Bousculade meurtrière en Côte d’Ivoire En finir avec le laxisme sécuritaire

On en sait un peu plus sur la bousculade géante qui avait provoqué la mort d’une soixantaine de personnes, le 31 décembre 2012 à Abidjan. Ce drame qui intervenait au lendemain d’une série d’attaques meurtrières avait plongé les Ivoiriens dans une véritable psychose, rajoutant ainsi à leurs angoisses quotidiennes. Bien des personnes y voyaient l’action d’une main invisible, décidée à en découdre avec le régime du président Ouattara par des actes de sabotage. Toute chose qui paraissait moins absurde dans un pays comme la Côte d’Ivoire où les clivages ethno-régionalistes ont pignon sur rue, et les rancoeurs tenaces. Mais, suivant les explications du procureur de la République, Simplice Kouadio, on se rend compte que la tragédie de la Saint Sylvestre est essentiellement due à des défaillances sécuritaires. Selon lui, « le rétrécissement de la voie dû à la présence d’une clôture en tôle sur les lieux du drame, la présence de troncs d’arbres sur le trottoir, l’absence d’éclairage et l’insuffisance des forces de l’ordre » sont les principales causes qui ont conduit à cet accident qui, à vrai dire, constitue la tragédie de trop pour une Côte d’Ivoire qui sort à peine d’une terrible crise post-électorale. Ainsi donc, l’hypothèse d’un acte de sabotage ourdi par des individus tapis dans l’ombre est à écarter ; d’autant que, selon le procureur, l’espace choisi pour le réveillon de la fin d’année était non seulement obstrué mais aussi obscur. Pourquoi donc avoir autorisé un grand rassemblement dans un tel endroit avec de surcroît un nombre réduit de forces de sécurité ? Si ce n’est du laxisme, cela y ressemble fort puisqu’au regard de toutes les raisons sus-citées, on aurait pu changer de cadre pour parer à toute éventualité. Il faut donc situer les responsabilités et punir les auteurs à la hauteur de leur légèreté pour que plus jamais, pareil drame ne se produise en Côte d’Ivoire. Du reste, le pays a déjà connu des bousculades meurtrières du genre, si bien que l’on a du mal à admettre ce qui est arrivé le 31 décembre au quartier administratif du Plateau d’Abidjan. Les autorités auraient suffisamment tiré leçon des expériences passées qu’elles ne feraient pas montre de laxisme sécuritaire. Ainsi se comportent bien des dirigeants africains. Ils sont prompts à cracher au bassinet pour assurer leur propre sécurité, mais quant à celle des populations, ils s’en tamponnent le coquillard. Les autorités ivoiriennes en donnent la preuve pour ceux qui en doutaient encore, surtout que pour décliner sa responsabilité, le gouverneur du district d’Abidjan a laissé entendre que la bousculade est intervenue bien après que les gens eurent quitté le lieu où se tenait le réveillon. Oublie-t-il qu’en matière de protection civile, sa responsabilité est engagée lorsqu’un citoyen du fond de sa cabane rustique perd la vie pour raison d’insécurité ? Peut-être.

Boundi OUOBA in Le Pays(B.F.)

Tue, 08 Jan 2013 15:44:00 +0100

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