mars 23, 2023

Konaté Navigué (JFpi) aux jeunes Ivoiriens :«Tenons bon, n’abandonnons pas le combat ! »

Notre Voie : A la faveur de cette nouvelle année 2013, quel est votre message à l’endroit de la jeunesse du Fpi et de tous les jeunes de Côte d’Ivoire ?

Konaté Navigué : 2012 à été une autre année d’épreuves pour la jeunesse ivoirienne. Durant toute l’année, les jeunes ont subi toute sorte d’humiliation. Les autorités ont voulu minimiser, camoufler ou ignorer toutes ces violations de droits de l’homme mais elles ont été épinglées par les rapports des organisations de défense des droits de l’homme. 2012 à été la confirmation de l’état de non droit en Côte d’Ivoire et du refus de la liberté d’action et d’expression. Malgré cette dictature froide, les jeunes sont restés debout. Je voudrais rendre hommage particulièrement à la jeunesse du Front Populaire Ivoirien (Fpi), à son bureau national qui a parcouru tout le territoire national pour redynamiser les structures de base. Salutations aux Secrétaires généraux des fédérations et sections qui, malgré les exactions et les menaces, demeurent debout. Salut enfin à tous les jeunes militants et sympathisants qui résistent quotidiennement à la terreur. Permettez-moi de saluer avec respect nos militants de la diaspora. Grâce à leur énergie et leur engagement, tout le monde sait aujourd’hui dans le monde entier que le président Gbagbo est injustement détenu à La Haye. Je ne saurais oublier tous ces jeunes réfugiés au Ghana, Bénin, Togo, Libéria et partout ailleurs. Qui ne peuvent rejoindre leur pays et dont le seul tort est d’avoir soutenu Laurent Gbagbo. Enfin, tous les jeunes qui croupissent dans les geôles du pouvoir d’Abidjan sans savoir ce qu’ils ont fait. C’est aussi le lieu d’interpeller tous nos camarades qui ont abandonné ou qui veulent abandonner la lutte, par peur ou pour quelque raison, à se ressaisir et à rejoindre les structures du parti pour ce combat certes difficile mais exaltant. Que 2013 soit pour tous ces jeunes, une nouvelle année de réengagement pour notre combat. N’abandonnons pas ! Ne cédons pas et n’oublions surtout pas : «on ira jusqu’au bout». Que Dieu nous abonde de sa grâce et nous donne la force nécessaire pour relever les défis futurs.

N.V : L’actualité de premier plan en 2012 au niveau de la jeunesse ivoirienne fut la transformation du Cojep, la structure créée par Charles Blé Goudé, en un mouvement politique au terme du congrès du Cojep tenu le 13 décembre dernier dans la clandestinité à Abidjan. Quelle est votre opinion à ce propos ?

K.N : Aucun militant du Fpi ne peut être contre la création d’un parti politique en Côté d’Ivoire. Si nous nous sommes battus pour le multipartisme depuis des décennies, c’est bien parce que nous sommes convaincus que le pluralisme politique est une partie intégrante de la démocratie. Donc la transformation du Cojep en mouvement politique ne dérange pas le Fpi, au contraire, cette naissance va enrichir les débats. C’est dans la différence que l’on peut résoudre les différends. Je souhaite sincèrement bon vent au nouveau Cojep et bonne santé à Charles Blé goudé pour continuer le combat. 2013 sera une autre année de défis et tous les militants du Fpi doivent se mobiliser autour de la direction du parti que je salue pour le travail abattu dans cet environnement délétère. Je pense qu’il y aura des mots d’ordre et nous devons tous être debout et fiers de ce parti qui marche et qui marchera toujours.

N.V : Huit prisonniers politiques dont l’ex-Premier ministre, Gilbert Aké N’Gbo, ont été récemment libérés par l’actuel pouvoir ivoirien. Est-ce un geste rassurant ou pensez-vous qu’Alassane Ouattara doit aller plus loin ?

K.N : Félicitations et encouragements à ces camarades pour leur résistance. Ils ont passé deux ans en prison pour rien. Un jour, dans la honte et sans gloire, le régime Ouattara libérera tous les autres prisonniers politiques. Pendant combien de temps vont-ils garder tout ce monde en prison sans raison? La Côté d’Ivoire est actuellement le pays qui a le plus de prisonniers politiques dans le monde. C’est un rang sans gloire. C’est notre mobilisation quotidienne qui fera libérer tous ces prisonniers politiques. Qu’ils sachent que nous sommes avec eux, nuit et jour. Qu’ils tiennent bon. «C’est dur mais ça va pas durer», dit l’artiste.

N.V : Dans son discours à la Nation ivoirienne, le 31 décembre 2012, le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, dresse un tableau élogieux de sa gouvernance au plan économique et sociopolitique. Vous qui êtes à l’extérieur, est-ce le même regard que vous portez sur le pays ?

K.N : J’ai lu le discours et je pense que son auteur doit être sur une autre planète tant il est en déphasage avec les préoccupations des Ivoiriens. Ce qui m’a fait sourire, c’est quand il répond aux Ivoiriens qui constatent que l’argent ne circule pas en leur disant que l’argent travaille. J’ai trouvé cette réponse curieuse de la part d’un économiste, car c’est bien parce que l’argent ne travaille pas qu’il ne circule pas. Il y a une relation de cause à effet. S’il n’y a pas d’argent en circulation, c’est justement parce que l’argent ne travaille pas. Quand on dit que l’argent ne circule pas, cela ne veut pas dire que l’argent doit être dans des voitures entrain de circuler dans les rues ou bien que l’argent doit être en l’air entrain de voler. J’ai trouvé aussi curieux qu’il soit auto-satisfait alors qu’au plan économique, la situation est plutôt misérable. Les éléments qui caractérisent la macroéconomie sont : le revenu, l’investissement, la consommation, le taux de chômage et l’inflation. Or tous ces éléments sont au rouge. Le revenu des Ivoiriens s’est vu réduit drastiquement du fait de l’augmentation anarchique et abusive des produits. L’investissement est au point mort car quel investisseur prendrait le risque d’investir dans cette jungle appelée abusivement Etat de Côte d’Ivoire? Au contraire, les entreprises ferment. Ce qui augmente de façon exponentielle le taux de chômage et la consommation disparaît dans ces conditions où l’inflation est galopante. Cette situation dramatique de la macroéconomie influence forcément la microéconomie et cela est perceptible dans les ménages qui ne vivent plus mais qui survivent. Les ivoiriens vivent dans une angoisse existentielle. Tel est l’état de notre économie ; une économie exsangue. En ce qui concerne la situation sociopolitique, tout le monde voit que rien ne marche. Il y a une fracture dans le destin de notre nation et tout est mis en place pour aggraver cette fracture. Dans ces conditions, délivrer un message de fin d’année sans toucher du doigt les préoccupations quotidiennes des Ivoiriens relève d’une simple stratégie de communication. Comme d’habitude, on s’est adressé à la communauté internationale, pas aux Ivoiriens. Les Ivoiriens sont habitués à cette façon de faire, si bien qu’ils ne se sentent pas concernés par un tel message.

N.V : Dans la nuit du 31 décembre 2012 au 1er janvier 2013, un drame a endeuillé les Ivoiriens avec la mort tragique d’une soixantaine de personnes et de nombreux blessés à Abidjan. Des observateurs parlent d’une spirale de sang et de drames depuis avril 2011. Etes-vous du même avis ?

K.N : Personne ne peut se réjouir raisonnablement d’un tel drame. Je voudrais au nom de la jeunesse du Front populaire ivoirien (Fpi) présenter les condoléances aux familles éplorées. Que leurs âmes reposent en paix. Prompt rétablissement aux blessés.

Interview réalisée par Didier Depry in Notre Voie
didierdepri@yahoo.fr

Fri, 04 Jan 2013 18:20:00 +0100

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