Gestion de la liste électorale / De Beugré Mambé à Youssouf Bakayoko :Ces chiffres qui trahissent les efforts financiers de l’Etat

G.R et S. Débailly
Encadré (1)
Beaucoup de bruit pour rien
A trois jours de la validation de la liste provisoire qui sera connue le dimanche 5 septembre 2010, tous les regards sont tournés vers la Commission Electorale Indépendante (CEI). A l’analyse et si l’on s’en tient à la conférence prononcée par le porte-parole de la CEI, Bamba Yacouba le mercredi 25 Août 2010, les CEI locales avaient traité 30.293 cas de demandes en radiation. La moisson a été bien maigre pour le camp présidentiel qui aurait introduit sur l’ensemble du territoire 800.000 cas de demandes en radiation. Sur 6.300.000 électeurs au départ sous Robert Mambé, 5.776.000 avaient été retenus à la date du 25 Août 2010 par la CEI, soit 523.216 recalés en attendant la liste définitive du dimanche prochain. Les retards observés dans l’élaboration de la liste électorale sans compter les nombreux reports de la date de la présidentielle, ont nécessairement engendré des coûts qui ont une répercussion sur le budget qui était de 36,5 milliards de Fcfa au départ. Déjà en février 2010, bien avant son limogeage, Robert Beugré Mambé avait estimé les besoins de la Commission Electorale Indépendante à 5milliards de Fcfa. Six mois après, avec la situation qui perdure surtout avec la phase du contentieux qui a occasionné des sorties énormes urgentes, le budget de la CEI a connu une hausse vertigineuse. Face à cette situation, Youssouf Bakayoko vient de soumettre la semaine dernière un nouveau budget au gouvernement afin de mener à bien sa mission. Cette mission qui se pose comme un véritable challenge pour l’actuel président de la CEI qui travaille dans l’ombre sans tambour ni trompette, malgré les difficultés qu’il rencontre dans l’exercice de ses fonctions. Que de gâchis et beaucoup de bruit pour rien. Le camp présidentiel n’ayant pas atteint ses objectifs, on aurait pu faire l’économie de tous ce temps perdu qui a coûté cher à l’économie ivoirienne déjà essoufflée par huit ans de crise
Dosso Villard
Encadré (2)
Et si Koulibaly avait raison
Nous vous proposons un extrait du discours de Mamadou Koulibaly, Président de l’Assemblée Nationale le 2 Juin 2010, face à la Convention de la société civile, relatif au contentieux électoral.
‘’La priorité doit être désormais la liste électorale, les autres réponses en découleront. Il faut cesser la fuite en avant. Les listes blanche et grise doivent fusionner sans condition pour dégager une liste unique. Toutes les personnes figurant sur cette nouvelle liste doivent être considérées automatiquement et définitivement comme des Ivoiriens et la CEI doit leur remettre leur carte d’identité et leur carte d’électeur. C’est le résultat de l’APO, la part d’héritage que nous devons assumer. Il ne s’agit pas de chambouler d’un revers de main le code de la nationalité ivoirienne. Notre propos ici se limite à l’analyse de la liste électorale. Nous sommes confrontés à un problème inextricable : une frange d’inscrits est dans l’impossibilité de prouver sa nationalité ivoirienne. L’adage ne dit-il pas qu’à l’impossible nul n’est tenu ? Sans revoir le cadre juridique de la nationalité en général, dans le cas présent, deux chemins s’ouvrent à nous : le rejet ou l’intégration. En cas de doute, les fondements du droit nous incitent à interpréter dans le sens le plus favorable au demandeur. L’exclusion est le terreau de la haine. Les tergiversations risquent de durer des mois voire des années si le problème n’est pas tranché énergiquement de manière responsable. Au-delà des aspects juridiques, le problème est humain et repose sur l’altruisme et la compréhension. Il ne s’agit pas d’accepter comme ivoiriens tous les étrangers présents sur le sol ivoirien. Il s’agit de régler le sort de toutes ces personnes qui sont sur la liste électorale et qui sont soupçonnées de fraude. Un doute subsiste mais nulle certitude n’a pu être établie quant à leur statut de fraudeur. Ce doute pourrait-il justifier à lui seul le blocage du processus électoral en Côte d’Ivoire ? Est-ce une attitude responsable de la part des décideurs de condamner tout un pays à l’inertie politique ? Chacun des membres de la classe politique a son parti pris sur le sujet et chacun défend, en toute logique, les intérêts de son camp. Mais, n’est-il pas temps de construire la nation sur les valeurs et les sujets qui rassemblent plutôt que sur ceux qui divisent ? Depuis de longues années, des Ivoiriens se disent prêts à mourir pour la Côte d’Ivoire qu’ils aiment, chérissent et protègent de toute agression. Il y a aussi des personnes qui se disent prêtes à donner leur vie pour devenir ivoiriennes parce qu’elles aiment la Côte d’Ivoire, qu’elles la chérissent et qu’elles veulent y vivre définitivement avec les Ivoiriens. Cette complicité affective n’exclue pas les points de divergence entre ces deux groupes. Les uns ne veulent pas brader la nationalité ivoirienne, les autres disent avoir un bout d’histoire en Côte d’Ivoire et pensent que le pays ne peut être réservé aux seuls Ivoiriens. Pourquoi cette peur de l’étranger ? Serait-il responsable des maux contagieux pour la nation ivoirienne ? Et de quels maux s’agit-il ? Dans le processus de l’APO, les signataires admettent implicitement que l’identification de la population doit être liée à une naturalisation à grande échelle de tous ceux qui peuvent se faire enrôler juste avec un extrait de naissance. Aujourd’hui, l’amour de la Côte d’Ivoire, qui est le meilleur dénominateur commun entre tous ceux qui se battent pour ce pays, devrait constituer le ferment de la naissance d’une nouvelle Côte d’Ivoire généreuse, accueillante et hospitalière’’.
Avec le partenariat de l’Intelligent d’Abidjan
Thu, 02 Sep 2010 08:51:00 +0200
0