Election Présidentielle / Entre Gbagbo, Bédié, Ouattara,… Qui est le candidat de Guillaume Soro…

Photo : DR
Les langues se délient sur le choix que Soro s’apprêterait à faire selon des indiscrétions. « Il n’y a pas de fumée sans feu », pourrait-on dire. Mais entre Gbagbo, Bédié et Ouattara, qui pourrait être le véritable choix de Soro quand on sait les liens indéniables qu’il entretient avec chacun d’entre eux. Il est clair que le Premier ministre va voter le 31 octobre 2010. Et dans l’isoloire, il sera seul face à sa conscience, pour accomplir son devoir de vote. Puisqu’électeur potentiel. Ce n’est pas sûr que le premier des Ministres mette un bulletin blanc (nul) dans l’urne. Si par extraordinaire, cela arrivait, personne ne pourra soutenir qu’il aurait fait un vote blanc. Surtout que l’accomplissement de cet acte civique est strictement secret. A moins qu’il s’abstienne d’accomplir ce devoir citoyen en restant soit à son bureau ou soit à sa résidence. Dans tous les cas de figure, comme l’un dans l’autre, son geste soulèverait ce qui conviendrait d’appeler le délit de ‘’suspicion légitime’’. Chacun y ira de son commentaire pour soit le brocarder, soit l’applaudir au gré des sentiments et des humeurs.

Guillaume Soro pris entre trois feux

Déjà, les trois candidats le suspectent, mais le peuple qui veut qu’il s’éloigne de toute proposition alléchante et indécente, ne lui ferait aucun cadeau en cas d’un soutien à visage découvert. En réalité, Guillaume Soro qui connait parfaitement ses aînés de la politique pour les avoir à la fois admirés et combattus, à diverses occasions de son parcours tant politique que syndical, joue, à fond, la carte de la prudence. Tiendra t-il longtemps à marcher sur cette corde raide ? Le locataire de la Case blanche pourra-t-il geler tous ces compromis secrètement noués ? Soutenir Gbagbo contre Ouattara et Bédié, cela le mettrait en mauvaise posture avec le RDR et le PDCI. Ces derniers n’hésiteront pas à vouloir le déstabiliser par tous moyens sur sa propre base si ce n’est pas le cas ils l’appelleront à venir s’expliquer devant le Facilitateur Blaise Compaoré comme ils l’ont fait en d’autres circonstances. C’est dire que vouloir s’échapper des griffes du père de la Refondation pour appuyer Ouattara ou Bédié le mettrait en « danger de mort ». Quand on sait que Gbagbo qui tient encore le stylo ne se fera aucun souci pour dissoudre le gouvernement en évoquant tout simplement un complot contre les élections. Avouons-le que la tâche ne sera pas du tout facile pour l’ancien Secrétaire Général des Forces Nouvelles.

L’embarras de Dieu

On dit que Dieu, pour accorder une élévation à ses enfants, les éprouve d’abord. Il est aussi enseigné que Dieu nous embarrasse devant des situations pour laisser agir notre sagesse et prendre la bonne décision. A l’exception de Henri Konan Bédié, ancien chef de l’Etat, qui n’a pas eu un long bail d’amitié avec Guillaume Soro qui l’a fortement combattu. Dans son exil forcé après le coup d’Etat de 99, N’zuéba tenait pour responsable l’agitateur des élèves et étudiants. Fort heureusement. Beaucoup d’eau a coulé sous le pond, effaçant quelques traces de cris de haine. C’est pourquoi, au plus fort de la crise militaro-civile, Bédié, même philosophiquement opposé à cette rébellion, puisque victime d’un putsch, a néanmoins soutenu les Forces nouvelles dans la mise en œuvre de l’accord de Marcoussis et d’autres accords subséquents. Il avait tout donné et pesé de son poids pour fragiliser le régime FPI. En reconnaissance pour cette implication personnelle du Président du PDCI, Soro lui doit reconnaissance et pourrait être tenté de vouloir le réhabiliter en l’aidant à reconquérir le pouvoir d’Etat. L’option, couchée sur du papier, peut enchanter des militants du parti cinquantenaire certes, mais la concrétisation matérielle ne sera qu’une autre paire de manche. Comment s’y prendre quand on sait que l’un des colistiers de Bédié au sein du RHDP, en l’occurrence Alassane Dramane Ouattara, reste et demeure le père spirituel de Guillaume Soro et de bon nombre de ses compagnons. Les souvenirs du Premier Ministre, concernant sa candidature à la mairie de Port-Bouët aux côtés de l’actuelle Secrétaire Générale du RDR en 2001 et les fonctions exercées en tant que Président du forum des jeunes, mouvement proche du parti d’ADO, sont encore vivaces dans l’esprit de tous. Comme si c’était hier. Aujourd’hui, le « petit » est devenu « grand » même si l’aîné le conçoit difficilement. Qui pense que l’habilité du mentor des républicans a atteint ses limites. Même s’il continue de glisser des bouts de papiers à Soro pour demander la nomination de quelques cadres de son entourage immédiat. Cela ne suffira pas pour faire basculer Soro. Car il y a bien longtemps qu’il ne fait plus parti des « Ouattara-boys » et il n’a aucune intention d’y retourner. Si à un moment donné le candidat du RDR était l’idole, et Soro le chouchou, beaucoup de contradictions les opposent aujourd’hui. Surtout que Laurent Gbagbo est venu s’interposer entre eux et renouer les vieux rapports des premières heures du multipartisme. C’était l’époque du grand amour entre le père et le fils. Mais le fils qui a refusé de s’enfermer dans une politique décriée du père avait pris ses distances. Tout en refusant les rôles de servitudes qu’il jouait. Peut-être devinait-t-il son propre destin s’accomplir vers la marche du podium loin des traquenards de ses maîtres penseurs. Sa position de chef incontesté de l’ex-rébellion qui a fait plier l’échine au pouvoir FPI lui accorde assez de crédit et rend plus aisé ses manœuvres. Bien qu’installé autrefois dans une politique d’errance entre Gbagbo et Ouattara, cela lui a permis de mieux les connaitre. Donner sa préférence à Gbagbo est peut-être plausible au regard des compromis. Mais Soro qui a juré avec force détermination réussir son pari, ne se laissera pas gagner par une périlleuse illusion d’un quelconque soutien. De tout ce qui précède, Gbagbo ne peut qu’obtenir 42% de faveurs auprès de Soro. Ce qui le met en égalité parfaite avec Ouattara qui bénéficiera lui aussi de 42% de faveurs, selon des observateurs avisés de la scène politique nationale. Quant à Bédié, il s’en tirera avec 16% de faveurs. Rien n’est encore décidé. Car les considérations claniques du genre « la femme de Soro est Bété » ou encore « Ado, est le frère du nord de Soro » ne reposent sur aucune logique de campagne électorale. Le Premier ministre de ‘’mission’’ doit savoir que son vrai candidat doit être celui de la paix et de la bonne organisation des élections à venir. Où le vainqueur est le véritable gagnant et le vaincu, le véritable perdant. Rendez-vous donc dans 44 jours

Avec le partenariat de l’Intelligent d’Abidjan / Par Patrice Pohé

Fri, 17 Sep 2010 11:12:00 +0200

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