Deuxième tour du scrutin présidentiel : Pourquoi Gbagbo et Ouattara doivent compter sur eux-mêmes

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38.3 % ET 32.08 %. Ce sont les pourcentages recueillis respective- ment par Laurent Gbagbo de La Majorité Présidentielle (Lmp) et Ouattara Alassane du Rdr. L’autre donne du vote du 31 octobre, c’est aussi le pourcentage de 4.63 % des suffrages obtenus par les onze autres candidats y compris Mabri Toikeusse de l’Udp- ci. Ce taux représente 214.600 voix. Ce qui n’est pas négligeable car dans ce duel épique qui s’an- nonce, la victoire peut s’obtenir avec une voix de différence. Mais les deux premiers devront-ils cher- cher à arracher le soutien de tel ou tel ”petit poids”. Au regard des chiffres, un report mécanique de leurs suffrages sur l’un ou l’autre des deux premiers amène-
rait le premier, Laurent Gbagbo, à obtenir 42.93 % et le deuxième, Ouattara Alassane à 36.71 % sur la base d’un calcul purement arithmétique sans autre considé- ration. Si cumulativement les 13 candidats ne font pas bouger l’éventuel bénéficiaire de leurs suffrages de façon significative que peuvent-ils apporter indivi- duellement quand on sait que même une consigne donnée n’est jamais entièrement suivie ? Il est vrai qu’une élection à deux tours se gagne toujours par le jeu des alliances, mais dans ce contexte précis, la cour aux petits candidats peut-être d’un intérêt majeur ? Evidemment en venant à cette élection, chacun de ces "petits candidats” avait son plan B. Le lus plausible est qu’ils viennent concourir dans l’optique d’obte- nir des suffrages et les marchan- der. Une façon de rentabiliser tout l’investissement fait depuis le cautionnement de 20 millions jusqu’au financement de leur campagne. Mais ici, les scores qu’ils ont réalisés (moins de 1 % pour chacun) sont tels que cette hypothèse ne paraît pas évidente pour eux. Les candidats Gbagbo et Ouattara devront se jeter corps et âmes dans la bataille pour al- ler chercher les suffrages là où il faut. Une voix étant une voix, il leur est loisible de s’attirer la sympathie des « petits » en se pré- disposant à assumer toutes les conséquences mutuelles qui en découlent. D’autres voies restent à explorer. D’abord les 20 % d’inscrits qui n’ont pas pris part au vote pour des raisons qui leur sont personnelles. Ces abstentionnistes constituent un bon gisement d’électeurs qui pourraient faire basculer le jeu. Leur non partici- pation au premier tour pour cer- tains, est qu’ils ne trouvaient au- cun intérêt à aller voter, au nom du droit à l’indifférence. Il faudra trouver les mots justes pour les y intéresser, même s’il est difficile de réaliser, un taux participation de 100 pour 100. La troisième sour- ce d’électeurs reste incontestable- ment les maladroits. Ils sont au nombre de 221.655 si nous consi- dérons les bulletins nuls. Parmi eux il y a ceux dont le choix n’a pas été exprimé soit pour des fantai- sies soit par la mauvaise maîtrise du bulletin de vote. Les autres, manifestement, avaient plusieurs préférences et ont tenu à les ex- primer volontairement de façon nulle. Maintenant que les candi- dats ont été passés au crible, il faut convaincre ces derniers à opérer un choix unique et défini- tif par des opérations de charme. Une femme aussi belle soit-elle fi- nit toujours par tomber amoureu- se, dit-on. Il y a également à al- ler ”draguer” les militants du troisième homme Henri Konan Bédié qui, s’il le désire, donnera des consignes. Le jeu est donc ou- vert pour Laurent Gbagbo et Ouattara Alassane qui auront quinze jours pour aller chercher 12 % pour l’un et 18 % pour l’autre. Ils devront tout donner : argent,
idées nouvelles, adaptation des stratégies, renforcement des thèmes de campagne, nouvelle image etc. On peut gagner une élection ou la perdre sur un détail. C’est pourquoi tout en s’investis- sant à fond, les deux ténors de- vront éviter les thèmes et les comportements qui pourraient les desservir. Chacun en ce qui le concerne demeure maître de son destin. C’est une compétition hautement politique et les consi- dérations d’ordre affectif ne sont pas aussi tangibles et efficaces qu’on le pense. Les lignes peuvent bouger pourvu qu’on y mette la manière.

S.Débailly

Encadré

Débat télévisé / Gbagbo contre Ouattara : Un duel de titans, qui l’emportera ?
LE DÉBAT CONTRADICTOIRE voulu par le président du Pdci Hen- ri Konan Bédié dans le cadre de la campagne électorale aura en- fin lieu. Mais peut-être sans lui. Sauf extraordinaire. Ce sont ses prin- cipaux adversaires Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, victorieux du premier tour qui auront à s’affronter dans le cadre de l’émission face aux électeurs. Une confrontation qui s’annonce très épique dans ce face-à-face télévisé, vu la carrure de ces deux mentors de la scè- ne politique ivoirienne. L’émission face aux électeurs qui a rencon- tré l’assentiment général des Ivoiriens a, somme toute, eu une im- portance déterminante dans le choix de certains candidats. Leur ayant permis de décliner un pan de leur projet de société, et aux Ivoiriens de savoir qui sont ceux à qui ils ont affaire. Ce qui montre que ce débat télévisé connaîtra une grande audience. Mais, au lieu d’un one man show comme on l’a vu lors du premier tour, ces deux pré- tendants au pouvoir d’Etat devront se regarder les yeux dans les yeux pour démonter l’un ou l’autre, partager leurs convictions et essayer de convaincre l’électorat ivoirien. C’est un véritable com- bat auquel les Ivoiriens vont assister. Car entre Gbagbo et Alassa- ne, ce sont deux hommes, un historien et un économiste, deux styles, deux visions, deux politiques qui s’affronteront. Qui s’imposera à l’autre, ou du moins, qui l’emportera dans ce duel au sommet? Sera- ce Laurent Gbagbo, le woody de Mama, l’homme de la situation, qui base son combat sur la reconstruction d’une Côte d’Ivoire in- dépendante, libérée de l’emprise du colonisateur. Et qui en cela sa- lue l’héroïsme des grands conquérants de notre continent. Tels que Soundjata Kéita qui lui a inspiré l’écriture d’un livre. Ou d’Alassa- ne Ouattara, le natif de Kong, celui qui a les solutions à tous les pro- blèmes des Ivoiriens qui s’octroie la paternité du redressement éco- nomique de plusieurs pays dans le monde entier de par ses hautes fonctions d’économiste. Chacun, bien évidemment, sera à l’aise dans son domaine de prédilection. Ce qui traduit que l’enjeu de ce dé- bat se situe ailleurs. Celui de couler l’adversaire sur son propre ter- rain. En la matière, les deux hommes ayant dirigé le pays, Laurent Gbagbo en tant que président de la république et Alassane Ouat- tara ex-premier ministre d’Houphouët, ont à leur actif des points positifs et surtout des dossiers sales que l’un ou l’autre voudra ex- ploiter. En marge de cela, l’on connaît ces protagonistes pour leur art de manipuler la parole et de dissuader. Gbagbo avec un air amu- sant et dans un français qu’il veut accessible à tous ; et Ouattara avec un air on ne peut plus sérieux dans un langage familier, pour toucher leurs principales cibles. Ce qui est certain, c’est qu’à la fin de ce duel au sommet entre l’historien de La majorité présidentiel- le et l’économiste du Rdr, un grand tombera. Bien malin celui qui le devinera. Mais le vainqueur pourrait sans difficulté être le futur président de Côte d’Ivoire. Wait and see.

César Djedje Mel

Avec l’Intelligent d’Abidjan

Sat, 06 Nov 2010 21:05:00 +0100

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