«Le Monde s’effondre» de Chinua Achebe : Best-seller et foncièrement anticolonial

«Things fall apart» ou encore «Le Monde s’effondre», c’est le roman qui a donné une célébrité mondiale à l’écrivain nigérian Chinua Achebe. Publié en 1958, cet ouvrage est un véritable témoignage sur le mode de vie des africains avant et pendant la colonisation de l’Afrique noire par les Européens, notamment les britanniques. L’auteur met en lumière, le choc des civilisations matérialisé par l’arrivée des premiers missionnaires chrétiens, la portée de leur message évangélique, les dérapages liés à la collusion de certains missionnaires avec le pouvoir administratif colonial et les sociétés traditionnelles dont l’unité spirituelle est brisée par l‘émergence de la communauté chrétienne naissante. Mais également la remise en cause de certaines pratiques comme l’infanticide des jumeaux. «Le monde s’effondre» est en réalité, l’histoire d’un notable Ibo du nom d’Okonkwo ayant connu la gloire et la chute de par la faute des colons britanniques. En effet Chinua Achebe suit à la lettre, les traces d’Okonkwo, guerrier et grand agriculteur qui projette de redorer le blason de sa famille terni par un père assisté et paresseux. Le cadre de l’histoire est donc celui d’un clan ibo, groupe de population du Sud-est du Nigeria dans le contexte d’une Afrique pré coloniale. L’auteur fait le portrait d’un homme rude, complexé, ambitieux qui veut s’accomplir tout en devenant une figure de son clan. Le romancier relate ainsi cette ascension progressive, son apogée puis l’exclusion inattendue du clan. Les relations avec les autres clans, les sacrifices humains sont tous narrés avec objectivité et lucidité. Le personnage d’Okonkwo contraint à l’exil avec toute sa famille (dont trois épouses) suite à une transgression grave du code du groupe est amené à prendre du recul, à observer l’hospitalité de son clan maternel et de percevoir les premiers échos de l’arrivée de l’européen en terre ibo. Contact fait d’incompréhension et de premiers heurts violents. Traduit en 50 langues, ce livre qui s’est écoulé à plus de 10 millions d’exemplaire, obtient le «Margaret Wrong Memorial Prize». Chinua Achebe, s’était installé depuis le 1990 aux Usa avec sa famille en tant que professeur de littérature au Bard College, puis à la Brown University, dans l’Etat du Rhodes Island. Il y était également était chargé d’études africaines. Ce monstre de la littérature africaine s’est éteint le 21 mars 2013 dans un hôpital de Boston, à l’âge de 82 ans, des suites d’une longue maladie. Une nouvelle qui a attristé le monde littéraire vu que son œuvre a nourri plusieurs générations et auteurs du continent noir.

Marlène Sih Kah in Le Temps

Fri, 05 Apr 2013 00:42:00 +0200

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