Pour arriver dans le village de Yopougon Lokoua, il faut d’abord se rendre à Yopougon, au carrefour Lokoua à Niangon à droite. ensuite faire à pied les deux kilomètres environs qui séparent le village de Yopougon. Ou alors faire un grand détour par l’Académie des mers (le pont sur la voie reliant Lokoua à Yopougon s’étant affaissé depuis plusieurs mois). A Lokoua, la maison d’Elvis Djangoné Bi Golé, mieux connu sous le sobriquet de Vieux Kokorè est en plein cœur du village. Le comédien occupe un trois pièces construit à l’ancienne. Quand nous arrivons dans ce très modeste appartement, Vieux Kokorè est tout seul, endormi dans son salon (la veille il nous avait donné rendez vous, mais nous n’avions pas pu le voir parce qu’il avait été pris de violents maux de ventre). Décharné et étendu dans un vieux divan, Vieux Kokorè est réveillé par le bruit de nos pas.
Il se lève péniblement et esquisse un sourire. «…Bonne arrivée, vraiment merci d’être venu jusqu’ici… » Après quelques civilités, Kokoré poursuit «je souffre depuis longtemps. Les médecins disent que ce sont des problèmes au niveau de mes nerfs urinaires. Pour le moment, ils ne m’ont pas parlé de prostate, mais ils disent que si je ne me fait pas soigner, le mal va atteindre mon cerveau et me tuer. J’ai toutes les difficultés du monde à faire pipi. Quand je pique ma crise, j’ai de terribles maux de ventre, je me traine ici dans le salon…» . Selon le comédien, pour le soulager et lui sauver la vie, ses médecins demandent qu’il subisse une opération chirurgicale pour qu’on lui installe une sonde. Et le coût de cette intervention est estimé à 1 500 000 f CFA (1million pour l’opération en elle-même et 500 000 f CFA pour la caution avant l’entrer en clinique). Et cette estimation ne tient même pas compte de la location de la chambre à la PISAM… Mais si c’est si cher de se faire soigner dans cette grande clinique, pourquoi Kokoré ne songe t-il pas à un hôpital public, histoire de réduire les coûts? Réponse du concerné : «Mon médecin m’a dit que les CHU n’ont pas l’équipement nécessaire pour ce genre d’opération. Il n’y a que la PISAM qui peut le faire».
En attendant de pouvoir réunir les moyens de cette intervention à la pisam, Vieux Kokoré souffre en silence et peine à assurer la popote quotidienne pour lui-même et ses enfants. «Le producteur Ahizé Fontaine, Barthélemy Inabo et Zongo m’ont aidé. Ils m’ont envoyé de l’argent pour que je fasse mes examens et que j’achète mes premiers médicaments… Pour la nourriture, c’est l’association des gouro de Lokoua qui m’aide. C’est juste pour manger, parce que pour le loyer, je ne sais même plus combien de mois de loyer je dois à mon propriétaire…»
Autant dire que Vieux Kokoré se bat chaque jour contre la maladie, mais aussi et surtout pour nourrir ses quatre enfants qui ont respectivement 22, 17, 14 et 11 ans (depuis la disparition de sa compagne en 2007, c’est la fille de Kokorè qui fait office de maitresse de maison). Il est encore temps de sauver le comédien, mais le compte à rebours est déjà enclenché.
Usher Aliman in topvisages.net
usheraliman@topvisages.net
Sun, 10 Jun 2012 03:58:00 +0200
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