Interview / Mme Anne Oulotto, porte-parole principale d’Alassane Ouattara : ‘’Gbagbo doit financer le désarmement avec ses fonds de souveraineté‘’

Photo : DR
Le contentieux sur la liste électorale grise s’est achevé depuis le 15 mai 2010. Quel commentaire faites-vous ?

Nous saluons la fin de ce contentieux sur la liste grise qui nous permet de progresser dans le processus de sortie de crise. Seulement, nous constatons avec regret que ce contentieux a constitué une perte de temps inutile. Le manque d’engouement constaté sur toute l’étendue du territoire national en témoigne. Mais en tout état de cause, nous avons donné notre avis favorable à la réalisation de ce contentieux, dans le seul souci de transparence et de rassurer tous les Ivoiriens quant à notre détermination à aller à ces élections pour une paix durable. De plus, ce contentieux sur la liste grise a coûté inutilement de l’argent aux contribuables ivoiriens. Pour nous, cette opération n’a servi strictement à rien. Mais, si quelque part elle a servi à rassurer le camp présidentiel pour qui, il constituait un préalable, tant mieux. Nous espérons que la suite du processus se déroulera avec plus de célérité.

Le Fpi a toujours réclamé un audit. Le Rdr avait rejeté cette option, subitement, le président du Rdr s’est aligné derrière la décision du PDCI sur le principe de la vérification de la liste électorale. Le Rdr ne se sent t-il pas écarté dans le processus, au point de dire à chaque fois oui au Pdci ?

Le RDR et le PDCI ont ensemble accepté le principe de la vérification. Le Premier ministre Guillaume Soro avait déjà rencontré le président du Rdr avant sa visite au président Henri Konan Bédié. Donc, à aucun moment, nous n’avons été écartés du processus. Au contraire, nous sommes membres du Cadre permanent de concertation (Cpc) dans le cadre de l’Accord politique de Ouagadougou. Nous sommes des acteurs incontournables du processus de sortie de crise, et tenons en tout à jouer pleinement notre rôle. Pour le RDR, il s’agit donc d’une vérification intelligente d’une liste de personnes établie à partir de la liste blanche. C’est de cela qu’il s’agit. Il ne s’agit en aucune façon d’auditer ou encore moins de « nettoyer » la liste blanche comme le disent les frontistes. Le Président Ouattara a clairement expliqué au Premier ministre Soro que nous ne voyons aucun inconvénient à une vérification intelligente de la liste blanche, à condition d’éviter d’en profiter pour spolier d’honnêtes citoyens de leur nationalité ivoirienne. Nous y veillerons. Vous savez, lorsque nous avions participé aux opérations d’audiences foraines, d’identification et d’enrôlement, au Rdr, nous avions mobilisé au-delà de notre parti tous les Ivoiriens en les invitant à s’inscrire massivement pour prendre part à l’élection présidentielle. Nous l’avions fait parce que nous souhaitions déjà que les Ivoiriens participent à la sortie de crise donc au scrutin présidentiel. Nous ne sommes pas allés dans les chancelleries pour demander aux non-Ivoiriens de se faire enrôler. Nous nous sommes adressés aux militants du Rdr et aux Ivoiriens. Le Rdr veut des élections propres et ne peut donc favoriser la fraude. C’est la raison pour laquelle le président Ouattara affirme haut et fort que s’il y a des doutes portant sur un certain nombre de personnes inscrites sur cette liste blanche, il faut lever ces doutes.

Ne peut-on pas qualifier cela de recul du Rhdp en général face à la Majorité présidentielle puisque vous aviez dit dans le temps qu’il ne fallait plus toucher à la liste blanche car certifiée par l’Onu ?

Vous dites que nous avons accepté ce principe. Ce n’est qu’un principe. Et pour la paix, pour l’intérêt général et le bonheur des Ivoiriens, on peut revoir ses principes. La paix n’a pas de prix ! Le plus important, c’est l’objectif à atteindre : l’élection présidentielle. La minorité présidentielle, que vous appelez abusivement majorité présidentielle, dans sa stratégie, veut nous détourner de cet objectif en usant de toutes sortes de subterfuges pour nous empêcher d’aller aux élections présidentielles. Nous ne le permettrons jamais. Alors, si ces quelques vérifications qui prendront probablement au maximum trois semaines peuvent se faire de façon concomitante avec le contentieux initialement prévu sur la liste blanche, nous n’y voyons absolument aucun inconvénient. Mais je tiens à vous dire qu’au terme de ce contentieux sur la liste blanche et au terme de cette vérification de la liste fournie par le Fpi à partir de la liste blanche, vous verrez que ce processus, ou du moins cette étape de vérification, nous fera encore inutilement perdre du temps et de l’argent. Parce que sur cette liste qu’ils brandissent comme étant une liste constituée d’éventuels fraudeurs, nous avons les personnes inscrites sur la liste de 2000. Une fois ces personnes retirées de la liste et que l’on aura réglé la question de leurs descendants, vous verrez que certainement nous allons nous trouver avec des cas de nouveaux majeurs qui se sont fait probablement enrôler pendant les opérations d’enrôlement et d’identification. Donc, ces personnes se présenteront avec des pièces justificatives. S’il est avéré que parmi ces pétitionnaires, il y a des non-Ivoiriens, eh bien, ceux-ci n’ont pas le droit d’être sur la liste. En tout cas au Rdr, nous n’avons pas fait d’ ‘‘opération inondation’’ pour nous retrouver aujourd’hui avec une liste inondée si je puis m’exprimer ainsi. Ce sont ceux qui ont mené cette opération inondation qui doivent s’attendre à une liste inondée. Mais une liste inondée de qui et par qui ? Seul le Fpi peut répondre à cela. J’aurais souhaité que vous leur reposiez cette question. Ils ont fait une ‘‘opération inondation’’. Où sont-ils allés chercher ces personnes qui ont inondées la liste électorale ? Voyez-vous, ce sont eux qui doivent avoir des inquiétudes parce que nous, nous avons la certitude que nous allons gagner ces élections quelle que soit la liste définitive. A la vérité, sur cette liste, ne seront inscrits que des ivoiriens qui auront pour seul souci de sanctionner le FPI pour n’avoir pas été capable de maintenir la paix dans le pays.

Vous aviez décidé au Rhdp d’organiser une marche le 15 mai dernier pour réclamer la tenue des élections. Cette manifestation a été finalement reportée. Justifiant ce report, le président du Pdci Henri Konan Bédié avait déclaré que les jeunes du Rhdp voulaient organiser une marche insurrectionnelle. Comment avez-vous accueilli les propos de Bédié au Rdr ?

Il ne m’appartient pas de qualifier les propos du président Henri Konan Bédié. Il a fait son analyse. Il a estimé que cette déclaration était nécessaire. Ecoutez, quel est l’intérêt de revenir sur ce qui est déjà passé. Le report de cette marche du Rhdp a été une action saluée et comprise par tous, même par les initiateurs. Où est le problème ?

Donc, les jeunes ne voulaient pas organiser une marche insurrectionnelle ?

Vous pensez que pour faire une insurrection on crie sur tous les toits qu’on va faire une marche insurrectionnelle. C’est une analyse de la situation faite par le président Henri Konan Bédié, vu l’engouement suscité par cet appel des jeunes du RHDP, à tous les Ivoiriens qui se sont mobilisés pour mettre fin aux agissements d’un régime qui fait souffrir toute une nation. Vous avez vu que les Ivoiriens avaient accueilli de façon très favorable l’annonce de la tenue de cette marche. Et cela est allé au-delà même de l’attente des jeunes. Les leaders ont simplement dit que cela n’avait pas été envisagé au départ, d’autant plus qu’en face, la riposte organisée aurait forcément été fatale et meurtrière. Ils ont pris leurs responsabilités compte tenu du contexte et des assises annuelles de la Bad. Cela relève à présent du passé. Avançons donc !

La marche a été reportée et non annulée. A quand donc la prochaine manifestation ?

Demandez à M. Laurent Gbagbo d’organiser encore des obstacles à l’avancée du processus de sortie de crise, et vous aurez la date de la marche. Pour le moment nous attendons. Gbagbo a rencontré le président Ouattara à qui il a promis tout faire pour que nous ayons très rapidement une date de l’élection présidentielle. C’est ce que nous attendons. Et nous voyons que les dispositions sont en train d’être prises dans ce sens. De nombreuses rencontres ont lieu en ce moment. Le premier ministre a fait le point de cette rencontre aux présidents Ouattara et Bédié. On a annoncé la tenue dans quelques jours d’un conclave Gbagbo, Bédié, Ouattara et Soro. Espérons qu’au sortir de cette rencontre, la Commission électorale indépendante sera à même de nous annoncer donc la date de l’élection présidentielle. Nous espérons en tout cas que ce jour là, la fumée blanche sortira et apparaitra à partir de la Commission électorale indépendante.

Le professeur Mamadou Koulibaly le président de l’Assemblée nationale a déclaré que l’accord de Ouaga avait échoué et montré toutes ces limites. Êtes-vous de cet avis ?

Le Fpi est signataire de l’Apo avec les Forces nouvelles. Donc, si le deuxième personnage de l’Etat et vice-président du Fpi nous dit que l’Apo est mort, c’est vraiment inquiétant et préoccupant pour l’Ivoirienne que je suis. Je reconnais en tout cas que cet Accord politique de Ouagadougou nous aura permis d’avoir toutes les avancées que nous enregistrons aujourd’hui. Grâce à l’Apo, on a pu finir les audiences foraines et l’identification. Nous avons pu avoir une liste blanche à partir de laquelle nous sommes en train d’aller tout doucement vers une liste définitive.

Donc, vous êtes d’avis avec Affi N’Guessan qui a dit ne pas être d’accord avec Mamadou Koulibaly dans le fond comme dans la forme ?

Je n’ai pas à être d’accord avec Affi. C’est à lui de faire face à ses problèmes internes au Fpi et de les régler. Si Mamadou Koulibaly qui est président de l’Assemblée nationale et l’un des vice-présidents du Fpi déclare sur la place publique que l’Accord politique de Ouagadougou est mort et que Affi dit qu’il n’est pas d’accord, ce sont de graves controverses au Fpi qui nous préoccupent profondément. Qu’un parti au pouvoir ait de si graves contradictions et montre ainsi l’incohérence de ses premiers dirigeants, sur la place publique, je trouve que cela est véritablement inquiétant. C’est tout simplement la preuve du désordre et de l’incapacité du Fpi à diriger les affaires de l’Etat de Côte d’Ivoire et à nous conduire à la sortie de crise. Mamadou Koulibaly qui somme toute, fait preuve de grand courage en dévoilant à toute la Côte d’Ivoire le vrai visage du FPI, son parti, mérite en tout cas des encouragements. Il lui appartient dès lors d’aller jusqu’au bout de sa logique en se désolidarisant le plus rapidement possible d’une formation politique si peu recommandable. Autrement, il ne serait plus crédible en s’entêtant à chasser les magnans en restant dans les magnans. Je ne peux simplement que leur dire d’aller laver leur linge sale en famille et de nous éviter des scandales ou des diversions inutiles. Ce qui nous intéresse, c’est la sortie de crise et la tenue des élections.

Mais, vous ne pouvez pas occulter le fait qu’il n’y ait pas encore eu de désarmement…

C’est vrai qu’ils détiennent toujours des armes de part et d’autre. Lorsqu’on parle du désarmement, il s’agit de celui des Forces armées des Forces nouvelles d’une part et des Forces de défense et de sécurité, d’autre part. Il y a aussi le désarmement des milices. C’est vrai que nous qui vivons dans la partie Sud du pays, nous voyons des armes un peu partout. Je vous le concède. Mais, j’ai eu également l’occasion de voyager à travers le pays. Je me suis rendu compte que contrairement à 2002, 2003 et 2006, il n’y a plus de check-point. Je considère donc que le pays est réunifié. Il y a eu la flamme de la paix à partir de laquelle on a vu que des armes avaient été symboliquement brulées. J’ai vu des opérations de désarmement d’ex-miliciens dans la région du Moyen-Cavally à Guiglo, avec Maho Glofiéi et ses jeunes gens. Je ne peux pas dire qu’il n’y a pas eu de désarmement. Le désarmement est un processus. Récemment les Forces nouvelles, à l’issue d’une réunion qu’elles avaient eue avec le ministre de la défense, ont annoncé qu’à partir du 15 juin commencera l’encasernement des Forces armées des forces nouvelles. Ecoutez, il faut donc que le Centre de commandement intégré (Cci) soit effectivement et rapidement fonctionnel pour qu’on puisse avancer. Je crois savoir par la même occasion qu’il y a des problèmes financiers, qui nous dit-on, constituent un obstacle à la mise en œuvre de ce processus de désarmement et de réunification du pays. C’est très grave et même scandaleux ! Le désarmement devrait être une priorité pour Laurent GBAGBO et la minorité présidentielle. On nous parle de la tenue du cinquantenaire de la Côte d’Ivoire qui nous coûtera des milliards de FCFA, alors qu’on aurait pu utiliser cet argent pour mener à son terme le processus de désarmement. Cela nous ferait gagner du temps. Et sitôt l’élection présidentielle terminée, on pourrait donc tranquillement célébrer le cinquantenaire dans une Côte d’Ivoire nouvelle réconciliée et paisible. Donc, je pense que le désarmement est un processus qui suit son cours correctement, mais la difficulté, comme l’a dit le ministre de la défense, est d’ordre financier. Si c’est le cas, il faut qu’on priorise les dépenses de l’Etat Ivoirien. Et la Côte d’Ivoire dispose des ressources pour mener à bien le désarmement. Je puis vous affirmer que le pays n’est pas à 4 milliards de FCFA près pour le désarmement. C’est ridicule, parce que la paix n’a pas de prix. Laurent GBAGBO ne veut pas du désarmement pour ne pas aller à l’élection présidentielle. Autrement, il aurait déjà ordonné le décaissement. Mieux, pourquoi ne pas le financer lui-même sur ses fonds de souveraineté ? Ce serait un acte salutaire de patriotisme vrai que le pays entier lui reconnaîtra pendant longtemps. Les jeunes gens sont déterminés. Ils veulent aller donc au désarmement. Le pays est déjà réunifié et on ne peut pas nous dire le contraire. Il faut qu’on arrête d’intoxiquer les Ivoiriens. Je vous assure qu’il nous reste 2% du travail à faire pour arriver à l’élection présidentielle. C’est pourquoi, nous considérons au Rdr qu’en aucune façon le désarmement et la réunification du pays ne doivent être considérés comme des obstacles et des préalables à la tenue des élections. Ce sont des choses qui seront parfaites après l’élection présidentielle.

On a assisté récemment à des affrontements entre des éléments de Wattao et Shérif Ousmane à Bouaké. Ne craignez-vous pas que de tels scenarios se produisent lors du scrutin ?

Je pense qu’il ne faut pas dramatiser les choses. On voit bien aussi que de temps en temps des gendarmes et des policiers se tirent dessus, à Yopougon par exemple. En quoi est ce que cela peut déranger le processus électoral ? Ce n’est pas parce que des éléments de Wattao et de Shériff se sont énervés à Bouaké que cela va constituer un problème pour nous. Au Sud aussi, on a vu des éléments de Mangou, de Kassaraté et de Guiai Bi Poin se tirer dessus. Je pense qu’il ne faut pas dramatiser les choses. N’intoxiquons pas les Ivoiriens. Le processus de sortie de crise est en train de nous mener tranquillement vers les élections. Il faut qu’on concentre toutes nos énergies à cela. Qu’on mette les moyens et qu’on priorise les dépenses de l’Etat de sorte que le désarmement puisse se faire selon le mode opératoire arrêté par les forces belligérantes. Nous ne savons pas exactement ce qui se passe entre elles. Mais, ce qu’elles nous disent est rassurant. Vous parlez de la sécurisation des élections. Le Cci a été crée pour cela. Il faut leur donner les moyens. Tout est question de volonté politique.

Les partis du Rhdp notamment le Pdci, le Rdr, l’Udpci et le Mfa avaient décidé récemment de se fondre en un parti unifié. Certaines personnalités de cette alliance ont souhaité que le Rhdp aille aux élections avec un candidat unique. Au cas où le président Bédié est choisi comme candidat du Rhdp, est-ce que le Rdr accepterait de s’aligner derrière cette décision ?

Parlant du parti unifié, c’est une suite logique. On ne peut pas constituer une alliance aussi forte et déterminante pour les Ivoiriens, aller à des élections, les gagner et puis espérer diriger le pays sans avoir avec soi un parti fort. C’est cela le sens du parti unifié. Nous allons à des élections présidentielles, capitales pour la Côte d’Ivoire. Le Rhdp constitué du Pdci, du Rdr, de l’Udpci et du Mfa aujourd’hui représentent pour les Ivoiriens des raisons d’espérer en un lendemain meilleur, à un développement et à une paix durable. Il faut que nous ayons le courage d’aller jusqu’au bout de cette dynamique. C’est pour cela que déjà, nous comptons mettre en place un programme commun de gouvernement qui va nous mener à un parti unifié. Maintenant, des comités de réflexion ont été mis en place pour réfléchir à la faisabilité de la chose, ils vont au terme de ces séances faire des propositions. Nous attendons leurs propositions. En ce qui concerne la candidature unique, ce problème pour nous a déjà été réglé dès la création du Rhdp. Et nos leaders ne cessent de répéter que chaque parti ira à l’élection présidentielle avec son candidat. Le débat sur cette question est clos.

Au cas où les comités de réflexion proposeraient le principe de la candidature unique et décideraient que Bédié soit le candidat unique, est ce que le Rdr accepterait de sacrifier son leader pour soutenir cette option ?

Et si les comités proposent que le candidat unique soit Alassane Ouattara ? Pourquoi n’envisagez- vous pas cette éventualité ? Je crois que cette question n’est plus du tout d’actualité.

Dans une Interview accordée à notre canard, le président du Fpi Affi N’Guessan a déclaré que les partis politiques du Rhdp ont décidé de se fondre en un parti unifié parce que conscients de leur faiblesse. Quel commentaire ?

L’intoxication, la propagande, le mensonge, les contre-vérités, c’est cela l’arme fatale du Fpi. Si Affi considère que le Pdci, le Rdr, l’Udpci et le Mfa sont des partis faibles et seront faibles après leur fusion, c’est sa logique qui d’ailleurs nous fait mieux comprendre l’état de délabrement et de désordre dans lequel son parti a mis le pays. Je pense qu’il ne faut pas ramener le débat politique à ce genre de bassesses.

Donc, une alliance Fpi-Rdr n’est pas envisageable ?

Il ne faut pas mélanger des torchons et des serviettes. Allons à l’essentiel.

Alassane Dramane Ouattara a été reçu à l’Elysée par Sarkozy. D’aucuns pensent que la France veut l’imposer aux Ivoiriens.

Si je m’en tiens à votre logique, pourquoi la France n’a-t-elle donc pas imposé Ouattara en 2000 ? Pourquoi elle ne l’a pas imposé en 1993 à la mort d’Houphouet Boigny. Je trouve ces allégations pas très cohérentes. La France n’a pas à imposer Ouattara aux Ivoiriens. Ouattara est assez grand et intelligent pour convaincre ses concitoyens de lui accorder leur suffrage. Il a un parti fort et a un programme pertinent et ambitieux. Aujourd’hui, il a fait ses classes. Il est désormais adopté par tous les Ivoiriens, notamment des chefs traditionnels et des leaders d’opinion. Ouattara a le droit d’avoir des relations de par le monde. Vous savez bien qu’il est désormais incontournable pour sauver la Côte d’Ivoire. Cela me fait penser à ce passage biblique qui dit que « la pierre que les bâtisseurs ont rejetée devient la pierre qui va porter l’édifice », la pierre angulaire. Ouattara est cette pierre angulaire qui portera la Côte d’Ivoire, parce qu’incontournable. Le pays a besoin de son expérience, de ses compétences et de son crédit.

Mme Anne Ouloto, vous êtes porte-parole du candidat Alassane Ouattara. Vous êtes directrice régionale associée dans le Moyen Cavally et directrice départemental de Toulepleu. Certaines langues disent que vous ne représentez rien dans votre localité. Que répondez-vous ?

Ces langues qui le disent sont-elles celles des cadres Fpi qui, semble-t-il, sont remontés contre moi parce que je sensibilise notre jeunesse à prendre conscience et à dire non à leur manipulation ? Est-ce que vous savez que de 2002 à 2003, le département de Toulepleu a connu des atrocités par la faute de ces cadres qui voulaient montrer qu’ils sont les plus fidèles de Gbagbo ? Donc, ils sont capables de conduire leurs frères et sœurs à l’abattoir. Il y a eu plus de morts à Toulepleu qu’à Korhogo et Odienné. Et puis aujourd’hui les populations de ce département vivent dans la plus grande pauvreté, sans aucune infrastructure de développement malgré l’existence d’un Conseil général. Un conseiller de Gbagbo Laurent et le secrétaire général de gouvernement, sont originaires de ce département. Que font-ils pour les populations et pour le département ? Rien ! absolument rien !. L’hôpital de Toulepleu n’a même pas un groupe électrogène. En cas de coupure d’électricité, les sages-femmes procèdent à des accouchements avec des lampes torches. Alors, eux qui représentent quelque chose où quelqu’un, où sont-ils et que font-ils ?C’est pour cela que nous les dérangeons. Puisqu’ils disent que nous ne représentons rien, allons aux élections. Je vais leur montrer, une fois Alassane Ouattara élu, comment on doit faire en sorte que sa région soit prise en compte dans le développement quand on est à côté d’un homme d’Etat. On ne suit pas un chef d’Etat pour s’enrichir personnellement. On le fait pour sa communauté.

Vous avez amené il y a deux ans près de 200 éléments de la Force Lima à épouser la cause du candidat du Rdr. Concrètement, quelles sont les actions qu’ils ont menées en faveur de l’élection d’Alassane Ouattara ?

La Force Lima a été démantelée. Ils ne sont donc plus des miliciens. C’est pour cela que nous les avons invités puis acceptés au Rdr. Ils sont aujourd’hui des militants du Rdr. Ils ont mené plusieurs actions. Lorsque le président Alassane Dramane Ouattara a effectué sa tournée dans le Moyen Cavally, ce sont les ex-miliciens qui ont constitué dans le département de Toulepleu les éléments de mobilisation. Et aujourd’hui, ils ont réussi à mobiliser autour du président Alassane Dramane Ouattara un grand nombre de jeunes. Ils sont désormais des messagers auprès de leurs amis jeunes pour les inviter à soutenir la candidature d’ADO, candidat des jeunes pour leur meilleur devenir. On apprend d’ailleurs que les cadres du Fpi essaient de maintenir ces jeunes dans des situations de milices pour d’éventuelles reprises de la guerre. C’est triste et regrettable. Je peux vous assurer que le sous-préfet de Toulepleu le lieutenant Oulaï Delafosse que je salue au passage, a même félicité le jeune Teni Médard, ex-milicien de Lima, pour ces actions en faveur de la paix. Ces jeunes sillonnent le département de Toulepleu de façon permanente pour désintoxiquer leurs camarades. Ils sont également nombreux à Abidjan où ils travaillent pour le Rdr et pour la paix. Ils ont réussi à sensibiliser leurs amis en les invitant à dire non à la violence que leur propose depuis dix ans le Fpi, en les maintenant dans des conditions de vie dégradantes et indécentes

Avec le partenariat de L’Intelligent d’Abidjan / Interview réalisée par Touré Abdoulaye

Thu, 17 Jun 2010 03:19:00 +0200

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