
Contrairement au journalisme citoyen qui jouit d’une certaine liberté qui frise même le libertinage, le journalisme classique, traditionnel, lui, est régis pas un code d’éthique et de déontologie auquel s’astreignent tous les journalistes, disons tous ceux qui savent ce que renferme ce code et qui n’ignorent pas la noblesse de leur métier.
Il ne suffit donc pas de savoir rédiger un papier-presse, faire un commentaire sur un sujet quelconque ou publier sur un site pour se flanquer le titre de journaliste −parce que n’est pas journaliste qui veut. J’ai toujours eu de l’admiration et une considération particulière pour les journalistes ou simplement les hommes de média. Car, le métier de journaliste est un métier noble. Ce n’est nullement pas par exagération que les médias sont désignés comme le 4ème pouvoir dans tout Etat, derrière bien sûr l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire.
Toutefois, cette noblesse de leur profession, nombreux sont les journalistes qui semblent l’ignorer, et c’est là l’objet de cet article qui analyse le contexte spécifique de la Côte d’Ivoire. Ceci n’est en rien un procès ni un dénigrement car il existe –heureusement− encore de bons, de vrais journalistes qui respectent leur métier et qui font preuve d’un professionnalisme exemplaire.
Les seules fois où je me suis surpris assis devant la télévision ivoirienne, c’était pour regarder un film policier américain qui commence, comme d’habitude, par un meurtre qui donne lieu à une enquête. Ce qui me fascine, c’est cette façon dont les policiers constituent les puzzles à partir des pièces à conviction pour ensuite retrouver le coupable. Hormis cela, les journalistes de la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne (RTI) pour lesquelles, tout ivoirien, qu’il ait une télé chez soi ou non, qu’il suive les émissions proposées ou non paie, très souvent malgré lui, cette taxe qu’est la «redevance RTI» qui s’ajoute automatiquement à nos factures d’électricité ne me proposent plus rien.
Si ce n’est la musique, ce sont les feuilletons qui suivent de longues publicités –puisqu’il faut faire rentrer de l’argent à la maison pour payer le personnel. Pire encore, rentré du service épuisé, alors qu’il est 20h, tu t’installes pour suivre le journal télévisé afin de t’imprégner de ce qui se passe à Aboisso, Man, Sassandra ou à Odiéné, tu allumes ta télé, grande est ta surprise de voir un Match de football opposant Galatasaray à Chelsea qui se joue à des kilomètres de loin de chez toi. Alors que dans le pays profond, ils se passent chaque jour des choses qu’on ignore. Parfois, tu vis en Côte d’Ivoire mais c’est un ami ou un cousin qui, depuis Paris, Londres ou Chicago t’appelle pour t’informer qu’il y a eu un affrontement entre Dozos et populations à Sikensi. Une information qu’il tient sur RFI, France 24, BBC ou VOA. Tu cours allumer ta télé, mais c’est un clip d’Arafat Dj entourés de filles à moitiés nues qui t’es servi suivi d’une interview spéciale qui lui est accordée pour dire quand sortirait son prochain album et les dates de sa prochaine tournée. Rouge de colère, tu éteins ta télé, mais la RTI, elle, s’en moque. Tu paieras, le mois terminé, ta «redevance RTI». Tu paie donc pour ce que tu ne consomme pas.
La Musique, le foot, les feuilletons etc, tout ceci est bien parce que ça attire du monde offrant ainsi un cadre propice pour «vendre», car la RTI reste avant tout une entreprise donc guidée par le profit. Mais, il serait souhaitable que tous soient pris en compte, sinon le contexte est perverti et le jeu devient malsain.
Quand tout ceci est fini et qu’une petite place est accordée aux nouvelles, surtout aux questions politiques, tout commence par “l’Agenda du Chef de l’Etat” comme si celui-ci était le centre de la Côte d’Ivoire. Ce n’est pas en soit le fait de parler du Président qui pose problème, mais ce qui m’intrigue, c’est la manière. Par «manière», je fais allusion au temps consacré à ses activités, à celles de son parti d’origine ou aux partis de ses alliés. Pour un journal télévisé qui dure 30 minutes, “l’agenda du Chef de l’Etat” occupe 13 minutes, les 8 prochaines sont consacrées à un rassemblement de son parti ou à un meeting de ses alliés, les partis d’opposition devront attendre. Seulement 6 minutes sont consacrées à l’intérieur du pays où un ministre s’est rendu dans une localité pour “la pose d’une première pierre”. Passé cela, le journaliste donne une information qui capte ton attention. Tu ouvres grand les yeux pour suivre, il te sert cette vulgaire expression “on y reviendra dans nos prochaines éditions” sans jamais y revenir. Tant pis pour toi. Les 3 dernières minutes sont réservées à “l’actualité hors de chez nous”. Le journaliste t’invite à “faire le tour du monde“ avec lui mais… ”en image”. Ne te méprend pas. Ce “tour du monde“ se limite à deux ou trois pays au maximum.
Malgré tout ceci, on se force d’accepter. Cependant, ce qui reste inacceptable, c’est ce militantisme que démontrent les journalistes. En Côte d’Ivoire, l’appartenance politique des journaux se distingue par leurs couleurs. Si le journal est à dominance Bleu, il est proche du FPI, Vert, du PDCI, Rouge et maintenant Orange, du RDR. «Dis-moi quel journal tu lis, je te dirai de quel bord politique tu es» pourrait-on tenir pour maxime ici. Ce militantisme est d’autant plus flagrant que même si tu tiens une page photocopiée d’un quotidien sans son titre ni sa couleur, tu peux aisément deviner son appartenance.
Être journaliste –pour ce que je sais− n’exclut pas le militantisme. Cependant, si les commentaires sont libres en journalisme, les faits, eux, sont sacrés. Il y a donc obligation de les rapporter tels quels, quitte à les faire suivre de tous ce qu’on veut.
La noblesse du métier s’effrite lorsque certains journalistes privilégient leurs ventres et vendent leurs plumes. Plusieurs journalistes de très hauts niveaux, certains ayant même remportés les plus prestigieux prix du journaliste en Côte d’Ivoire dont je préfère taire le nom par respect pour eux et leurs proches ont soit disparu du petit écran, ou leurs voix se sont éteintes à la Radio ou encore leurs plumes sont «tombées». Ceci, simplement parce qu’ils/elles ont lié leurs destins au régime en place. Dès que le vend a soufflé, tous sont partis −avec le Chef. Aujourd’hui, en suivant la télé, j’en vois qui prononcent le nom de l’actuel Chef avec la plus grande attention. Demain, c’est sûr qu’ils s’en iront avec lui dans la plus grande déception.
A qui la Faute ?
Source : http://newsmotion.org
Tue, 26 Mar 2013 04:05:00 +0100
Je recommande ceci