Côte d’Ivoire / 1 an après sa chute – Comment Gbagbo gouverne encore et toujours les Ivoiriens

ON NE PARLE PLUS depuis quelques temps, que de Gbagbo par-ci, que de Gbagbo par là. FPI par-ci, FPI par là. Quand ce ne sont pas les déclarations des cadres du RDR et du RHDP, ce sont les alertes au coup d’Etat. Au point qu’on finit par avoir l’impression que ce n’est pas Ouattara ni le RHDP qui sont au pouvoir. Par la force des choses, Gbagbo semble gouverner en- core la Côte d’Ivoire. C’est en fonction du FPI et contre le FPI que les décisions se prennent. Au lieu de chercher à comprendre le besoin de réconciliation et de rassemblement des Ivoiriens, un besoin que porte déjà et doit porter davantage le président Ouattara, certains ne font que diviser, provoquer, menacer, distiller une atmosphère insurrectionnelle à même de décou- rager la relance économique. Les mauvais comportements, les mêmes extrémismes qui ont conduit Laurent Gbagbo à sa chute refont surface. Pourquoi ne pas mettre en évidence les acquis et les changements sous Ouattara, au lieu de s’en prendre tou- jours à l’action de Gbagbo et au discours du FPI ? Quand on est au pou- voir, qu’y a-t-il de l’arrogance du FPI ? Pour justifier une politique dure contre lui, et oublier les exigences du pardon et de la réconciliation ? Rester dans les palabres et les polémiques avec le FPI, après la politique de pression sur les pro-Gbagbo, lais- se croire que le RHDP n’a pas de bilan. Et qu’il entretient la guerre des nerfs avec le FPI et les pro-Gbagbo pour éviter de répondre aux impa- tiences des Ivoiriens. A cette allure, cinq (05) ans passeront sans coup d’Etat avec Ouattara au pouvoir, mais on se retrouvera avec un bilan maigre. Oui, parce qu’au lieu de travailler dans la justice, la légalité sans favoritisme, ni souci de rattrapage, les hommes du Président auront décidé de faire de la guerre au FPI, de la guerre avec le FPI, leur programme de gouvernement. Il faut que cela change, il faut que les collaborateurs du président changent de méthode et parviennent à ex- pliquer, entre Ouattara et Gbagbo, ce qui a vraiment changé dans la gestion de l’Etat et dans la pratique. Ce qui a changé, ce n’est pas dans la propagan- de, mais dans les faits discrets à relever et à dévoiler. Aucune bonne communication ne peut sauver une mauvaise politique. On a beau avoir un bon expert en Communication, lorsque la cause n’est pas bonne, lorsque la cause politique menée n’est pas judicieuse, la communication n’y peut rien. On assiste à une sorte d’immobilisme de ministres et collaborateurs du Chef de l’Etat en panne d’imagination, perdant la bataille de l’opinion avec un FPI plus offensif que jamais, tandis que le RHDP, sans bilan concret, n’a rien d’autre à reprocher au camp Gbagbo, que la crise postélectorale, et les 3000 morts. Mais, les morts sont de tous les camps. Même s’ils sont imputables au camp Gbagbo, tous les morts ne sont pas RHDP. Elles sont Ivoiriennes, Africaines, Européennes, Asiatiques, les victimes de la crise postélectorale. Les gouvernants doivent dépasser la ques- tion et éviter de tomber dans la pro- vocation du FPI. Des provocations qui poussent à la faute, embrouillent la météo politique, empêchent de mettre en exergue ce que Ouattara a fait. Pendant ce temps, Laurent Gbag- bo est bien heureux à La Haye. Certes, il n’est pas libre, certes on lui prédit un long procès et même un siècle de prison, mais le voici, avec son parti, pas mort, à la UNE des journaux ; le voici récla- mé par la majorité du FPI. Ouattara a gagné, Gbagbo n’en est pas malheureux et vit bien, le fait de voir lui-même et le FPI, donner le sentiment de troubler le sommeil des nouvelles autorités. Ceux qui croyaient qu’ils auraient été débarrassés de Laurent Gbagbo en votant Ouattara, le 28 Novembre 2010 et en applaudissant le 11 Avril 2011, dénoncent un certain amateurisme dans le traitement de la question. On n’a vraiment pas le sentiment d’avoir été débarrassé de Laurent Gbagbo. Il hante encore et de- meure présent dans les esprits. Au grand plaisir du FPI qui joue sur l’ima- ge de Gbagbo. Que dire des succès dans les kiosques, de la presse pro- Gbagbo, relayée par des attaques au vitriol des pro-Ouattara, là où on at- tendait d’eux des messages d’apaise- ment et de réconciliation, là où on peut attendre une pression et un désir de paix adressé à Ouattara. Même si des partisans et des médias réclament vengeance et justice, le rôle des gouvernants est-il de hurler avec des loups, de diviser les Ivoiriens et de torpiller les appels à la réconciliation du Chef de l’Etat ? Ne faut-t-il pas que le Chef de l’Etat donne un nouveau souffle au gouvernement et procède à un remaniement ? Le temps n’est- il pas proche, dans les mois à venir, d’envisager un nouveau gouvernement proposé par le Premier ministre Ahoussou Jeannot ? Après son interview à la télé, le président de la République doit donner d’autres signaux et essayer de redresser la barre. Fermer les yeux, ne rien faire et dire que tout va bien, est fort suicidaire.

Ismaël Dembélé

Quand la rediffusion d’anciens propos de Hollande met encore Gbagbo au centre du débat et de l’actualité

HIER LA RTI1 a donné du grain à moudre à ceux qui pensent que Lau- rent Gbagbo et la mobilisation de ses partisans troublent le sommeil des autorités ivoiriennes. Au journal de 20h, après la diffusion des images de l’investiture du président François Hollande, RTI1 a diffusé un ancien élément de celui qui était alors patron du parti socialiste, dans lequel Hollande traitait Laurent Gbagbo de dictateur infréquentable, voulant s’accrocher au pouvoir. S’il s’agit de convaincre que tout va bien entre les présidents Hollande et Ouattara, la vidéo en effet produit l’effet con- traire : le tigre ne proclame pas sa tigritude. Au lieu de faire redire à François Hollande que Laurent Gbagbo est un dictateur infréquentable, ne vaut-il pas mieux le présenter en train de dire que le président Ouat- tara est un démocrate fréquentable ? Et si demain, la France émettait une opinion contraire sur la politique ivoirienne. Et si Paris déplorait égale- ment l’usage à des fins politiciennes intérieures et ivoiro-ivoiriennes, de propos antérieurs de celui qui est devenu président de la République. C’est vrai que Laurent Gbagbo a dirigé la Côte d’Ivoire pendant dix ans ; c’est vrai que le FPI et les LMP ont plongé le pays dans une grave crise postélectorale, mais depuis un an, Alassane Ouattara est président de la République. Le temps est venu de cesser de donner le sentiment aux Ivoiriens, que les autorités cherchent à prendre prétexte des années Gbag- bo, et de la crise postélectorale, pour expliquer et justifier des échecs et insuffisances à venir, au moment du bilan dans 4 ans. Depuis le 21 Mai 2011, Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié et le RHDP sont seuls au pouvoir. Le succès sera de leur seul fait. L’échec ne peut être imputé à Laurent Gbagbo, encore moins à la crise postélectorale qui est der- rière nous, et qu’il faut liquider définitivement. Après avoir vu hier la vidéo de François Hollande dénonçant l’ex-président ivoirien, on ne peut pas oublier de rappeler que dans son premier discours à l’Elysée, le prési- dent François Hollande a rappelé hier que la France est le pays de la déc- laration universelle des droits de l’Homme. A ce titre, le successeur de Nicolas Sarkozy a précisé que la France sera du côté de la défense de la liberté des peuples, de la promotion de la dignité des opprimés et des femmes. Quelques pro-Ouattara qui ont analysé la vidéo de François hol- lande au premier degré en ont conclu que cela va doucher les ardeurs et rêves des pro-Gbagbo. D’autres proches du RHDP ont par contre es- timé, que le pouvoir n’avait pas besoin de cela ; tandis que les pro-Gbag- bo eux y ont encore perçu une preuve supplémentaire de ce que le camp Ouattara manifeste un manque d’assurance et de sérénité. Pour sûr la France et l’attitude de François Hollande seront au cœur de la politique ivoirienne dans les semaines et mois à venir.

Charles Kouassi

In l’Intelligent d’Abidjan

Wed, 16 May 2012 12:00:00 +0200

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