenir seront plus grandes. Mais il faut y croire.



La Cour Pénale internationale (CPI), a été invitée dans la réconciliation ivoirienne. Que peut-elle?



(Rire) Moi je n’ai pas affaire à la CPI, cette cour internationale dite de justice, pour réconcilier les Ivoiriens. Par contre, et là je le souhaite vivement, je voudrais lancer un appel à une personnalité de ce pays.



À quelle personnalité voulez-vous lancer cet appel?



Au Président Henri Konan Bédié, ancien chef de l’Etat, Président du PDCI.



Pourquoi précisément à Bédié et que voulez-vous lui dire?



A Bédié parce que c’est à lui que je veux m’adresser. Je veux lui dire Ceci : Pardon Monsieur le Président, mon doyen, pour l’humiliation que vous avez subie avec le coup d’Etat de 1999 ; mais c’était le retour du bâton pour ce que vous aviez fait subir aussi, en son temps, à votre jeune frère Alassane Ouattara. Aujourd’hui vous et le Président Ouattara avez fait la paix des braves. Je n’ai jamais douté, Monsieur le Président Bédié, de votre retour en grâce et surtout de votre capacité à peser positivement sur les événements liés a la Côte d’Ivoire. Faîtes appel maintenant à l’Union sacrée autour de la mère patrie. Il faut libérer les prisonniers et aller à la paix. Voilà ce que je veux dire au doyen Bédié précisément. 



De telles décisions, c’est le chef de l’Etat en exercice, M. Ouattara, qui peut les prendre. 



Oui, je suis passé par le président Bédié, le doyen, pour mieux atteindre le Chef de l’Etat. Je leur demande, à tous les deux, de libérer les prisonniers politiques. Faites libérer Mme Gbagbo, faites libérer Gbagbo lui-même. Le linge sale se lave en famille et non chez les voisins. Je demande à Ouattara et à Bédié de donner une chance à la réconciliation vraie en Côte d’Ivoire. Je dis bonne chance au Président Ouattara pour la gestion de l’Etat. Il a besoin de tout le monde, et non de son seul camp, pour avancer dans la reconstruction du pays. Je dis aussi bonne chance à Affi NGuessan, le président du FPI, pour le rassemblement de l’opposition. Bonne chance à tout le monde parce que des jours difficiles pour la Côte d’Ivoire se profilent à l’horizon.

 
A quand votre retour au pays, Ismaël Agana?



Moi je suis comme le vent et je souffle là où Dieu le voudra. Tel sera mon retour en Côte d’Ivoire. Pour finir, je voudrais dire, par dessus tout, à nos hommes politiques qu’au sortir d’une guerre comme celle que la Côte d’Ivoire a connue, il n’y a ni vainqueur ni vaincu ; il n’y a que des victimes. Veillez à leurs conforts et la vie vous le rendra.



Réalisée par MYNA in Tafnews

Wed, 30 Oct 2013 12:17:00 +0100

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