Côte d’Ivoire : ADO et ses boulets de «com-zone»

– Fin mars 2013 : la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), au terme de plusieurs mois d’enquête, dénonce l’impunité dont les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) et leurs supplétifs, les chasseurs traditionnels dozos, bénéficient de la part du pouvoir. Nonobstant les graves crimes de guerre perpétrés à Duékoué, particulièrement à Nahibly en 2012 ;

– jeudi 4 avril 2013 : Human Rights Watch, dans un rapport de 82 pages intitulé « Transformer les discours en réalité : l’heure de réclamer des comptes pour les crimes internationaux graves perpétrés en Côte d’Ivoire», accuse ouvertement le pouvoir de Ouattara de pratiquer une justice des vainqueurs. Contrairement aux engagements pris ;

– mercredi 17 avril : c’est au tour de l’ONU de s’agacer des «actions prédatrices» des anciens «com-zone», ces chefs militaires des ex-Forces nouvelles, sur toute l’économie ivoirienne. Avec la bénédiction du président Ouattara, qui les a tous promus et nommés à de hautes fonctions malgré le manque de qualification requise, malgré les graves soupçons de crimes de guerre qui pèsent sur certains d’entre eux.

Naguère soldats du rang empruntant les « gbakas », actuellement officiers roulant carrosse, hier pointant à la cantine militaire, aujourd’hui hommes d’affaires fréquentant le Fouquet’s, ils figurent dans le Top 10 des golden boys d’Abidjan. Champions de l’esbroufe, le goût de l’ostentation chevillé au corps, ils s’abandonnent, jusqu’à l’absurde, aux dépenses somptuaires. Par le seul fait du prince, de celui qu’ils ont fait roi, ces «com-zone» sont de véritables satrapes qui nagent dans l’opulence et la douce insouciance.

Villas, véhicules de luxe, comptes bancaires à l’étranger, ça les connaît. Femmes, maîtresses griots, ça se bouscule sur leur passage. Brûlez la chandelle par les deux bouts tant qu’ADO sera au pouvoir…

Touré Sékou, Issiaka Ouattara, alias Watao, Zakaria Koné, Chérif Ousmane et Hervé Touré, alias Vetcho, pour ne citer que ces Rapetou de la République, font bande à part aussi bien dans l’armée que dans l’administration publique. Tant tout leur est permis et tant ils s’en donnent à cœur joie. Comme le montre le dernier rapport des experts de l’ONU : «Pendant près d’une décennie, ils ont vécu comme des seigneurs de guerre, tenant entre leurs mains une bonne partie de l’économie des territoire qu’ils administraient. Deux ans après l’accession au pouvoir d’Alassane Ouattara, les anciens com-zone n’ont rien perdu de leur influence, bien au contraire (sic). Promus à des postes stratégiques de commandement, les Watao, Fofié Vétcho, Chérif Ousmane, pour n’en citer que quelques-uns, ont étendu leurs actions prédatrices à l’ensemble du pays».

Au cœur d’un réseau de trafic illégal de cacao, de noix de cajou, de coton et de diamants, les ADOboy’s sont à l’origine d’une perte de plus de 195 milliards de francs CFA pour l’économie nationale dans la seule filière cacao au titre de la saison 2011-2012, toujours selon le rapport de l’ONU. Vertigineux.

Certes, il y a beaucoup à redire sur certaines ONG et sur la finalité de leurs rapports. Mais lorsque, coup sur coup, en moins deux mois, trois institutions internationales font grief des mêmes choses au pouvoir, c’est qu’il y a quelque chose de pourri au royaume de Danemark, pardon de Ouattara. Et ce dernier le sait, impuissant qu’il est devant ceux qui l’ont fait roi et tiennent son pouvoir.

Mais à trop vouloir ménager la chèvre et le chou, ADO court le risque de finir par faire chou blanc dans le domaine économique. Malgré « l’impressionnant taux de croissance » dont son gouvernement saoule les Ivoiriens, qui ne voient toujours rien pointer à l’horizon.

Rien d’étonnant quand les mamelles les plus généreuses de l’Eléphant d’Afrique sont la chasse-gardée d’une génération spontanée de Crésus en kaki.

Alain Saint Robespierre
In lobservateur.bf

Tue, 30 Apr 2013 02:16:00 +0200

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