Séries Télévisées / Jean-Hubert Nankam, Dg de Martika Production déclare :‘’Nous rêvons d’un leadership du Président Gbagbo pour la série Class’A’’

Photo : DR
Depuis combien d’années êtes-vous présent en Côte d’Ivoire ?

Je suis arrivé en Côte d’Ivoire dans le courant 94-95 pour faire un documentaire pour TV5. Ayant vécu 22 ans en France, j’avais en projet de revenir en Afrique, mais je ne pouvais pas tout de suite choisir l’option d’aller au Cameroun. Parce qu’à l’époque, le secteur de l’audiovisuel n’était pas très développé dans mon pays. Venu en Côte d’Ivoire pour un tournage de deux (2) semaines, je me suis retrouvé (3 mois) à valider des accords de tournages ou des accords de partenariats avec la Rti (Ndlr : Radiodiffusion télévision ivoirienne). Tout ce temps m’a permis de connaître la Côte d’Ivoire. Finalement, je découvre un deuxième Cameroun qui est en fait la Côte d’Ivoire. Je me suis rendu compte que c’était le même environnement, avec les mêmes similitudes. La toute première opportunité en tant que producteur a été l’émission ‘’Investir en Côte d’Ivoire’’, en 1995. J’ai eu la confiance de quatre (4) personnes. Le ministre de la communication Boni Claverie, le directeur de la Rti à l’époque M. Ouattara Gnonsié et la directrice de la première chaîne Mme Marie-Paule Aboh, et Monsieur Jean Claude Kouassi Dg de Cepici (Centre de promotion et des investissements en Côte d’Ivoire). Ce sont ces personnes avec qui je négociais une coproduction sur le documentaire qui ont accepté que je propose une émission directe à la fin du forum, dans la grande salle de l’Hôtel Ivoire. Sur les quatre secteurs de la relance économique ivoirienne ce qu’on a plus connu sous l’appellation ‘’Eléphant d’Afrique’’. Un plateau sur lequel j’ai reçu le Premier ministre Daniel Kablan Duncan et tous les membres du gouvernement de l’époque. C’était un moment particulier à mon niveau parce que je n’en revenais même pas. Une chaîne publique dans un moment assez spécial diffuse l’émission d’un ‘’étranger’’, un camerounais qui étais le premier évènement d’une telle envergure après le décès de SEM Félix Houphouët-Boigny. En deux (2) ans, j’ai produit en direct quatre émissions sur les quatre forums. Evidemment, c’était des émissions qui étaient retransmisses sur TV5. A partir de ce moment, je montre à la Rti ce que je sais faire et ce que je peux faire en Afrique. Et ce, trois (3) ans après, puisse que je fonctionnais depuis Martika en France qui a été créé en 1992. J’ai obtenu comme deuxième challenge la production d’un mensuel économique. J’ai commencé à produire l’émission ‘’Challenge’’. J’avoue que je ne connais pas un pays en Afrique où on aurait permis à un non national de produire des plateaux aussi stratégiques. Nous avons produit à partir de la Côte d’Ivoire le documentaire qui a fait le résumé des négociations UE-ACP. Ensuite ce fut le tour de ‘’Différences’’, démarré en novembre 1999. Le concept était d’ouvrir un débat où les jeunes interviendraient sur des sujets qui étaient peut-être des débats d’adultes. Et cette fois, des sujets qui étaient débattus par les jeunes. Martika existe grâce à une ouverture d’esprit de la Rti. En tant que producteur, ma démarche est aussi de savoir ce que je peux faire. Vous avez dans l’audio visuel plusieurs formats. Le documentaire comme le débat en est un. La fiction m’intéressait. Je n’étais pas capable d’écrire un scénario pour un film grand public. Mais, j’étais aussi conscient que le cinéma grand public est un challenge assez complexe pour l’Afrique. Quand on produit un long-métrage en Afrique où est-ce qu’on diffuse ? Il n’y a pas beaucoup d’endroits. Et comme je ne viens pas du cinéma -je suis de la télévision- et ce qui m’intéresse, c’est ce qui est diffusable en Télé. Quand on en parle, on fait allusion aux télénovelas, des séries télé. Les années collèges qui correspondent au concept de ‘’Class A’’, durent depuis 40 ans.

Comment vous est né le concept ‘’Class A’’ ?

En 2001, j’ai commencé à travailler sur le projet d’une série Télé avec un jeune scénariste : Zadito. Nous avons conçu le projet et fait le casting. Ça devait s’appeler ‘’Un immeuble dans la cité’’. C’est une histoire qui devait se passer dans un immeuble. Et on a passé un an à chercher l’immeuble. On a formé une trentaine de personnes pendant dix (10) jours dans une ville appelée Affery. Mais, au retour, on a été confronté à un problème. Quand le propriétaire de l’immeuble était d’accord, les locataires n’étaient pas d’accord parce qu’il fallait faire attention à la vie privée. Et quand les locataires étaient d’accord, les propriétaires ne l’étaient pas. Parce que certains propriétaires ne voulaient qu’on détermine la propriété de l’immeuble si la série se faisait et qu’elle donnait du succès. Au bout d’un an de frustration en continu, j’ai choisi de m’entêter dans le format Télé et de trouver quelque chose de plus abordable. C’est là que commence l’histoire de ‘’Class’A’’. Le concept est les années collèges, c’est-à-dire la vie des élèves dans un collège. J’ai été nourri de cela quand j’étais étudiant en France. Même si au départ je n’étais pas encore professionnel, je savais à peu près ce qu’une série de ce genre pouvait donner comme impact. Pour Martika, c’était une amorce. Comment entrer dans ce nouveau format. Après le synopsis, le casting et une formation des acteurs qui dure deux (2) ans. Puis, on fait un pilote (Ndlr : l’élément d’essai qui permet de voir si le produit fonctionne). On recycle les acteurs de la première série parce qu’on n’a pu tourner. Quand on fait le pilote de ‘’Class’A’’ avec, en plus de Zadito, je rencontre un jeune réalisateur appelé Armand Brice Tchikamen. Je lui demande sa touche parce que le projet dure depuis deux (2) ans. L’un des éléments de succès de ‘’Class’A’’ a été le rythme, l’image et la façon dont ça été réalisé. Et ça, c’est l’apport d’Armand. Et c’est quand on sort le pilote qu’on se rend compte qu’on tient quelque chose d’intéressant. Le pilote était un succès et toute mon équipe me demande de le diffuser. Je me suis dit si je diffuse le pilote, c’est la meilleure façon de ne pas produire le projet. Contre l’avis de toute l’équipe technique, j’ai bloqué le pilote pendant huit (8) mois. C’est-à-dire jusqu’à ce qu’on soit capable de commencer le tournage de la série. Au départ, c’était un projet de treize (13) épisodes. Après les premières séquences et les bandes d’annonce, j’informe la Rti (Radiodiffusion télévision ivoirienne). Alors que je n’avais pas encore l’accord de la Maison bleue de Cocody, j’ai contacté mon ami Constant Nemalé, fondateur de 3A Télé sud. Je lui dis ce que je fais en Côte d’Ivoire. 3A Télé sud commence la diffusion ainsi que les bandes annonce de ‘’Class’A’’. C’est entre temps que la RTI me donne son accord. Quand on s’est rendu compte qu’on avait quelque chose qui commençait à plaire, on est passé de 13 à 26 épisodes. Ensuite de 26 à 52 épisodes. Mais la décision d’augmenter les épisodes se prenait sur le tournage. Parce que les acteurs autant que nous, avaient l’envie de continuer sous réserve de trouver les financements pour les autres épisodes. Tout ce que nous faisons sont des actions sans soutien financier, parce qu’au niveau de Martika on s’était préparé pour lancer ce projet. Le plus cher dans une production comme celle-là, c’est le matériel, les ressources humaines et les cachets d’acteurs. Depuis l’an 2000, Martika s’était lancée dans un programme d’équipement.

La série ‘’Class’A’’ pour la saison I s’est terminée avec beaucoup de succès. Nous avons entendu dire que vous avez eu des difficultés avec l’un de vos sponsors. De quoi il en retourne exactement ?

Dès que nous avons commencé à diffuser, je rencontre le sponsor, un opérateur téléphonique qui me donne un accord sur 10 épisodes. Après, il rallonge sur 10 autres. On a continué comme ça jusqu’à ce qu’on termine la première saison. Le souci avec le Sponsor de la saison1 fait l’objet depuis 2 ans d’une négociation qui je l’espère devrait se régler à l’amiable même si j’avoue que c’est très long et ça a eu un impact sur l’enchainement de la saison 2, mais je reste optimiste quand à sa conclusion à l’amiable. Entre temps sur le marché ivoirien comme partout en Afrique, on sait rendu compte qu’il y avait de plus en plus de séries qui sortaient. On s’est rendu compte à l’époque, que plus il y avait de séries plus on était convaincu qu’on avait fait le bon choix. Et quand vous êtes dans cette posture, vous avez une obligation d’innovation. Moi en tant que producteur, j’ai eu une formation de producteur télé que je n’avais pas au début. Le concept de la première saison, c’est une classe préparatoire dans une formation supérieure de trois (3) ans et le contenu de la formation est basée sur les Ntic (Ndlr : Nouvelles technologies de l’information et de la communication).

Pourquoi une saison 2 pour la série ‘’Class’A’’ ?

L’idée de la deuxième saison s’est décidée au 35ème épisode. On avait choisi, par souci d’innovation quant au concept saison 2, d’imaginer l’ouverture d’un département: métier des arts et culture dans notre scénario. Quand vous regardez la première saison de la série ‘’Class’A’’, vous vous rendez compte qu’il y a un test d’inscription des étudiants qui veulent entrer dans cette école. Parce qu’ils ont appris que cette école va former les professionnels des arts. Nous avions inséré cela dans le scénario pour positionner le concept saison 2. Il fallait anticiper voila pourquoi avant le fin de la saison 1, la thématique de la saison 2 était déjà annoncée. Ensuite, lorsqu’on parle de formation des arts et culture, dans certains pays d’Afrique de l’Ouest comme en Afrique centrale, la série ‘’Class’A’’ a eu beaucoup de succès. Ce sont des jeunes qui ont vu ‘’Class’A’’ comme la série qui leur a permis de rêver d’autres choses que les Télénolevas. Quand on constate cela en feed-back par rapport aux réactions, ces jeunes ne viendront pas à nous. C’est à nous d’aller vers eux. Puis, il fallait que la saison 2 sorte de la Côte d’Ivoire. C’est toujours une recherche de compétitivité. Nous avons commencé à annoncer des castings au Sénégal, au Burkina Faso, au Bénin et au Cameroun. Et le pays qui nous a fait perdre un an, c’est le Gabon. Parce que l’actualité politique 2009 qui prévalait dans ce pays ne me permettait pas de lancer un casting. Car, il y a eu deux décès successifs. Nous n’avons pu faire le casting au Gabon que dans le mois de novembre 2009. Du 02 au 14 mai 2010, nous avons formé cinquante (50) acteurs gabonais à Libreville au Gabon. Désormais la distribution saison 2 de la série ‘’Class’A’’ est prête.

Quel sera donc le sort de la saison 2 ?

Tout ce qui reste, c’est d’écrire le scénario et de voir comment articuler le tournage. On commence à tourner ‘’Class A’’ saison 2 à partir de la fin de l’année 2010. On vient de finir le casting, donc, il faut se mettre à écrire le scénario. Voir comment il est possible de mettre en musique six (6) groupes de jeunes retenues dans six (6) pays pour tourner la même histoire. Le concept de la série ‘’Class’A’’ saison 2 va affirmer que s’il est important de former un médecin ou un ingénieur informatique, il est tout aussi important de former un professionnel des arts. Parce que ça rapporte autant que si ce n’est plus que ces autres métiers. Le thème de cette saison s’articulera autour de ‘’Culture et Internet’’. Et l’idée est d’arriver à mettre cela dans une série sur cent quatre (104) épisodes. Avec des déplacements d’acteurs d’un pays à un autre. Le sort dépendra aussi du soutien que vont nous apporter les sponsors au niveau panafricain, les institutions, etc. Nous espérons dans le cadre de la saison 2 présenter ce projet au plus haut niveau. Martika Production souhaite proposer le projet à SEM Laurent Gbagbo qui nous a déjà reçu et dont nous attendons une autre rencontre. Afin qu’il porte le projet au niveau panafricain. ‘’Class’A’’ est un projet ivoirien à cent pour cent. Nous souhaitons que le Président de la République prenne le leadership de ce projet parce que c’est une action ivoirienne. Qui aura un impact panafricain. Et qu’il nous aide à porter ce projet à ses homologues africains.

Quel retour avez-vous des réactions des parents par rapport à la série ‘’Class’A’’ ?

La série ‘’Class’A’’ concerne les jeunes de 18 à 25 ans. Cela me permet d’avoir les réactions des parents. Quand je discute avec les parents sur l’appréciation de la série ‘’Class’A’’, je me rends compte que lorsque les parents se projettent dans l’avenir, ce n’est pas le 18-25 ans. Parce que dans les familles, ils ont des mauvais rapports. Il est très difficile de trouver des familles où il y a une harmonie entre les 18-25 ans et les parents. L’enfant de 0 à 10, le parent sait qu’il a le temps de l’éduquer. Mais, ce qui angoisse les parents, c’est la catégorie des 10-17-18 ans. « Que mon adolescent ne dérape pas », nous disaient les parents. Ceux-là regardaient ‘’Class’A ‘’ en se demandant ce que pensent les ados quand ils regardent la vie des adultes. J’avais un concept tout trouvé. Et quand vous êtes un producteur et que vous avez tout simplement besoin d’avoir une idée, quand vous avez cette idée vous en êtes convaincu. Vous faites votre métier, celui de retrouver les moyens de faire vivre cette idée. C’est ainsi que ‘’Teenager’’ apparaît. Et nous commençons à faire le casting de ‘’Teenager’’ quand nous sommes en train de produire la série ‘’Class’A’’. On a fait le casting de ‘’Teenager’’ depuis deux (2) ans.

Selon vous, à quelle question sociale répond le concept ‘’Teenager’’ ?

Concernant la série ‘’Teenager’’, nous avons lancé une annonce par voie de presse en Côte d’Ivoire. En réponse, j’ai reçu huit cents (800) autorisations parentales. Puisque pour ‘’Teenager’’, nous avons exigé, en plus de la candidature, une autorisation parentale légalisée. Ça semble être un succès quand on constate une telle affluence ; Quand nous réceptionnons huit cents (800) parents qui m’apportent chacun une autorisation parentale. Moi, ça me pose un problème. Demander à un ‘’ado’’ d’aller tourner dans une série, c’est l’amener à imaginer autre chose que l’école. C’est la meilleure façon de l’amener à déraper dans la société. Pendant que mon entourage est content du nombre de candidatures reçu, je me dis il y a problème. Il faut que je comprenne. Pourquoi huit cents (800) parents peuvent faire cette erreur ? On fait une sélection. Je reçois les parents sélectionnés pour un débat face-à-face. En gros, tous les parents étaient des gens qui connaissaient toutes mes productions. A savoir ‘’Echange’’, ‘’Différence’’ et ‘’Regards croisés’’. Ils concluaient que le produit allait aboutir. Puis, pour l’un des parents particulièrement qui était un avocat, il m’expliquait que quand il a fait ses études de droit, il a eu du mal à avoir la capacité à parler en public. Il ne savait pas ce que son fils fera dans l’avenir mais, il ne veut pas que ce dernier rencontre les mêmes difficultés que lui. Et que son fils est retenu, il prend son rôle comme une expérience qui va se rajouter à ce qu’il aura fait à l’école pour être plus équilibré. Quand vous avez ces réponses, vous dites immédiatement j’y vais. Nous posons comme condition aux parents : Ne tournera dans la série que si le ‘’Teen’’ (Ndlr : l’adolescent) qui s’engage à progresser d’un point de moyenne chaque année. C’est l’accord que nous avons passé. Tous les acteurs que vous voyez dans la série ‘’Teenager’’ ont décidé de progresser chaque année et tous progressent chaque année. Dès l’instant que nous avons cette garantie, vous pouvez tourner dans la série sans laisser tomber l’école. Voilà l’accord qui sous-tend aujourd’hui l’esprit de ‘’Teenager’’ entre les parents et Martika Production. En tant que producteur, je suis convaincu du succès de ‘’Teenager’’ mais je ne néglige pas ‘’Class’A’’. C’est vrai que passer un message d’avenir à partir des ‘’ado’’ de 10-17 ans, tout le monde est partant.

Est-ce que vous avez déjà le feed-back de ‘’Teenager’’ au sein des populations ivoiriennes ?

Au niveau de la Côte d’Ivoire, le feed-back est très positif. J’ai eu l’agréable surprise de voir dans un article d’un journal panafricain que la série avait un très bon taux d’audience. Nous avons des réactions déjà au niveau des parents. ‘’Teenager’’ a un site internet www.myteenager.tv qui permet de voir ce que la cible pense de ce produit. Nous sommes en train de travailler pour mettre en place la plate forme internet panafricaine. En ce moment c’est un échange entre les ‘’Teen’’ ivoiriens. Nous sommes en train de finir les sites internet du Gabon, du Cameroun, du Sénégal et du Bénin, qui sont les pays phares du projet. En terme de feed-back, il faut peut-être poser la question au Sponsor, un opérateur cellulaire et aux autres partenaires de ‘’Teenager’’ en Côte d’Ivoire qui nous ont suivi parce qu’ils croient à l’accompagnement de la créativité parallèlement au suivi de l’Education de la jeunesse. Pour l’instant, j’espère que les responsables de ces entreprises sont satisfaits.

Combien de franc ça vous a couté pour la production de ‘’Class’A’’ ? Et notamment ‘’Teenager’’ ?

‘’Class’A’’ a coûté très cher. Si vous partez sur la base de cinquante-cinq (55) épisodes, et que vous imaginez quatre à cinq millions par épisode. Vous voyez tout de suite le prix. Comme Martika Production avait déjà le matériel, donc elle avait déjà cinquante pour cent (50%) des acquis. On ne loue pas du matériel pour la production de ‘’Teenager’’. On a 50% des budgets qui sont gérés par le fait qu’on s’est équipé avant de commencer. Par ailleurs, nous ne faisons pas des tournages qu’on consent sur trois (3) ans. Nous tournons sur le temps. Quand on n’a pas de sous, on ne tourne pas. Le fait d’avoir commencé à tourner plusieurs épisodes avant de diffuser, ça me donne une marge. Et celle-ci peut me permettre de sortir une série sur un (1) an et demi.

N’est-ce pas que vous êtes riche aujourd’hui après la production de ces deux séries ?

Je suis riche de mes œuvres et riche de mes références. Riche de ce que les gens pensent de ce que je fais. C’est la richesse la plus pérenne. Si je suis riche financièrement, je répondrai que je suis toujours en manque d’argent. Le compte bancaire de Martika Production est au rouge. Mon compte personnel l’est également tant en Côte d’Ivoire qu’en France. Figurez-vous, mes banquiers me font confiance, parce qu’ils ne m’ont pas encore viré. On a deux (2) richesses. C’est le capital de ce qu’on fait. Soit on dit que l’argent est dans le système, soit les comptes d’épargne. Je n’ai plus de compte d’épargne depuis plus de six (6) ans. Je suis riche du personnel de Martika Production ainsi que des deux cents (200) personnes qui bossent dans ‘’Class’A’’ entre la Côte d’Ivoire et les autres pays africains. Je suis définitivement riche, très riche d’avoir été accueilli et accepté en Côte d’Ivoire. Pour ‘’Teenager’’, il y a trente (30) ‘’Teen’’ et trente (30) familles qui sont avec moi. Je vous invite à faire l’estimation de toute cette richesse basée sur ce nombre de personnes, et vous verrez que c’est une fortune inestimable que je retourne à chacune des ces personnes avec des agios de bénédictions.

A quel saint allez-vous vouer les autres productions ?

Les émissions ‘’Challenges’’ et ‘’Différences’’ sont terminées. ‘’Echanges’’ va reprendre au Gabon. Parce qu’on a un partenaire qui demande de reprendre cette émission. ‘’Regards croisés’’ va reprendre en Côte d’Ivoire. Parce qu’on a eu des critiques pertinentes de la Rti. Qui nous a fait remarquer que l’émission ‘’Regards croisés’’ risque d’être un ‘’Différences’’ bis. C’est un concept dans lequel les hommes interpellent les femmes sur leurs manies qu’ils n’aiment pas et vice-versa. Mais, ça ne peut pas être débattu par des jeunes. Parce qu’un homme qui doit interpeller une femme sur ses habitudes, doit être un homme de 35 à 40 ans. Qui a de l’expérience et qui sait de quoi il parle. Quand je produisais l’émission ‘’Regards croisés’’, je le faisais dans une salle de trois cents (300) places qu’il fallait remplir. C’était un mauvais choix. On avait un décor de trois (3) mètres de haut et près de vingt (20) mètres de large. Pour remplir -une salle de cette envergure, on prenait ce qui arrivait. Et vous savez très bien que ce sont les jeunes de 18-20 ans qui viennent dans une émission. Parce qu’ils veulent qu’on les voit à la Télé. J’ai commencé comme ça jusqu’à ce que je me rende compte que ce n’était pas ce qu’il fallait. Aujourd’hui, ‘’Regards croisés’’ va revenir dans un espace plus restreint et avec une quarantaine d’adultes maximum. Qui parlerons sur la base d’expériences vécues. En plus, on prépare deux nouveaux concepts. On espère sortir tout cela cette année. Une émission sur l’univers de la communication et une autre qui va réunir un plateau des membres d’une famille. Elle va s’appeler ‘’Mémoria’’. Comme ça j’aurai fait le tour de toutes les parties qui constituent la famille, socle de notre existence.

Quels sont vos rapports avec la Rti pour la diffusion de vos productions ?

D’abord, l’existence de Martika Production en Côte d’Ivoire s’est faite grâce à la Rti. Parce que si je me contente de Martika France, je ne suis pas en Côte d’Ivoire. Et je ne suis pas sûr d’évoluer sans apporter quelque chose à l’Afrique. Ensuite, je suis quelqu’un qui a toujours bénéficié de l’attention de la Rti, j’espère que cela ne va pas changer maintenant que j’aurai rendu cet hommage vrai. Soit parce que ce que je proposais était bon, soit parce que je prends toujours du temps pour performer ce que je leur apporte. J’ai plutôt des bons rapports avec la Rti. Je suis de ceux qui disent que si demain l’espace de l’audiovisuel s’ouvre, je vais courir demander à la Rti de renouveler toutes mes productions qui sont dans cette maison de diffusion. Je ne serais pas de ceux qui iront proposer leurs programmes à de nouvelles chaînes. Je suis historiquement Rti. Ce qui ne m’empêche pas d’affirmer que j’aurai toujours de nouvelles productions à proposer aux nouveaux opérateurs qui s’installeront.

Pourquoi avez-vous choisi de vous investir dans le secteur de l’audiovisuel, quand on sait que vous êtes comptable de formation ?

J’ai eu une formation de comptabilité et de communication. Je suis arrivé à l’audiovisuel par hasard. Et ce, pour toutes les raisons que je ne peux pas vous expliquer, parce que je ne les explique pas moi-même. J’ai compris que c’est ce qu’il me fallait. Je suis généraliste. Je ne suis pas technicien. Mais, j’ai une bonne formation qui me permet d’apprécier ce que fait un technicien. Il n’y a aucune production de Martika que je considère comme ma propriété. Toutes les productions de Martika sont des délires que j’ai sortis et que j’ai réussis à transmettre à mes collaborateurs et à mes partenaires extérieurs. Finalement, le mérite est partagé. C’est un domaine passionnant. A part être pilote d’avion – mon rêve, ce que je pourrais plus être et je ne pense pas être rentré dans un domaine différent de celui qui m’a le plus émerveillé.

Pensez-vous qu’il existe une industrie des séries télévisées en Côte d’Ivoire ?

Ça n’existe pas à commencer par Martika Production. Vous avez des entreprises privées de façon disparate. Elles se débattent comme elles le peuvent. Certains se spécialisent dans des formats bien particuliers et d’autres non. Des débats télévisés, ça fait son temps déjà. Aujourd’hui, vous avez deux (2) alternatives. Il faut aussi les ‘’talk show’’. Parce que l’Afrique a besoin aussi des plateaux où ça bouge et où on a de la chaleur. Parce qu’on a des histoires à n’en point finir. Les téléspectateurs africains ne regardent les télénovelas que parce qu’on ne leur propose pas quelque chose dans lequel ils se retrouvent. L’industrie doit venir de la volonté des décideurs. Je tire mon chapeau au Maître Sidiki Bakaba pour les personnes qu’il a formées et qui pourront nourrir cette industrie. A Akissi Delta qui reste un exemple pour moi et à Hanny Tchelley pour ce qu’elle fait sur le Fica (Ndlr : Festival international du court-métrage d’Abidjan). Elle a su repenser la question de l’industrie cinématographique en Côte d’Ivoire. On a beaucoup d’initiatives qui se mettent en place. Nous avons urgemment besoin que les pouvoirs publics s’impliquent. Le soutien peut venir sous différentes formes notamment des exonérations de taxes, des subventions, etc. Au Nigeria, les particuliers sortent deux mille à trois mille séries par an. Mais, ils ne se bombent pas la poitrine. En Côte d’Ivoire, quand on regarde le paysage audiovisuel, il y a cinq (5) ou six (6) séries pas plus. Et quand on a six (6) séries, on sent une tension. On a l’impression que les gens sont concurrents des autres. Je ne suis concurrent à aucun producteur de séries. J’ai plutôt envie de voir plusieurs producteurs qui produisent pleins de séries. Parce que le jour où on aura (15 à 20) séries qui marchent, les sponsors, institutions et autres nous intégreront dans leur budget Com. L’avenir de l’industrie du format Télé dépendra du regard que vont porter à ce secteur les décideurs. Il faut le financement pour la production des séries télévisées.

Quel est l’apport de l’équipe de Martika à vos côtés ?

L’équipe fait tout. Tout ce qu’on est en train de produire, ne pourrait se faire que grâce à une équipe. Au niveau de Martika, il y a des chargés de production, des monteurs, et c’est aussi par le soutien de deux jeunes collaborateurs qui s’appellent Léon Oka et Patrick Soué. Avec qui je travaille depuis dix (10) ans. Dans une équipe, vous avez les performants et les non performants. Vous avez les mauvaises graines. Quelque fois, la mauvaise graine est celui que vous ne virez pas. Parce qu’il vous permet d’être en éveil. Je produis une œuvre de l’esprit qui ne l’est que parce qu’il y a une équipe Martika. Appréciez ce que nous faisons parce qu’il y a aussi des intervenants extérieurs, à savoir des freelances et des acteurs. Tout ce que nous faisons est soutenu par ce que nous appelons la notion de ‘’première chance’’. C’est tout ce qui fait l’énergie de Martika Production. La plupart de tous ceux qui interviennent dans nos productions sont des acteurs qui sont à leur première opportunité. Je l’ai héritée d’un de mes premiers Patron en France à mes débuts du nom de Jacques Denisse, qui m’a offert ma première opportunité à 24 ans en me confiant la direction d’une équipe de 15 personnes sans se prendre la tête sur mes origines. J’ai relevé ce défi pendant cinq (5) années avec promotions. Tout cela m’influence aujourd’hui. J’ai compris que le talent est partout et la valeur ainsi que la compétence sont présentes en nous plutôt qu’on le croit

Avec le partenariat de l’Intelligent d’Abidjan / Par Krou Patrick

Thu, 08 Jul 2010 02:34:00 +0200

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