Côte d’Ivoire : Bouaké range ses habits de ville “rebelle”.

Les parades des véhicules 4×4 estampillés "bataillon anaconda" ou "forces spéciales guépard" ne sont plus visibles dans les rues. Les nombreux check-points ont aussi disparu. Dans Bouaké, ancien quartier général de l’ex-rébellion des Forces Nouvelles (FN), les traces de la ville "rebelle" ont, peu à peu, laissé la place à la normalité.

Cinq ans après la signature, le 7 mars 2007, de l’Accord de paix de Ouagadougou entre celui qui était alors chef d’Etat, Laurent Gbagbo, et les FN de Guillaume Soro, Bouaké-centre a fière allure : bâtiments rénovés, trottoirs débarrassés de ses vendeurs ambulants et surtout ex-combattants rebelles quasi-invisibles dans les rues.

D’ailleurs, à l’entrée sud de cette ville située à 350 km au nord d’Abidjan, les soldats des Forces Armées des Forces Nouvelles (FAFN) ont passé la main aux gendarmes et policiers de la République, en majorité venus de l’ex-zone gouvernementale.

"Ils inspirent plus confiance" aux populations, se réjouit néanmoins Alain B., un agent des impôts qui vit depuis trois ans dans "la capitale de la paix", le nouveau appellation de Bouaké.

Comme lui, plusieurs fonctionnaires, dont la quasi-totalité avait fui la ville en septembre 2002, au lendemain du putsch manqué des FN contre Laurent Gbagbo, ont été "redéployés" progressivement dans les zones centre-nord-ouest, sous contrôle de l’ex-rébellion.

Les établissements bancaires ont suivi le mouvement des fonctionnaires en rouvrant, courant 2009, leurs agences les unes après les autres.

Au quartier « Commerce », principal centre d’affaires de la ville, les agences d’Ecobank, de la Banque Atlantique de Côte d’Ivoire (BACI), de la Banque Internationale pour l’Afrique de l’Ouest (BIAO) et de la Banque de l’Habitat (BHCI) côtoient celles des opérateurs de téléphonie mobile Moov-CI et Orange.

De part et d’autre de l’avenue qui coupe en deux le quartier « Commerce », restaurants et magasins de vente d’appareils électroménagers tenus par des Libanais témoignent aussi du retour à la normalité. Même la Coopérative d’Epargne et de Crédit (CECP), une banque rurale, a retrouvé ses bureaux, longtemps occupés par le commandant Issiaka Ouattara plus connu sous le surnom de Wattao, l’une des icônes de l’ex-rébellion. Avant de rétrocéder le bâtiment, l’actuel commandant en second de la Garde républicaine, réputé riche, a fait faire des travaux de rénovation.

Les services des Douanes ont aussi retrouvé leurs bureaux, transformés durant la crise en base militaire de la "compagnie Guépard", l’unité combattante de Chérif Ousmane, aujourd’hui commandant en chef du Groupe de la Sécurité présidentielle.

Mais le retour à une vie normale a ses contraintes. Que l’administration douanière prélève à nouveau les taxes – longtemps perçues par les FN – ne fait pas l’affaire de tout le monde ! "Bouaké n’est plus le Bouaké d’avant. Tout est devenu cher. On ne peut plus même acheter un téléphone portable de qualité à 15 000 F CFA comme par le passé, regrette une habitante qui requiert l’anonymat.

En effet, les produits de contrebande acheminés autrefois des pays limitrophes de la Côte d’Ivoire, notamment la Guinée, le Burkina Faso et le Mali, ne sont plus de mise sur les étals des marchés.

Cela dit, les barbelés déployés autour de l’agence locale de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) (qui a fait l’objet d’un casse par les ex-rebelles en 2003) et les impacts de balles sur le bâtiment abandonné qui abritait l’état-major des FAFN rappellent encore au visiteur les stigmates d’un passé récent.

afriquinfos.com

Mon, 13 Feb 2012 11:19:00 +0100

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