Affaire «Patrick Achi échappe à un lynchage à Paris» : La Côte d’Ivoire « rendue ingouvernable » pour tous

« Patrick Achi passe un sale quart d’heure à Paris ». Tel est le titre d’une vidéo de 3mn 8 secondes qui circule sur le net. Dans une description digne du grand espionnage (amateur?), l’auteur du post y décrit comment la réunion du ministre Patrick Achi a été boycottée malgré toutes les précautions prises pas les organisateurs pour désamorcer ce boycott annoncé à grand coups d’annonces Web. N’accèdent à la salle de réunion que ceux ou celles qui parlent Attié (ethnie de la région d’Adzopé, Alépé, etc. d’où est originaire PATRICK Achi), la réunion devra donc se tenir en Attié. Les Patriotes ivoiriens de la diaspora parisienne réussissent à déjouer toutes ces précautions et prennent d’assaut la salle. Ils imposent, au nom des mariages mixtes en Côte d’Ivoire que la réunion se déroule en français et non en Attié, comme initialement prévu par les organisateurs. Heureux de capter un auditoire plus nombreux, Patrick Achi cède à la requête. Mais à peine dix minutes de propos que les participants lui demandent des comptes sur le sort des nombreux Ivoiriens arrêtés par le régime Ouattara qu’il sert. Panique généralisée dans la salle et queue de poisson en guise de fin de réunion. La caméra prend soin de nous livrer les propos qui fusent de partout dans la salle mais aucun visage n’est visible. Précaution oblige, face à un régime allergique à toute contestation et prompt à la torture.

Ministre de quelle République?

Bien sûr que nous condamnons qu’une réunion soit boycottée de façon préméditée et qu’un ministre de la République soit empêché de délivrer un message sur les activités du gouvernement. Bien sûr que «même quand nous sommes contre une vérité, nous nous battons pour qu’elle soit dite». Mais de quelle république était donc ce ministre? Autrement dit, y a-t-il encore une république en Côte d’Ivoire? Que reste-t-il à un peuple quand toutes les libertés sont confisquées et que, seul un camp peut s’exprimer, l’autre camp n’ayant que le choix du silence, de l’humiliation par la torture et l’emprisonnement? Les enquêtes du dernier rassemblement du Fpi qui a été agressé avec mort d’homme n’ont toujours pas livré de conclusions. Peut-on emprisonner toute l’élite d’un pays et contraindre à l’exil, plus d’un demi-million de compatriotes et se pavaner à Paris pour parler à une minorité? Peut-on accorder les colonnes du journal gouvernemental « Fraternité Matin » au mercenaire burkinabé, Amadé Ouérémi, génocidaire notoire des populations Wê de Duékoué, pour justifier l’annexion pure et simple d’une partie du territoire Ivoirien et venir parler, avec mépris, de découpage administratif à Paris, à une minorité d’Ivoiriens? Peut-on ériger la haine en système politique dans son pays et s’attendre à bénéficier des valeurs républicaines acquises à prix de sang par les peuples d’un autre pays? Peut-on accepter que les Ivoiriens de l’Ouest soient dépossédés de leurs terres, fermer les yeux sur les rapports d’Amnesty International et de Human Rights Watch sur ces expropriations, de même que sur les crimes commis par les dozos, milice tribale au service du régime, et venir polluer l’air de ceux qui n’ont d’autre choix que de vivre hors de leur pays? Peut-on accepter d’être nargués par ceux qui nous tuent après avoir pillé tous ceux qui pouvaient être une menace politique pour eux?Peut-on? Peut-on? La liste des questions est longue. La réaction des Patriotes à Paris situe sur le désastre que vit la Côte d’Ivoire. Leur ingéniosité annonce une longue lutte pacifique. Désormais, les parkings sont plus que jamais partagés et c’est bien triste. La côte atlantique de l’Afrique de l’Ouest, naguère polluée par les discours de prétendue exclusion du Rdr, aujourd’hui au pouvoir à Abidjan, est devenue la terre d’espérance des apatrides Ivoiriens. Jour après jour, leur misère sonne comme une des raisons d’adhésion des peuples d’accueil à leur combat et la défaite de l’opposant ghanéen Nanan Akufo-Addo, soupçonné d’être financé par le pouvoir ivoirien en quête d’extraditions de pro-Gbagbo, donne encore quatre ans de répit aux exilés ivoiriens du Ghana. Tout juste, jusqu’en décembre 2016. La Côte d’Ivoire, ce pays, promis à être «rendu ingouvernable» est devenu ingouvernable pour tous. Il est donc grand temps que ceux qui l’ont promis et rendu ingouvernable reprennent la route inverse. Le dialogue politique qui affiche quelques frémissements quelque part est sans doute un bon chemin sur la voie de la marche-arrière sans laquelle nous périrons tous comme des idiots.

Une contribution de Nelson Degol

Thu, 13 Dec 2012 14:16:00 +0100

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