Appui décisif dans le conflit
Proclamé vainqueur de la présidentielle ivoirienne fin 2010, Alassane Ouattara avait succédé en avril 2011 à Laurent Gbagbo à la tête de son pays après une crise de quatre mois et une guerre de deux semaines remportée par ses forces grâce aux bombardements décisifs de l’ONU et surtout de la France. La crise qui a meurtri cette ex-colonie française a fait quelque 3.000 morts.
Fastueuses relations franco-ivoirennes
Le président ivoirien Alassane Ouattara – en séjour privé en France – a été reçu pendant près d’une demi-heure lundi 7 mai en fin de matinée à l’Élysée par le président français sortant Nicolas Sarkozy – qui est venu le chercher lui-même sur le perron de l’Elysée – au lendemain de sa défaite au second tour de la présidentielle. Une réception unique pour un chef d’État, ce qui prouve – s’il le faut encore – la qualité des relations entre les deux hommes.
Lors de son investiture en mai 2011, Nicolas Sarkozy était le seul chef d’État étranger présent. En janvier, une visite d’État pour célébrer en grande pompe la réconciliation franco-ivoirienne avait été offerte à Alassane Ouattara. La visite de lundi était de fait aussi secrète que celle de janvier était fastueuse. Que se sont-ils dit lundi ? Pour le moment rien n’a filtré de cette rencontre que les photographes ont immortalisé au travers des grilles de l’Elysée…
Prudence et sobriété
Puis, après avoir fait ses adieux – officiels – au Président Nicolas Sarkozy, Alassane Ouattara a fait lire à la télévision publique ivoirienne son message de félicitations à François Hollande. Dans celui-ci, Ouattara déclare souhaiter « oeuvrer de concert avec le président François Hollande à la consolidation des liens privilégiés qui unissent la Côte d’Ivoire à la France ». Une déclaration sobre, prudente et presque amère pour prendre acte d’un changement politique majeur en France aux conséquences qui pourraient être lourdes pour la Côte d’Ivoire.
La rupture avec la Françafrique ?
« Le départ de Nicolas Sarkozy fragilise forcément Alassane Ouattara », estime pour sa part un journaliste ivoirien à Abidjan. « Ouattara a compris que la fin de Sarkozy, c’était un peu la fin de la "démocratie par les bombes" et que François Hollande souhaitait mettre en place une relation d’État à État, et ça, ça ne l’arrange pas », poursuit ce journaliste qui souhaite préserver l’anonymat. « C’est étrange mais les Africains ont toujours préféré historiquement les gaullistes ou leurs héritiers aux héritiers de la SFIO… », commente-t-il.
Sur place, la situation sécuritaire qui s’est nettement améliorée depuis 2011 n’en reste pas moins fragile. Huit personnes ont été tuées mercredi 25 avril dans l’attaque du village de Sakré, dans le sud-ouest de la Côte d’Ivoire frontalier du Liberia. Selon l’ONU, ces violences ont entraîné le déplacement d’environ 3.000 personnes. Des entreprises ivoiriennes sont étrangement toujours « suspendues » en dehors de tout cadre légal comme la compagnie aérienne Sophia Airlines par le pouvoir actuel et son ministre de l’Intérieur Hamed Bakayoko pour des liens supposés avec l’ancien régime.
Dans un pays qui peine à se réconcilier, le procès à venir en juin devant la Cour pénale internationale de Laurent Gbagbo risque de raviver les tensions politiques et ethniques. Quelle sera alors l’attitude de l’Élysée vis-à-vis d’Abidjan ? Elle sera probablement moins conciliante et amicale avec Alassane Ouattara et ce, même si Gbagbo avait été déclaré « infréquentable » depuis 2004 par François Hollande, alors premier secrétaire du Parti Socialiste.
Antoine Kowalski in francesoir.fr
Tue, 08 May 2012 22:11:00 +0200
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