L’UMP réclame Nicolas Sarkozy

Selon l’enquête Ifop-JDD, 53% des sympathisants UMP souhaitent que l’ex-président soit candidat en 2017 et 40% qu’il reprenne sa place dans le débat public. Seuls 7% d’entre eux ont tiré un trait sur lui.

"Mon retour n’est pas du tout d’actualité." Découvrant les résultats du sondage de l’Ifop réalisé pour Le Journal du Dimanche, Nicolas Sarkozy a tout de suite flairé le piège. Pas question de sortir de sa réserve. Même pour commenter une enquête révélant que 53% des sympathisants UMP souhaitent son retour sur la scène politique et même sa candidature à la présidentielle de 2017. Quarante pour cent veulent que l’ancien président de la République s’exprime au moins sur différents sujets. Et seulement 7% ne veulent plus entendre parler de lui. Même s’il convient de prendre en compte la taille de l’échantillon (400 sympathisants UMP sur les 2.000 personnes interrogées), le sondage montre que Nicolas Sarkozy est loin d’être éliminé de la vie politique. Le peuple de droite n’est donc pas rancunier. Un peu plus de cent jours après la défaite, Nicolas Sarkozy est plébiscité par son camp. Voilà qui ne fera sûrement pas les affaires des candidats à la présidence de l’UMP. À commencer par François Fillon et Jean-François Copé qui visent clairement une candidature à l’Élysée dans cinq ans.

Bon sondage ou pas, Sarkozy n’entend pas changer de sa ligne de conduite : se mettre au vert "au moins deux ou trois ans", "faire autre chose que de la politique à la rentrée" en espérant un éventuel retour en 2016. À l’instar de Tony Blair ou Bill Clinton, il devrait entamer à l’automne une carrière de conférencier international. Ce qui ne lui interdit pas d’ici là d’intervenir sur des sujets importants comme il l’a fait à la surprise générale le 7 août. Ce jour-là, Sarkozy publie un cinglant communiqué sur les "massacres" en Syrie. Une charge sévère contre l’apathie diplomatique de François Hollande. Dans les heures qui suivent, toute la droite se remet à l’heure sarkozyste et reprend en boucle l’argumentaire de son ancien chef. La droite marque un point.

"Les militants sont encore à l’heure sarkozyste"
En vacances au cap Nègre où il a reçu notamment Bernard-Henri Lévy, Nicolas Sarkozy savoure. "Sa sortie sur la Syrie montre qu’il a envie de revenir", relève un filloniste. "Il en crève d’envie", renchérit un copéiste. Brice Hortefeux relativise : "Pourquoi un ancien président n’aurait-il pas le droit de s’exprimer sur les questions humanitaires, diplomatique et de droits de l’homme?" Franck Louvrier, son ancien responsable de la presse, poursuit : "Ce n’est pas parce qu’il intervient sur la Syrie qu’il faut en tirer des conclusions politiques." Édouard Balladur, qui l’encourage en coulisses à préserver ses chances pour un éventuel retour, lui a conseillé de ne pas reprendre la parole avant. l’an prochain. Bref, la stratégie est claire : se faire désirer donc plutôt que précipiter un retour. Éviter de se brûler les ailes comme Valéry Giscard d’Estaing en 1981 qui voulut revenir trop vite afin de prendre sa revanche sur François Mitterrand. Une revanche qu’il n’obtiendra jamais puisqu’il devra laisser la place en 1988 à son ancien Premier ministre Raymond Barre, beaucoup plus populaire que lui. Une situation qu’on ne peut pas exclure en 2012 tant Fillon paraît aujourd’hui plus fort dans les sondages que Sarkozy.

Dans l’immédiat, cette stratégie du "recours" ne colle pas tout à fait avec celle de l’association Les Amis de Nicolas Sarkozy qui se réunit en fin de semaine à Nice. L’ex-locataire de l’Élysée a demandé à son ami Brice Hortefeux qui préside ce fan-club de ne pas prendre position dans le duel Copé-Fillon. Sarkozy n’apprécie pas non plus de voir Christian Estrosi se servir de son nom pour promouvoir ses ambitions personnelles. Il n’empêche. La nature a horreur du vide. Pour l’instant, les sympathisants UMP n’ont pas fait leur deuil de Sarkozy qui avait annoncé pendant la campagne qu’il abandonnerait la vie politique en cas de défaite même s’il s’est bien gardé de prononcer des mots définitifs le 6 mai dans sa dernière prise de parole à la salle de Mutualité. "Ce sondage montre que les militants sont encore à l’heure sarkozyste. Ni Fillon, ni Copé n’ont réussi à l’effacer, encore moins à le remplacer. La bataille pour la présidence de l’UMP ne soulevant pas vraiment jusqu’à présent l’enthousiasme", constate Jérôme Fourquet, directeur adjoint de l’Ifop.

Un avis partagé par l’ancienne ministre Valérie Pécresse ralliée aujourd’hui à François Fillon : "La base est en deuil. C’est vrai qu’une partie de la droite a des remords. Certains regrettent de ne pas avoir assez soutenu Sarko." L’ex-ministre Roger Karoutchi, qui soutient Copé, remarque qu’il est "impossible" d’émettre la moindre réserve sur le bilan de Sarkozy. Le futur patron de l’UMP, qui sera désigné les 18 et 25 novembre prochain, n’aura de toute évidence pas la tâche facile. Il devra compter avec l’ombre tutélaire de Nicolas Sarkozy et héritera d’un parti profondément sarkozyste, coupé en deux sur la question des alliances avec le FN (52% sont pour) et sans ligne idéologique clarifiée.

Le sondage Ifop pour le JDD – Source: le JDD

Wed, 22 Aug 2012 21:31:00 +0200

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