Ivoiriennes, Ivoiriens, chers Amis !
La semaine dernière, le PPA-CI et le PDCI-RDA, les deux grands partis de l’opposition en Côte d’Ivoire, ont décidé de se retirer et d’arrêter toute participation aux activités de la Commission Électorale Indépendante (C.E.I), autorité en charge de tout le processus électoral en Côte d’Ivoire. Les formations politiques et de la société civile qui leur sont alliées suivront.
Cela signifie que dans 6 mois, en octobre 2025, la présidentielle se tiendra comme si elle n’était conduite que par le seul Président Alassane et ses départements ministériels compétents.
A priori, il n’y a pas à s’en émotionner extra mesure, puisque c’est la règle constitutionnelle dans pratiquement tous les pays inscrits à l’ONU ; dès lors que c’est l’Etat qui a en charge l’établissement des attestations de naissances et de décès, dans une société, il est le mieux placé et le plus sûr pour établir le registre général de population, et, à partir de là, les cartes d’électeur.
Pourtant, ces retraits de l’opposition politique de la CEI, qui la réduisent ainsi en simple bras séculier du Ministère de l’Administration Territoriale, est un véritable grondement de tonnerre, qui fait trembler toute la terre de Côte d’Ivoire. Car c’est l’accumulation des litiges et contestations, entre pouvoir et opposition, qui a conduit de nombreux pays, en Afrique, à imaginer et créer des organismes totalement autonomes du pouvoir central, pour prendre totalement en mains cette tranche fondamentale de la vie politique des pays. A charge, pour le gouvernement, de lui mettre à disposition tous les moyens, en logistique, en compétences, et financiers, pour mener à bien sa tâche.
Cette option, de déléguer de manière aussi complète la lourde responsabilité de l’état de veiller à ce que les votes soient le plus transparent possible, et que les élus ou directives qui en sortent, traduisent le choix de la majorité de la population, s’est largement imposée en Afrique. Mais il se trouve qu’en Côte d’Ivoire, depuis trois années que des cycles de dialogue ont été instaurés entre l’opposition et le pouvoir RHDP/RDR, l’on ne relève aucune avancée réelle quant aux points fondamentaux qui nécessitaient un réexamen total, si l’on voulait espérer des élections vraiment saines, démocratiques et aux résultats admis par tous. Tout d’abord, en position de genèse, se trouve l’audit du registre général de la population et de l’habitat.
Cette revendication, qui est balayée du revers par le Chef de la CEI et les porte voix du RHDP, ne procède cependant pas d’une lubie ; elle a pris racine lorsque, de manière frontale et non voilée, les responsables du Ministère de l’Interieur et ceux de l’entreprise experte agrée pour l’établissement des documents d’identité, se mirent à l’ouvrage pour assurer au pouvoir du Président Alassane Ouattara un matelas électoral constitué de citoyens ouest africains (CEDEAO), soit établis en Côte d’Ivoire, soit résidant en des régions proches de nos frontières.
Retracer les documents issus de ces pratiques indignes et attentatoires à la nationalité et à l’identité ivoirienne est tâche possible, grâce d’abord à l’intelligence artificielle, et ensuite du fait que nombre des sombres exécutants sont aujourd’hui dans le registre du remords et de la réparation. Seule la volonté politique, que seul détient le Chef de l’Etat, le Président Alassane Ouattara, ne s’est toujours pas manifestée.
Les autres points soulevés par l’opposition sont désormais connus de tous, depuis le découpage électoral inique pour finir par la conception et la création de tout un nouvel écosystème qui aura en mains les élections. Le tout, passant, bien sûr, par un véritable cadre d’échanges réunissant toutes les parties concernées, sans exclusive.
Tous les Ivoiriens et leurs amis ont vivement espéré qu’à fin 2025, toutes ces mesures, discutées et agréés de tous, donneraient place au nouvel espace des élections en Côte d’Ivoire ; hélas, mille fois hélas, il n’en sera rien, tant tout concourt à ce qu’aucune ligne ne bouge jusqu’à l’appel à candidatures dans trois mois.
Est ce que cela n’enlève déjà pas tout intérêt à cette joute électorale, qui pourtant marquera une étape fondamentale de l’histoire de la Côte d’Ivoire ? Surtout que les appels à sagesse d’humanisme et éthique continuent en vain de demander qu’aucun candidat ne soit exclu ? Surtout lorsque nous sommes tous convaincus que les Présidents de la CEI et du Conseil d’Etat n’ont pas encore bénéficié de la prouesse de stomatologie qui leur aurait permis d’articuler un nom de vainqueur autre que celui de leur souverain AlassaneOuattara ?
Peut être devrions nous prêter plus attention à la rue ivoirienne, la voix de tous, qui n’arrête pas de murmurer en silence que << fin octobre pour des élections, c’est trop loin ! >> ?
Sans se prévaloir d’expertise en sciences politiques ou droit constitutionnel, l’Ivoirien de la rue, des gbakas et maquis, affirme que c’est le jour où le candidat en OVNI du parti présidentiel RHDP déclarera être candidat à la présidentielle que les océans, lacs, fleuves, rivières et étang de ce pays entreront en ébullition pour le célébrer !
Comme il ne sera candidat que pour gagner, ce sera le jour de départ du dernier grand match électoral entre les Ivoiriens et le Pharaon, surtout que le petit geste symbolique et d’apaisement qui consiste à permettre à tous ceux qui le désirent de prendre part à la compétition ne viendra même pas !
Quelle est cette conscience qui, après avoir asséné un troisième mandat illégal et illégitime, ne s’estime pas porter une dette de retour vis-à-vis de la grande majorité des Ivoiriens ainsi lésés et frustrés ? Si c’est par ces méandres que doit se profiler le futur salut des Ivoiriens, et comme le choix des armes ne leur sera pas donné, aléa jacta est, et que le résultat tombe de tout haut ! En 2025, les Ivoiriennes et les Ivoiriens y croient et ont foi !
Abidjan, le 16 avril 2025
Le Ministre Kobena I. ANAKY
Président du MFA
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