Afrique: Cameroun, Guinée Equatoriale, Centrafrique, Sénégal Déboires et casseroles des fils de présidents?

Au Cameroun, le Tribunal criminel spécial pourrait-il, à l’instar des autres justiciables accusés de prévarication, ouvrir une information au sujet des révélations de la presse sur la manipulation des titres Camtel attribués à Franck Emmanuel Biya ? Pour moins que cela, concernant une note d’hôtel impayé à Bangui, Bozize, le président centrafricain a fait incarcérer un de ses fils.
Sur un autre registre, Karim Wade, fils de l’ancien président sénégalais est entendu par la gendarmerie à Dakar. En Egypte, les fils Moubarak répondent aujourd’hui de leurs actes devant la justice Cairote…
Au Cameroun, en attendant l’ouverture logique d’une information sur les tenants et les aboutissants des titres Camtel, Franck Biya, le fils aîné du président camerounais est dans l’œil du cyclone avec l’affaire des 100 milliards de francs Cfa (des titres de créances de la Cameroon Télécommunications) qui auraient été détournés. Cette affaire pour le moins scabreuse intervient alors qu’en juin dernier, dans une interview à l’agence Panapress relayée par Le Nouvel Observateur, Odile Tobner, la présidente de ‘Survie’ évoquant les activités qualifiées de néfastes pour l’environnement de celui qu’elle appelle le "fils du dictateur camerounais", a accusé Franck Biya de détruire des milliers d’hectares de forêts camerounaises, dans le cadre de ses activités de chef d’entreprise.
"En tant qu’exploitant forestier, Franck Biya continue aujourd’hui encore de détruire les forêts du Cameroun, profitant de la position de son père. Cela nous paraît inadmissible", s’est-elle exclamé avant d’ajouter "Il doit des sommes considérables au fisc en tant qu’exploitant agricole. Il ne les a jamais versées. Nous avons la preuve qu’il a acquis des biens faramineux en France, en Suisse et à Monaco, en détruisant les forêts du Cameroun"
Les révélations selon lesquelles il est dans le coup des titres Camtel a suscité une levée de boucliers tant au Cameroun qu’à l’étranger. Depuis, les pros et antis Biya font entendre de la voix. Pour certains, il s’agit d’une cabale contre Franck et à travers lui son père qui serait visé par les révélations des malversations financières que la presse attribue au fils.
Pour les autres, rien moins que pour cela, le justiciable qu’est Franck serait déjà mis en examen si son père ne s’appelait pas Biya. Au-delà de cette lamentable affaire qui met en lumière et de manière récurrente, les implications de la famille présidentielle dans les affaires de la république, de Jeanne Irène à Chantal et Franck Biya, la justice devrait s’impliquer pour taire ou confirmer les allégations de la presse.
Mais si la Centrafrique n’est pas le Cameroun, encore moins le Sénégal, force est de constater qu’en Afrique, les fils de présidents sont souvent mis en cause, en toute impunité locale, dans des malversations financières. On a vu l’ex-président sénégalais, Abdoulaye Wade sortir ses griffes, parce que son fils, qu’il a couvé pendant ses 12 années de règne, risque la prison pour enrichissement illicite.
On sait que Karim Wade était attendu il y a 15 jours à la gendarmerie dans le cadre de la traque des biens mal acquis. En effet la Cour de répression sénégalaise de l’enrichissement illicite est passée à la vitesse supérieure dans le cadre de la répression des biens mal acquis. Des dossiers d’anciens pontes de la République sous Me Abdoulaye Wade lui ont été confiés.
Après les résultats des commissions rogatoires qu’il avait émises, le Procureur spécial, Alioune Ndao, a lancé un mandat d’arrêt international contre Karim Wade, le fils de l’ancien chef de l’Etat. Les enquêteurs de la Section de recherches de la gendarmerie disposent en effet d’un certain nombre d’éléments d’information «assez édifiants» sur la fortune du fils du président Wade, selon la presse sénégalaise. Les gendarmes ont déjà pisté deux immeubles supposés appartenir à Karim Wade. Des fortunes inscrites aux noms de certains proches de Karim Wade ont aussi été listées
En Rca, le président François Bozizé a récemment fait incarcérer son fils. Kevin Bozizé interpellé le 6 novembre dernier, par la Section recherche et investigation de la gendarmerie sur ordre de son père, pour avoir refusé de payer ses factures d’hôtel estimés à environ 8 millions de Fcfa au ‘Ledger Plazza’ de Bangui.
Biya, Wade et Bozize ne sont pas les seuls à se faire du souci pour leur progéniture. Il y a quelques mois c’est le fils du président Obiang Nguema qui était la vedette des medias internationaux au sujet de ses multiples biens mal acquis en Guinée équatoriale. Depuis, quelques babioles dans son immense et mystérieuse fortune ont été saisi et lui-même est sous le coup d’un mandat d’arrêt. Ces golden boys présidentiels engluées dans les affaires ont rejoint en vedettes américaines, le fils du président Deby Itno du Tchad qui avait fini sa vie assassiné dans un obscur bouge français du jeu et de la drogue.
Un peu plus loin au Maghreb arabe, les intouchables fils Moubarak, qui durant l’interminable règne de leur père (30 ans), n’ont eu de cesse de cumuler les dérapages répondent aujourd’hui de leurs actes devant la justice de leur pays pour corruption, détournements d’importantes sommes d’argent, opérations illégales en bourse. Au Cameroun la justice fortement encadrée pourrait-elle s’intéresser aux informations sur le fils du président ? Rien n’est moins sur. L’immunité paternelle est un parapluie suffisamment fort pour couvrir la famille, mais jusqu’à quand ?…

Edouard KINGUE in Le Messager

Sun, 13 Jan 2013 12:30:00 +0100

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