Marche de protestation contre les résultats de la CEI : Militants PDCI et policiers prêts à s’affronter

COMME PRÉVU, les militants du parti démocratique de Côte d’Ivoire ont pris très tôt d’assaut la maison du parti, sise à Cocody. Mobilisés pour la même cause, ces militants ont fait une démonstration de force en prenant la rue. Objectif, amener coûte que coûte le candidat de la Majorité pré- sidentielle à accepter de procéder à un nouveau décompte des voix expri- mées lors du dernier scrutin. Soudés en bloc, les militants chauffés à blanc, n’ont pu contenir leur colère, malgré les appels à la retenue. A 13 heures, une fois la tension montée, les mili- tants prennent d’assaut la rue, sous le regard impuissant des éléments des Forces de défense et de sécurité, en service aux alentours de la maison du PDCI-RDA à Cocody. Débordés par une marrée humaine, les premier agents en première ligne de front n’ont fait qu’escorter la longue marche des militants et partisans de PDCI-RDA. Pour empêcher la marche des militants du parti d’Henri Konan Bédié, il a fal- lu de nouveaux renforts en hommes
armés. Et ce n’est qu’à 13 heures 18 minutes que la marche des militants a été interrompue, juste à quelques mètres du carrefour Saint-Jean. Mais, là encore, les militants n’ont pas cédé devant le dispositif sécuritaire venu en renfort. Contraints de pro- gresser, les marcheurs ont dit ce qu’ils pensaient en des propos très durs. Ainsi l’on pouvait entendre ‘’la
Côte d’Ivoire ne mérite pas de prési- dent assassin, voyou, tripatouilleur’’. Pour ces militants décidés à mettre un terme à l’injustice, ‘’il faut que la CEI et ses supo-tuteurs reprennent les décomptes pour que la vérité éclate’’. Selon les militants, si rien n’est fait pour rétablir le PDCI-RDRA et son pré- sident dans son droit, Guillaume Soro, Laurent Gbagbo et Youssouf Ba-kayoko seront tenus pour respon- sables de ce qui arrivera à la Côte d’Ivoire. Car, pour eux, une chose est sure, ‘’il y a eu manipulation de chiffres avec la complicité du Pre- mier ministre ainsi que le Président de la Commission électorale indépen- dante’’. Les militants trouvent aberrant que dans certains endroits, il y ait plus de votants que d’inscrits sans cela n’émeuve le président de la CEI qui a accepté. Face à toutes dérives, les mi- litants ont jugé nécessaire de décider de leur propre sort ainsi que celui de leurs enfants. D’où le sens de l’appel à la rue prévue pour être intensifié ce matin samedi 6 novembre 2010. Au carrefour Saint-Jean où ils ont été em- pêchés d’avancer, ils ont tout de même fait ce qu’ils pouvaient pour in- terpeller la communauté internationa- le de la mascarade qui est en cours. Toute chose qui selon les militants pourrait mettre à mal le processus de sortie de crise sis rien n’est fait. «Lau- rent Gbagbo pardon, accepte de recon- naître ta défaite. Ce n’est pas ton temps », ont scandé des militants, qui se sont montrés déterminés devant des policiers, près à dégainer.
Le ministre Adjoumani qui a rejoint par
la suite les militants à la maison du par- ti, au retour de la marche, leur a tenu un franc langage. Celui de demeurer soudé afin de faire partir Laurent Gbagbo. Le ministre Adjoumani accu- se le candidat de La Majorité présiden- tielle (LMP) de ‘’voler la victoire du can- didat Henri Konan Bédié’’. Mais, pour que la lutte porte, il a demandé aux militants de rester vigilants et de ne cé- der à aucune provocation En le faisant, le ministre dit rester sur la constance. C’est-à-dire faire partir Laurent Gbag- bo par la rue, où par les urnes. S’agissant du départ du candidat Laurent Gbagbo par les urnes, le mi- nistre a demandé aux militants d’at- tendre les consignes de la direction du parti. Selon lui, c’est elle qui doit dé- cider, après discussion avec l’en- semble des leaders du RHDP. Il faut dire depuis 10 heures, c’était le Gé- néral Ouassenan Koné qui a appelé les militants au calme, en leur demandant de rester attentif et de ne rien entre- prendre qui puisse entacher le com- bat juridique en cours. Ces consignes n’étant pas du goût des militants, ils ont fini par réclamer le pourvoir dans la rue. N’ayant rien obtenu, ils ont pro- mis y retourner ce matin.

Honoré Kouassi

Encadré 1

Les leaders RHDP prennent position et dénoncent des fraudes massives
Réunis dans l’après-midi du vendredi 5 novembre 2010, au domicile d’Henri Konan Bédié, les leaders du Ras- semblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix ont produit une déclaration dans laquelle ils dé- noncent des fraudes dans les décomptes des suffrages. Aussi ont-ils rappelé la nécessité d’assurer la cohésion au sein du RHDP en vue d’une victoire commune face au candidat de LMP. Ci-dessous l’intégralité de la décla- ration lue par le Pr Alphonse Djédjé Mady. «Mesdames et Messieurs de la presse. Les présidents des partis po- litiques composant le RHDP (Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix) viennent de se réunir. Ils ont dans un premier temps, affirmé la nécessité de la solidarité au sein du Rassemblement des hou- phouëtistes pour la démocratie et la paix. Ils prennent acte des résultats proclamés par la Commission électo- rale indépendante (CEI) mercredi soir. Cependant, tous les partis composant le Rassemblement des houphouë- tistes pour la démocratie et la paix notent que beaucoup d’irrégularités existent dans les décomptes des voix. Ils viennent de mettre sur pied un comité de travail qui produira un document à cet effet qui sera présenté de- main (aujourd’hui, samedi) à 11h 30 min. Nous vous donnons rendez-vous demain (samedi 6 novembre) à 11h 30 minutes pour prendre connaissance de la position rédigée du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix qui doit renforcer sa solidarité et son union dans le combat pour la démocratie en Côte d’Ivoire. Merci d’être venus. À demain»

Propos recueillis par Honoré Kouassi