Situation sociopolitique: Comment Alassane Ouattara a évité le piège du Fpi Ce que le Chef de l’Etat réserve au parti de Laurent Gbagbo

Les deux parties ont des positions tranchées sur certaines questions notamment la recomposition de la Commission électorale indépendante (Cei), l’amnistie pour tous les prisonniers de la crise postélectorale, la libération des prisonniers proches de l’ex-président Laurent Gbagbo. Avant ce blocage, le Président de la République, Alassane Ouattara, faut-il le souligner, avait accédé aux demandes tous azimuts, d’engager des négociations avec le Fpi qui, après avoir participé partiellement au conclave de relance du dialogue entre le pouvoir et l’opposition à Grand-Bassam, du 27 au 28 avril 2012, s’était isolé.

Le parti dirigé par Sylvain Miaka Oureto, a refusé de faire partie du Cadre permanent de dialogue (Cpd) mis en place, exigeant un dialogue direct avec le gouvernement. Le numéro un ivoirien, pour éviter d’être taxé de frein au dialogue ou la réconciliation nationale, a engagé son gouvernement à discuter avec l’ex-parti au pouvoir en Côte d’Ivoire. Mieux, pour montrer sa volonté d’organiser des élections inclusives, le Chef de l’Etat, en accord avec la Cei, a ajourné les élections régionales et municipales couplées.

Prévues pour se tenir initialement le 24 février 2013, celles-ci ont été reportées au 21 avril prochain. Alassane Ouattara, en visite officielle en Allemagne du 15 au 17 janvier 2013, avait laissé entendre que les élections locales étaient reportées pour permettre au Fpi d’y participer. Une fois de plus, il venait de montrer sa bonne foi à la Communauté nationale et internationale quant à sa volonté de réconcilier les Ivoiriens, et surtout de tendre la main aux partisans de l’ex-chef de l’Etat ivoirien détenu à la Cour pénale internationale à La Haye.

Malheureusement, les discussions engagées à partir du 18 janvier 2013 avec Miaka Oureto et ses collaborateurs, ont vite pris du plomb dans l’aile avec l’impossible accord sur les points de revendication du Fpi mentionnés plus haut. Déjà au cours des négociations qui ont duré une dizaine de jours, le Président de la République, selon une source proche de lui, a compris que ”le Fpi voulait faire de la surenchère et faire traîner en longueur, les pourparlers.

De sorte qu’il y ait un véritable blocage au plan politique, qui nécessiterait l’implication de la communauté internationale, et implicitement, un nouveau report des élections locales”. Pour donc éviter le ”piège” du Fpi, Alassane Ouattara a non seulement fixé, en accord avec la Cei (dont l’existence est décriée par le Fpi), la date des régionales et municipales couplées (21 avril 2013). Mais, il a surtout coupé court à certaines exigences des pro-Gbagbo.

Par la voix de son Premier ministre, Daniel Kablan Duncan qui était face à la presse, le jeudi 4 avril 2013, le numéro un ivoirien a opposé un refus catégorique à la demande de ses adversaires politiques qui estimaient qu’une rencontre entre lui et son prédécesseur qui se trouve à la Cpi, était nécessaire pour la réconciliation nationale.

Surveiller comme du lait sur le feu

”Pourquoi une telle rencontre au sommet et quel est le but de cette rencontre et qu’est-ce que ça va donner comme résultat ? Où vont-ils se rencontrer ? Au parloir ? Donc, il y a un problème concret qui se pose. Et que dirait-on de la Côte d’Ivoire si d’aventure il (le président Ouattara, ndlr) intervenait dans le cadre d’un processus de justice internationale ? On a discuté longtemps. Malheureusement, chacun est resté sur ses positions », a martelé Kablan Duncan.

En ce qui concerne l’amnistie générale réclamée par le principal parti de l’opposition, le premier ministre a bouché la fenêtre ouverte par les responsables du Fpi. ”Est-ce que lorsqu’on prend un chemin qui amène à l’aggravation de la situation, on doit persévérer dans cette voie ? L’analyse faite par le gouvernement, c’est que non. Il faut emprunter d’autres chemins. Il faut que la justice ait son rôle…L’amnistie est individuelle mais pas générale. On ne peut pas demander au gouvernement de faire une amnistie générale”, a soutenu le chef du gouvernement. La question de la recomposition de la Cei, on peut le dire, a eu de fait une réponse claire avec la fixation de la date des élections, et surtout l’ouverture de la campagne électorale. Après donc ces différentes décisions, Alassane Ouattara, précisent nos sources, n’entend pas rester sur la défensive face au Fpi. ”Il réserve bien de surprises à l’ancien parti présidentiel”, indiquent-elles. Le pouvoir Ouattara qui soupçonne fortement le Fpi d’être à la base des tentatives de déstabilisation du pays notamment à l’ouest, serait déterminé à surveiller cette formation politique, comme on le ferait pour du lait sur le feu. Car du côté du régime d’Abidjan, on s’interroge sur ce que le Fpi pourrait bien faire après s’être volontairement mis à l’écart du processus démocratique et de réconciliation.

Par ailleurs, le gouvernement Ouattara n’entend pas donner d’opportunité aux dirigeants du Fpi pour l’empêcher de travailler. Ainsi, a-t-on appris, la formation politique de Laurent Gbagbo pourrait purement et simplement être écarté du financement des partis politiques, du moins pour un bon moment. Au niveau des discours et activités politiques, le Rassemblement des Républicains (Rdr, parti au pouvoir) ainsi que le gouvernement, auraient décidé de ne plus laisser le terrain aux seuls partisans de Laurent Gbagbo. Après donc les élections du 21 avril prochain, le microcosme politique pourrait changer de température.

BAMBA Idrissa in Soir Info

Thu, 11 Apr 2013 08:49:00 +0200

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