Café-cacao, énergie, électricité: Le Fmi rappelle ses promesses à Ouattara

Les prochains jours seront encore plus difficiles pour le portefeuille déjà durement éprouvé des Ivoiriens. La mission conjointe Fmi-Banque mondiale qui séjourne actuellement en Côte d’Ivoire est venue rappeler à Alassane Ouattara, les promesses qu’il a faites à la communauté financière internationale pour qu’on lui donne «politiquement» le point d’achèvement de l’initiative Ppte. Parmi ses promesses, il y a la réforme du secteur de l’électricité, la réforme du secteur de l’énergie, et la réforme de la filière café-cacao.
On le sait, le secteur de l’électricité est un goulet d’étranglement pour la croissance économique du pays. L’équilibre entre la production et la consommation est précaire, car la production est tout juste suffisante pour couvrir les pics de la demande intérieure.
Selon un rapport du Fmi, le déficit financier du secteur s’est creusé avec le temps du fait du prix du gaz qui est le principal intrant pour la moitié de la production nationale d’électricité – l’autre moitié étant produite par l’énergie hydroélectrique. D’autres facteurs contribuent au déficit du secteur. Notamment la fraude, l’absence d’entretien, les faibles taux de recouvrement et, surtout, une tarification inadéquate. Avec les contraintes de liquidités, les arriérés envers les fournisseurs de gaz et les producteurs indépendants d’énergie ont commencé à s’accumuler et ont atteint 0,5 % du Pib en 2011.
Sous le régime précédent, le déficit a été couvert par l’État pour des raisons sociales, bien qu’il pesât lourdement sur les finances publiques.
Aujourd’hui, le gouvernement Ouattara a pris des mesures pour améliorer la situation financière du secteur. Les prix du gaz ont été nettement réduits à la suite d’un accord passé en mars 2012 avec le principal producteur de gaz (Foxtrot), et un relèvement des tarifs industriels a été effectué depuis mai dernbier. On s’attend donc à ce que la subvention de l’État au secteur retombe à 0,5 % du Pib en 2012.
Cependant, le gouvernement a encore beaucoup à faire pour rétablir la viabilité financière du secteur, même à moyen terme. Parmi les actions additionnelles envisagées par les autorités, il y a en point principal l’adoption d’une nouvelle structure tarifaire en faisant passer les ménages gros consommateurs du tarif social au tarif général. Compte tenu des retards enregistrés dans l’adoption d’une nouvelle structure tarifaire ainsi que dans la rationalisation d’une application trop large des tarifs sociaux, Alassane Ouattara a fait la promesse de reclasser au cours de cette année au tarif général les ménages dont la consommation est élevée et qui sont inscrits aux tarifs sociaux.

Le Fmi est venu lui rappeler cette promesse.

En ce qui concerne l’équilibre du secteur énergétique, les autorités entendaient introduire un mécanisme automatique d’ajustement des prix du carburant à compter du 1er juillet dernier. Mais, selon le Fmi, le gouvernement Ouattara a exprimé ses préoccupations à propos de son impact sur les consommateurs. Au cours des discussions, le Fmi a fait comprendre à Alassane Ouattara qu’il ne s’attend pas à une augmentation majeure des prix à la pompe. Les services du Fmi ont simplement indiqué que ce mécanisme permettrait au gouvernement de partager avec les consommateurs les risques de mouvements des prix internationaux, évitant ainsi d’en supporter totalement la charge. Ce qui permettrait à l’Etat d’allouer ses dépenses selon ses priorités globales plutôt que de privilégier la consommation de carburant.

Comme ça fait partie des promesses de Ouattara, le Fmi est venu le lui rappeler.

Sur la réforme de la filière café-cacao, il convient de rappeler qu’en 2006-2007, le gouvernement Gbagbo a pris des mesures pour améliorer le développement du secteur café-cacao et accroître la transparence de ses opérations. En 2008, appuyé par la Banque mondiale, ce gouvernement a commencé à travailler sur une nouvelle stratégie pour le secteur, qui inclut un nouveau cadre réglementaire et institutionnel. Un Comité de gestion temporaire a donc été créé en septembre 2008 (le Comité de gestion de la filière café-cacao) afin de remplacer les entités existantes. Des discussions couvrant un vaste éventail de sujets avec tous les intervenants de la filière étaient en cours quand Laurent Gbagbo a été renversé. Quand il a pris le pouvoir, Alassane Ouattara a promis d’améliorer l’efficacité du secteur café-cacao ainsi que les conditions de vie des producteurs.
Ainsi, son gouvernement a approuvé l’orientation stratégique de la réforme du secteur le 2 novembre 2011. Les principaux éléments de cette réforme portent sur la mise en place d’un organe central (le Conseil du café-cacao), d’un mécanisme de commercialisation qui inclut les ventes à terme de licences d’exportation et la garantie des prix aux producteurs, et d’un fonds de réserve pour couvrir les risques anormaux.
Selon le Fmi, le processus de réforme a certes progressé, mais il reste encore à préciser les détails de bon nombre d’éléments de la nouvelle structure et de ses mécanismes. Ce que réclament d’ailleurs les producteurs de café-cacao avant l’ouverture de la prochaine campagne de commercialisation.

Le Fmi est venu le lui rappeler.

Lors du lancement officiel de la 2è revue du Programme triennal économique et financier, le mercredi 19 septembre dernier, le ministre de l’Economie et des Finances, Charles Koffi Diby, a tenu à rassurer la mission du Fmi : achever la réforme de la filière café-cacao et celle du secteur de l’énergie. Alassane Ouattara a promis de procéder à des hausses de tarifs pour couvrir une plus grande proportion des coûts de production, comme l’exige le Fmi, et appliquer la fixation automatique des prix. Des mesures qui feront, à n’en point douter, grincer les dents.
Mais, il s’agit de 300 milliards FCFA en jeu. Et ce régime a déjà montré que « l’argent est mieux que l’homme ». Au regard de la situation économique du pays, on voit mal Alassane Ouattara tourner le dos à cette manne. Durs durs seront les prochains jours.

J-S Lia in NOTRE VOIE
liasylve@yahoo.fr

Thu, 27 Sep 2012 01:01:00 +0200

0

Laisser un commentaire

Nous utilisons des cookies afin de vous offrir la meilleure expérience possible sur notre site Web. En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez notre utilisation des cookies.
Accepter
Refuser
Privacy Policy