Saison 2010- Coupes africaines, CAN : Le football ivoirien dans un profond coma

Photo : DR
Les clubs ivoiriens n’ont pu redresser la barre tordue par les Eléphants à la CAN 2010. Ils ont tous été éliminés prématurément des coupes africaines le week-end dernier. Plongeant du coup le football local dans un profond désarroi.

« Nous allons reprendre notre affaire en main », dixit amer Me Roger Ouégnin, en février dernier quelques jours après la débâcle des pachydermes ivoiriens à la CAN 2010 en Angola. A la question de savoir ce qu’il voulait dire par cette phrase, l’homme de droit, par ailleurs président de l’Asec Mimosas, a laissé entendre : « vous le saurez très bientôt ». Les responsables de clubs réunis au sein de la conférence des présidents de clubs de football de Côte d’Ivoire se rendent compte désormais de la réalité du terrain. Eux qui avaient vite crié après les mauvais résultats des Eléphants à Cabinda en Angola en début d’année. Parce que tout comme la sélection nationale, les clubs ivoiriens sont incapables de redorer le blason du football local. En témoigne, cet autre fiasco collectif en coupes africaines cette saison. Les quatre équipes ivoiriennes n’ont pas été à la hauteur tout simplement. Ce sont les Indomptables d’Issia Wazi pilotés par Mme Ginette Ross qui ont quitté la compétition dès le tour préliminaire. Ils ont perdu face à une modeste formation nigérienne, l’USFAN en coupe de la Confédération. Il restait donc en lice le Sewé Sport de San Pedro, victorieux de l’ASFA du Faso lors de la phase préliminaire de la coupe de la confédération, de l’Asec Mimosas et l’Africa Sport d’Abidjan, tous deux épargnés du tour préliminaire de la ligue des champions. Ces trois clubs avaient la lourde mission d’atteindre au moins la phase de poule des deux compétitions. Que nenni. Ils ont mis fin à leurs parcours dès les 16e de finale. La plus grande déception est venue de l’Asec Mimosas. Les jaune et noir ont fait piètre figure cette saison devant le petit poucet zambien, le FC Zanaco, venu les narguer à Abidjan. Que peut exiger Me Roger Ouégnin de Jacques Anouma après l’élimination honteuse de son club, lui le concerto-moraliste et la référence des présidents de clubs en Côte d’Ivoire ? Est-ce seulement les Eléphants qui font honte aux sportifs ivoiriens ? Que dire du Sewé Sport de San Pedro ? Les Portuaires d’Eugène Diomandé ont été éliminés à l’issue de l’épreuve fatidique des tirs au but par le tenant du titre, le Stade Malien. Les poulains du coach Saraka Norbert sont passés tout près d’un exploit. « On a eu des occasions pour nous qualifier mais Kouamé Eugène et ses camarades n’ont pas pu les concrétiser. Nous aurions aimé passer ce cap mais l’aventure s’arrête là. C’est la loi du football, mais nous disons que sur l’ensemble des deux matches, le Sewé a montré de grandes choses et méritait d’être en huitièmes de finale. Le Stade Malien s’en est bien sorti du fait de notre faute parce que les jeunes gens ont manqué de réalisme. Nous allons nous concentrer sur le championnat pour repartir à la conquête de l’Afrique la saison prochaine. Nous visons désormais le titre de champion de Côte d’Ivoire. », nous a confié hier le président du Sewé Sport, Eugène Diomandé depuis la capitale malienne. Et l’on ne peut que tirer le chapeau aux Portuaires dans la mesure où le Sewé Sport effectuait son retour sur la scène africaine après une année au purgatoire (Ligue 2). Le président Eugène Diomandé est une figure de proue de la Conférence au même titre que Me Roger Ouégnin. C’est pourquoi son action au niveau de son club est beaucoup suivie. Le dernier club à faire ses adieux aux coupes africaines, c’est l’Africa Sport d’Abidjan dont la situation n’étonne guère. C’est une habitude. Car les Aiglons n’atteignent jamais la phase de poule de la ligue des champions. Depuis l’avènement de Kuyo Téa Narcisse, l’Africa n’impressionne pas en coupes africaines et ce sont les palabres intestines qui font la une des journaux ivoiriens. De ce fait, personne ne misait sur les vert et rouge quand Al Hilal est venu concéder un nul (0-0) à Abidjan. Leur élimination à Khartoum après un cinglant 4-1 doit amener les dirigeants Aiglons à revoir leur gestion des compétitions internationales en recrutant des joueurs expérimentés et surtout en rappelant à la maison certains dirigeants écartés injustement.

Une situation congénitale
Comme en 2009, aucun club ivoirien ne disputera la phase de poule des coupes africaines. Le rideau est vite tombé et cela montre le malaise qui s’est emparé du football ivoirien. D’un côté, les Eléphants avec une pléiade de stars et de joueurs talentueux n’arrivent pas à faire plaisir à la CAN et de l’autre, les clubs ivoiriens ont du mal à faire bonne impression sur la scène continentale. Le football éburnéen va donc à vau-l’eau sans que cela n’émeuve les acteurs principaux préoccupés plutôt par les retombées financières. L’Académie de l’Asec Mimosas ne produit plus de joueurs talentueux depuis le départ de Jean Marc Guillou. Le jeu des jaune et noir n’enchante pas et l’équipe patine tant en championnat qu’au niveau africain. A l’Africa Sport d’Abidjan, Kuyo Téa veut inventer le football, en ne payant pas des primes à la signature aux recrues. Son leitmotiv, c’est « jouer à l’Africa est un label ». C’est pourquoi, le club qui était cher à Simplice Zinsou n’amasse que des joueurs de ‘’maracana’’, incapables de décanter une situation comme ce fut le cas des Maguy Serge Alain et autres Dali Benoît. Les autres clubs comme le Sewé et Issia Wazi ne récupèrent que les joueurs délaissés par l’Asec et l’Africa en fin de saison. « Si l’Asec laisse un joueur, c’est qu’il est fini », ironisent parfois les Actionnaires. Dans de telles conditions, que peuvent les clubs ivoiriens ? Absolument rien. En voulant prendre les choses en mains, ils doivent aussi faire leur part de sacrifice pour mériter la confiance du mandataire. « J’espère que ce n’est pas pour l’argent du Mondial 2010 qu’ils s’agitent tant », s’est voulu clair le président de la FIF au moment où les présidents de clubs clamaient haut et fort qu’ils « pouvaient retirer le mandat au mandataire à tout moment », s’adressant bien sûr à Jacques Anouma qu’ils ont élu à la tête de la maison de verre (FIF). En attendant le Mondial 2010, le football ivoirien est dans un long coma pour cette saison 2010 sous le regard impuissant des présidents de clubs qui semblent ne plus avoir la solution idoine. « Qu’ils viennent, nous allons nous consacrer au championnat national (ligue 1) et à la coupe nationale », a dit déçu un supporter de l’Africa Sport d’Abidjan. Eléphants et clubs ivoiriens déçoivent aux mêmes titres. Il serait mieux que les acteurs posent le problème en entier.

Avec le partenariat de L’Intelligent d’Abidjan / par Annoncia Sehoué

Tue, 06 Apr 2010 07:37:00 +0200

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