Piraterie des œuvres de l’esprit : Un revendeur de Cd illégaux fait de graves révélations : Il y a un deal entre les artistes et nous – Les Dj sont nos complices, Nous payons des tickets aux mairies

Vous étiez le président des revendeurs de Cd à la Sorbonne. Après la destruction de cet espace, que devenez-vous ?

Koné Kamono : Nous sommes là ! On se bat pour survivre. Vous savez, ça été un coup dur pour nous et pour tous les commerçants de la Sorbonne. Nous ne faisons pas de politique mais c’est nous qui avons payé le lourd tribut. Moi, en plus des Cd que je vendais, j’étais propriétaire d’une boutique d’appareils Vcd, Dvd et téléphones portables. J’ai perdu beaucoup dans la destruction de la Sorbonne. Aujourd’hui, je suis là et je continue de vendre mes Cd

Mais, l’activité à laquelle vous vous adonnez relève de la piraterie et est passible d’une peine d’emprisonnement. En êtes-vous conscient ?

K.K : Evidemment que j’en suis conscient. Comment on va faire ? Ce sont les effets de la crise que connaît la Côte d’Ivoire depuis le 19 septembre 2002 avec le déclenchement de la rébellion. A l’époque, en ma qualité de président des revendeurs de Cd de la Sorbonne, j’ai entrepris des démarches auprès du Burida. Notamment auprès de son Président du conseil d’administration (Pca) d’alors, Gadji Celi pour régulariser notre situation. Nous avions fait plusieurs propositions pour sortir de l’état de l’illégalité. Gadji avait donné une suite favorable à notre requête. Ce qui allait nous permettre avec les nombreux jeunes qui sont dans le secteur, de nous conformer aux règles en ne vendant que des Cd stickés. Malheureusement, certains de ses collaborateurs nous ont mis les bâtons dans les roues parce qu’ils voulaient contrôler la filière. Ce que nous avons refusé dans le souci de sortir de la clandestinité. C’était mal compter avec leur détermination d’en finir avec nous. La preuve, face à notre bonne foi de sortir de l’illégalité, nous avions été rejetés. Certains de mes amis et collaborateurs ont été mis aux arrêts.

Gadji n’était-il pas informé de ce qui se passait ?

K.K : Ses collaborateurs ne lui faisaient pas de bons retours. Sinon, nous étions disposés à œuvrer à assainir le milieu. Nous sommes conscients des risques que nous prenons. C’était pour mettre fin à tout cela que nous avons rencontré Gadji. Mais les choses n’ont pas marché. Notre état d’illégalité arrange beaucoup de personnes.

Qu’avez-vous réellement proposé à Gadji Celi ?

K.K : C’était simple. Nous avons répertorié le nombre de vendeurs de Cd à la Sorbonne et lui avons proposé que des boxes estampillés Burida ou Unartci soient érigés, et que nous soyons embauchés pour la distribution légale des œuvres des artistes. Ces milliers de jeunes sans emplois que les gens traitent de désœuvrés, ont besoin d’être insérés dans le tissu social. C’était l’objectif de notre démarche.

Des revendeurs de Cd ont été interpellés récemment. Certains ont dénoncé des artistes. Ll’un d’eux a cité nommément Antoinette Konan. Cela ne traduit-il pas le fait que le mal est plus profond qu’on veut le faire croire ?

K.K : Ce n’est pas un secret. Une connivence existe entre des artistes et nous.

Qu’est-ce qui les pousse à se compromettre avec vous ?

K.K : Vous savez, beaucoup d’artistes ne vivent plus de leur art. Ils ont du mal à joindre les deux bouts. Et c’est vraiment dur pour eux. Pour quelqu’un qui se débat pour produire ou trouver des producteurs pour son œuvre, à la fin, il se retrouve sans sou et incapable de jouir des fruits de ses efforts. C’est normal qu’ils prennent ce raccourci. C’est ce que la majorité fait actuellement. Ils viennent nous voir pour ‘’bazard’’ (Brader) leur album.

Il s’agit donc d’un deal entre vous…

K.K : Bien entendu. C’est une deal entre les artistes et nous, et chacun y gagne.

Peut-on avoir des noms d’artistes qui ont pactisé avec vous ?

K.K. : Vous me demandez trop. Je ne vais pas citer de noms quand même. Ce que je peux vous dire, c’est qu’ils sont nombreux ceux qui nous contactent pour écouler à grande échelle leurs Cd.

Ne craignez-vous pas d’être mis aux arrêts ?

K.K : Bien sûr. Je songe à cela, et des fois, j’en suis inquiet même s’il y a un arrangement entre nous et des agents des différentes mairies qui nous font payer des tickets pour que nous puisions exercer en toute tranquillité. Ils prétendent qu’ils sont en contact avec le Burida. Une chose est sûre, ce n’est pas rassurant et il n’y a aucune garantie. D’où notre volonté d’assainir le secteur.
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Wed, 05 Jun 2013 01:37:00 +0200

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