Nous avons notre nouveau président

Durant la cérémonie de passation des pouvoirs, nous avons en effet continué à scruter les moindres faits et gestes du président sortant, Nicolas Sarkozy, et du fraîchement élu François Hollande. Ainsi que de leurs femmes respectives, un peu étonnés de découvrir une Carla Bruni, pourtant ex-mannequin, habillée de manière si peu glamour pour sa dernière séquence publique, alors que la nouvelle Première dame, elle, était chic et classe. Nous avons également suivi de près le défilé sur les Champs Elysées, avec un François Hollande détrempé par une pluie diluvienne, le coup de foudre sur l’avion présidentiel en route pour Berlin, l’obligeant à faire demi-tour. Certains y ont vu un mauvais présage pour ce nouveau quinquennat, d’autres au contraire, la bénédiction de la pluie. Mais pour que nous soyons à ce point attentifs, s’agit-il de notre président à nous, de notre Première dame à nous, nous autres francophones éparpillés sur la planète, mais tous pareillement accros à la vie politique française ? Non, bien sûr, nous avons nos propres institutions, notre propre président, mais souvent, nous sommes davantage intéressés par ce qui se trame et se joue à Paris, que ce qui se passe à Abidjan, Genève ou Bruxelles. Et chacun y va de sa petite interprétation, en fonction de ses convictions politiques. Rien ne nous échappera en tout cas durant le quinquennat de François Hollande, cinq ans à nous passionner, à encourager le nouveau président, à regretter l’ancien, à comparer des styles très différents. Si en Suisse, on craint un durcissement des relations, sur fond d’évasion fiscale et de « délocalisations » des grandes fortunes ; sur le continent africain, on se demande à nouveau si l’arrivée d’un pouvoir socialiste va permettre une « normalisation » des relations avec Paris ; même si l’expérience montre qu’il est difficile pour les présidents français de renoncer aux pratiques obscures de la « Françafrique » et de se passer des avantages et autres marchés captifs qu’elle procure. Petit retour en arrière. Il y a tous justes cinq ans, j’avais écrit dans les colonnes de l’hebdomadaire suisse Le Matin Dimanche une chronique intitulée « Les féticheurs africains contre Sarkozy » qui racontait la mobilisation des féticheurs et autres marabouts d’Afrique francophone pour neutraliser, à l’abri des regards indiscrets, les chances de Nicolas Sarkozy d’accéder à la présidence. C’est qu’en Afrique, « l’immigration choisie » voulue par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur, avait suscité beaucoup de réactions négatives. On lui reprochait alors de s’acharner contre les Africains, en faisant fi de tout ce que ce continent avait apporté et continuait de donner à la France. La mobilisation des féticheurs contre Sarkozy renvoyait d’ailleurs à une longue tradition, bien connue en Afrique francophone. Et tout particulièrement en Côte d’Ivoire, où l’on se rappelle encore de ce voyage effectué par Jacques Chirac, avant sa première élection à la présidence, alors que tout le monde le donnait perdant. Et de sa mystérieuse rencontre avec « une sorcière baoulé », qui lui avait prédit la victoire. Le Canard Enchaîné, à l’époque, s’en était fait écho, et avait raconté en détails l’appui mystique que les chefs d’Etat français venaient parfois chercher sur le continent. Juste après son élection, Jacques Chirac avait d’ailleurs réservé son premier voyage officiel à la Côte d’Ivoire, avec un arrêt remarqué à Yamoussoukro, au cœur du pays baoulé. Du coup, je me suis posée cette même question : pour lequel des deux candidats à l’élection présidentielle française les puissants féticheurs de Côte d’Ivoire et d’ailleurs ont-ils mobilisé leurs forces cette fois-ci ? Certains ont-ils tout tenté, mais en vain, pour permettre à Sarkozy d’enchaîner avec un deuxième mandat ? Hollande saura-t-il remercier tous ceux qui se sont mobilisés en sa faveur ? Affaire à suivre…

Par CATHERINE MORAND in fratmat.info

Fri, 18 May 2012 11:55:00 +0200

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