Sarkozy aurait dû rester en vacances !

Nicolas Sarkozy est rentré en France après trois semaines au Maroc. Il ne s’est pas exprimé depuis sa défaite, mais son retour alimente les conjectures sur le rôle qu’il pourrait vouloir jouer. Vous n’êtes pas pressé d’en savoir plus. Votre parti pris : Nicolas Sarkozy aurait dû rester en vacances ! Pourquoi ?

Il a beau avoir choisi Marrakech, trois semaines, c’est un peu court comme traversée du désert ! On sait bien que Nicolas Sarkozy a un retour à préparer – dans la vie active, sinon dans la vie publique. Mais l’empressement de ses amis est trop visible, leurs confidences trop calibrées pour qu’on ne devine pas la mise en scène. Plus ils répètent qu’il prend du champ, plus on entend qu’il pense à son come-back. En 1988, les mitterrandistes lançaient : "Tonton, laisse pas béton !" C’est un peu comme si les sarkozystes leur faisaient écho avec : "Sarko, lâche pas le morceau !" C’est quand même aller bien vite. Nicolas Sarkozy disait que le pouvoir l’avait changé ; visiblement, la défaite n’a pas eu cet effet : il est toujours aussi pressé. Trop.

Pour vous, pas de doute : il n’a donc pas renoncé à la politique…

Quand il a dit qu’il renoncerait, il le pensait sûrement. Le plus probable, c’est qu’il n’en soit plus vraiment sûr. Tous les grands leaders éloignés du pouvoir contre leur gré ont cherché à le reconquérir. Par goût du pouvoir, par orgueil, mais aussi pour donner à leur vie une perspective. De Gaulle lui-même a attendu – et fait en sorte – que les circonstances le rappellent. Giscard aussi a espéré, mais ça n’a pas marché. Nicolas Sarkozy pourra parler avec lui de sa retraite forcée (encore plus précoce que la sienne) quand il le croisera au Conseil constitutionnel. On a du mal à croire que ça suffise à occuper ses journées…

Est-ce que vous pensez qu’il voudrait reprendre le leadership sur l’UMP ?

Il doit plutôt penser à un magistère officieux, un statut de recours. C’est vrai que la crise de leadership est patente et que le match Fillon-Copé-Juppé ne fait pas très envie. D’après ses proches, Nicolas Sarkozy aurait dit au vu des derniers épisodes : "Dès que je ne suis plus là, c’est le bordel !" Ce n’est ni modeste ni vrai : c’était déjà le bazar avec lui ! À part pour la présidentielle, l’UMP a toujours ressemblé davantage à une tribu gauloise qu’à une légion romaine. Et depuis 2007, elle a perdu toutes les élections (sauf les européennes de 2009). On ne peut pas dire que le sarkozysme ait été l’âge d’or de la droite !

Est-ce que la mise en cause de Nicolas Sarkozy dans des affaires judiciaires peut hypothéquer un éventuel retour ?

A priori non. En l’état, il n’y a pas d’élément probant contre lui. Dans l’affaire de Karachi, il y a surtout des on-dit et des documents anonymes ; dans le dossier Bettencourt, les soupçons sont plus précis, mais rien ne prouve que Nicolas Sarkozy ait reçu de l’argent. Sans doute que les juges ne résisteront pas à la tentation (excitante) de convoquer le président battu. Ça peut être assez humiliant pour lui, mais si ça ne débouche sur rien de vraiment compromettant, il peut en tirer parti. Pour l’heure, son problème, c’est que les Français viennent de le juger – sur sa politique, sur son style et sur son bilan. Et que rien ne permet de dire s’il aura une possibilité de faire appel.

lepoint.fr

Mon, 04 Jun 2012 12:57:00 +0200

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