Exclusif / Mamadou Koulibaly à Affi N’Guessan : ‘’J’invite tout le parti à redevenir ce que nous n’aurions jamais dû cesser d’être : un parti politique responsable qui aspire à gouverner autrement la Côte d’Ivoire’’ / Voici le vrai problème

Photo : DR
"Non Président Affi ! Tu n’as pas lu le texte de ma conférence. Ou bien, si tu l’as lu, tu ne l’as pas compris. Je suis vice-président du FPI en charge des questions gouvernementales et je suis comme tu le dis, président de l’Assemblée nationale donc député, donc chargé entre autre, du contrôle de l’activité de l’Exécutif. J’ai le sentiment d’avoir fait mon devoir de veilleur.  Non Affi ! Tu ne peux pas dire ce que tu as dit sur le fond et sur la forme de mon discours, compte tenu des valeurs que prône le FPI, du projet de société du FPI et du programme de gouvernement qui ont fait que les Ivoiriens nous ont porté au pouvoir. J’espère que nous n’avons pas oublié. Je remercie le parti pour toutes ces nominations à des postes de responsabilités dont j’ai bénéficié malgré mon arrivée tardive au FPI comme le dit ton ami Tagro ; mais ne vous mettez pas en idée de me demander de ne pas les assumer.  Par ailleurs tu dis que j’aime les ONE MAN SHOW ? Suis-je le seul dans ce cas au FPI ? Regarde un peu autour de toi. Si le parti était un peu mieux géré il n’y aurait pas eu de si nombreux cas dans toutes nos fédérations.  Le plus curieux c’est que tu ne sois pas descendu dans l’arène pour te défendre toi-même, lorsqu’à Dabou, ton autorité a été bafouée par Serges Agnero. Tu n’es pas non plus descendu dans l’arène lorsqu’à Soubré l’autorité du Secrétaire général du FPI a été défiée par Gogui Théophile. Tu n’es pas descendu dans l’arène lorsque l’autorité du Ministre d’Etat Bohou Bouabré a été contestée par le Ministre Tagro à Issia/Saioua. Et là, te voilà dans l’arène pour défendre Tagro contre Koulibaly. Est-ce cela être un homme d’Etat, et premier responsable d’un grand parti comme le FPI ? Je me demande bien quelle est la logique de cette réaction de soutien au Ministre Désiré Tagro, Secrétaire National qui aurait un comportement d’homme d’Etat face à moi le mauvais vice-président de ton parti.
 
Quel dommage !
Je t’invite autant que toute la direction et tous les militants du FPI à lire ou à relire le texte de ma conférence. J’invite tout le parti à redevenir ce que nous n’aurions jamais dû cesser d’être : un parti politique responsable qui aspire à gouverner autrement la Côte d’Ivoire.  Il ne s’agit pas de savoir où j’étais le 19 Septembre 2002 au moment où Désiré Tagro défendait la République ou si depuis mon adhésion au FPI j’ai contribué à quoi que ce soit de bien pour ce parti. Car à cette allure, bientôt Désiré Tagro et ses amis se demanderont si je suis Ivoirien pour me permettre d’intervenir dans le débat national.  Non ! N’allons pas dans les poubelles de la falsification de l’histoire et du révisionnisme. Et si on oubliait Mamadou Koulibaly pour revenir aux questions que les Ivoiriens et les Africains se posent ? A quand la fin de la crise pour qu’enfin nous attaquions les vrais problèmes des populations ?  Ne personnalisons pas le débat. Je parle de la Côte d’Ivoire et toi tu me reproches de parler  aux Ivoiriens et de leurs problèmes ? N’est-ce pas eux les souverains qui nous ont donné le pouvoir ? Peut-on oublier Mamadou Koulibaly et penser la Côte d’Ivoire ?  Parlons de responsabilité morale. Parlons de responsabilité politique. Et sur ce terrain nous sommes attendus par nos concitoyens. Je ne retire rien à mes propos et je ne regrette pas de les avoir tenus. Si c’était à redire, je le redirais avec encore plus de véhémence.  Les Ivoiriens ne nous ont pas élus en 2000 pour les commander mais pour les servir. Notre engagement n’était pas de gérer leur vie quotidienne mais de gouverner l’Etat. Notre loyauté ne doit pas se mesurer à l’aune de notre attachement à un chef, mais aux principes et aux valeurs qui fondent notre projet de société. Ne comptez ni sur une démission ni sur une concession de ma part."
 
 Sorties musclées du Président de l’Assemblée Nationale        
Voici le vrai problème de Mamadou Koulibaly

 
Mamadou Koulibaly est absolument l’homme politique ivoirien le plus médiatisé de la semaine écoulée.
 
C’est presque le branle-bas de combat au sein de La Majorité présidentielle et surtout au FPI dont est issu Mamadou Koulibaly, le patron de l’hémicycle ivoirien connu pour ses critiques acerbes qui n’épargnent personne. Une posture qui avait suscité une vive polémique  amenant le chef de l’Etat Laurent Gbagbo mentor ( ? ) du président de l’Assemblée Nationale à rassurer les militants qui ne comprenaient  pas les coups de boutoirs de ‘’l’enfant d’Azaguié’’. ‘’ Laissez Koulibaly parler, il est comme ça’’ avait-il essayé de tranquilliser. Mais avec son nouveau look déménageur, ‘’Mam Koul’’ n’a pas fait dans la dentelle contre Désiré Tagro. Tous ceux qui de près où de loin se félicitent des ‘’avancées notables’’ du sésame de Ouaga cher à Laurent Gbagbo et Guillaume Soro en ont eu pour leur grade. Et depuis, le marigot politique ivoirien s’interroge sur ce qui fait courir le numéro deux du régime Gbagbo, par ailleurs troisième personnalité du Front Populaire Ivoirien. Derrière les attaques au vitriol du ‘’citoyen’’ Koulibaly, il faut voir un mal-être vécu par un collaborateur du chef de l’Etat qui pense que son parti, le FPI, ne fonctionne pas comme il l’aurait voulu.  Certes, il n’a pas la prétention de vouloir dicter ses points de vue à l’ensemble des instances du parti mais Mamadou Koulibaly se dresse en fait contre le manque de cohérence et de concertation de toutes ces instances sur les grandes questions qui engagent l’avenir de la Côte d’Ivoire. En l’absence donc d’une ligne directrice dument édictée par le président du parti, Mamadou Koulibaly se dit que toutes les suggestions et contributions peuvent éclairer les débats. C’est le véritable problème de Mamadou Koulibaly à qui l’on enjoint de se conformer à la discipline du parti. Mais comment peut-on se conformer à la ‘’discipline’’ d’un parti où le président n’arrive pas à établir fermement son autorité sur tous les militants et où les consignes sont souvent dictées par des personnes extérieures ? Tout le problème  est là et si Koulibaly se comporte en ‘’élément incontrôlé’’, c’est tout simplement parce que le fonctionnement du FPI lui offre des brèches. Même au niveau de La Majorité Présidentielle, ce manque de coordination et de convergence sur les questions brûlantes s’avère  être une tare congénitale. Au FPI cette cacophonie est entretenue par Alcide Djédjé et Sokoury Bohui Martin. Ce dernier qui a quasiment mis sous l’éteignoir son secrétaire général Miaka Oureto, fait désormais office de porte-parole du parti. Sur les préoccupations nationales, ce sont ces deux personnalités qui servent de boussoles aux militants du FPI, sans être forcément mandatées par Affi N’Guessan. Il n’est donc pas surprenant qu’au FPI, certains, dont le président Affi en personne, se fendent de déclarations stigmatisant l’échec de l’Accord de Ouaga à Abidjan comme à Paris, tandis que d’autres à l’instar de Eugène Djué ‘’consigné’’ à Diabo son village natal, défendent le même accord, après une audience ‘’surprenante’’ avec Guillaume Soro à la Primature. Tant que ce sont des personnalités de second plan, ni n’ayant pas l’audience du barbu de l’Assemblée nationale, on s’en accommode. Sur la question de la discipline du parti, l’on n’est pas à une contradiction près au FPI. Lorsqu’il s’est agi de taper du point sur la table pour inciter Guillaume Soro et ses hommes à bouger d’un iota sur le désarmement, le FPI s’est laissé littéralement entraîner par les déclarations fracassantes de Charles Blé Goudé contre son ami Guillaume Soro. Et pendant que le président du COJEP se répartissait de sa casquette de DNCA pour mieux voler dans les ailes de  Guillaume Soro, Issa Malick arborait le sien pour affirmer au cours de la même cérémonie à Gagnoa que tout allait bien entre les Forces Nouvelles et La Majorité Présidentielle, sans que l’un ou l’autre ait été rappelé à l’ordre pour indiscipline. De quelle discipline parle le FPI, quand des incantations de personnalités supposées influentes ont valeur de doctrine ou de ligne de conduite à défaut de réunions formelles des instances de décision ? Et puis en vérité qu’est-ce qui fait tant jaser certains caciques du FPI ? Est-ce le fait que Koulibaly ait redit que Ouaga a échoué comme l’avait relevé son chef Affi lui-même en France devant la presse lors de la passe d’armes avec le Premier ministre ?  Ou est-ce l’invitation faite à Désiré Tagro de démissionner  qui dérange? Dans les deux cas, il est clair que ceux qui alimentent la polémique  au FPI ont des arrière-pensées contre le ‘’libre-penseur Koul’’. Parce qu’en réalité Mamadou Koulibaly n’a fait qu’emboîter le pas à son chef de parti, dont il est par ailleurs le chef au niveau de l’Etat en sa qualité de Président de l’Assemblée nationale. Concernant le ministre Désiré Tagro, Mamadou Koulibaly a exprimé un point de vue que le principal concerné n’a pas jugé bon de commenter. Alors pourquoi toute cette agitation contre ‘’le Barbu de la République’’ ? En cette période électorale, les observations de Koulibaly Mamadou ne sont certes pas de nature à lui valoir des lauriers mais le FPI doit-il pour autant brandir l’épée contre lui ? Ne serait-il pas plus judicieux de mettre au fauteuil blanc ce ‘’vibrion’’ qui expose le linge sale en public, afin, une fois n’est pas coutume, de tirer le meilleur de lui par une clarification des choses ? Car si la politique se veut la saine appréciation des réalités du moment et qu’un dialogue inter-ivoirien est venu se greffer à ‘’l’évangile selon Ouaga’’, la démarche de Mamadou Koulibaly ne serait rien d’autre que celle d’un artificier en mission de déminage, pour une alternative à un Accord ‘’embourbé dans ses contradictions congénitales’’. Affi N’Guessan est bien placé pour savoir qu’à Marcoussis, Laurent Gbagbo lui a donné l’ordre formel de signer l’accord. S’il est clair que Mamadou Koulibaly n’a pas reçu de consigne de sortir des débats, n’empêche que c’est sa posture qui a servi de doctrine pendant longtemps, à côté de l’accord de Marcoussis. Même s’il y’a eu Ouaga, il ne faut pas négliger le caractère particulier des rapports à la fois affectifs et de force entre Laurent Gbagbo et Mamadou Koulibaly

Avec le partenariat de L’Intelligent d’Abidjan / Par Charles Kouassi et Valery Foungbé
 

Encadré : L’Indiscipline et le FPI, un amour de toujours

S’il est des mots que des cadres du FPI veulent utiliser en ce moment pour qualifier les récentes sorties du président de l’Assemblée Nationale, c’est bien l’indiscipline et le manque de solidarité. Mamadou Koulibaly dont les propos ont amoché toute la nomenklatura du FPI serait coupable d’un crime de lèse-majesté, un manquement appelé ‘’discipline du parti ‘‘et absence de solidarité, ou pis manque de loyauté. Ce qui lui vaut d’être la cible de nombreux francs-tireurs dont certains sortis d’outre-tombe, se livrent à un jeu de massacre contre cet empêcheur de ‘’refonder en rond’’. Toute cette agitation est un écran de fumée pour masquer la déchirure ou du moins la division d’un parti dont la cohésion ne tient encore qu’au charisme et au leadership de Laurent Gbagbo amusé par la bataille de ses ‘’héritiers’’ à lui, après qu’il a bénéficié de la guerre entre les héritiers d’Houphouët. Autant la guerre des héritiers d’Houphouët a fait mal à la Côte d’Ivoire, autant celle des héritiers de Laurent Gbagbo peut également faire mal.  Au lendemain des négociations de Linas- Marcoussis en Janvier 2003, n’est-ce pas la Première Dame Simone Gbagbo qui fut le porte-étendard de la fronde contre Affi N’Guessan son supérieur hiérarchique au FPI ? Ce dernier accusé d’avoir signé un accord qui dépouillait Laurent Gbagbo de ses pouvoirs avait manqué de peu de se faire évincer de la tête du parti. Or au nom de la discipline du parti, tout le monde y compris Simone Gbagbo aurait dû s’aligner sur le document qui engageait le FPI. Quelles mesures Affi N’Guessan a-t-il prises à l’encontre de la Première Dame qui a poussé son aversion contre Marcoussis en mentionnant dans ‘’Ses Paroles d’Honneur’’ que Affi N’Guessan avait signé un mauvais accord ?  Pourquoi n’a-t-il pas été ferme dès le début avec Mamadou Koulibaly aussi qui pourfendait cet Accord ? Ou bien existe-t-il au FPI des ‘’indisciplinés du parti ’’ intouchables qui peuvent se permettre d’attaquer impunément le président du parti ? Mamadou Koulibaly ne participerait pas aux réunions selon Affi N’Guessan mais est-il le seul dans cette situation au FPI ? Le Président du Fpi n’a pas encore été ferme avec les ministres de son parti qui boycottaient les mêmes réunions, tout comme certains Directeurs Généraux qui n’ont plus d’égards pour lui parce qu’il n’est plus Premier Ministre. Plus près de lui, le patron du FPI a du mal à discipliner le très socialiste Serges Agnero, pas encore remis de n’avoir pas été choisi comme DDC à Dabou. Revenir sur la kyrielle de cas d’indiscipline au sein du FPI est un exercice fastidieux. Ahoua Don Melo est un pionnier en la matière, lui qui n’a pas hésité à créer un courant au sein du FPI. D’ailleurs Don Mello l’a fait au moment où encore dans l’opposition, le professeur Koulibaly faisait prendre le virage de l’économie sociale du marché au FPI. Un virage à l’époque déjà considéré comme une trahison à la vision et à l’idéologie. Il y a bien longtemps que les écuries d’Augias auraient dû être nettoyées parce qu’en vérité au FPI et dans La Majorité présidentielle, le respect dû au président Affi N’guessan dépend des périodes de remaniement ministériel, et des moments de tension comme lors de la crise de la dissolution en Février dernier, et surtout des liens avec le président Gbagbo

Avec la partenariat de L’Intelligent d’Abidjan / Par Valery Foungbé
 

Wed, 09 Jun 2010 02:16:00 +0200

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