Cet extrait d’une lettre du roi « sanguinaire » de Belgique Léopold II rédigée en 1883 et adressée aux missionnaires envoyés en RDC résume bien la position des Africains concernant la foi en Dieu. Les Africains n’ont attendu ni le christianisme apporté par les Européens, ni l’Islam apporté par les Arabes et ni le judaïsme d’Afrique de l’est pour croire en un être suprême et distinguer le bien du mal. Et pourtant tous ces gens qui ont réduit l’Africain en esclavage ont par la même occasion réussi à lui faire haïr ses religions traditionnelles et à lui faire abandonner celles-ci pour les leurs. Ce qui est incohérent est cet amour des Africains pour tout ce qui vient de leurs bourreaux. En aucune circonstance dans leur histoire ils ont dérogé à leur principe du pardon. Le principe du pardon à outrance et de l’empathie sied mieux aux africains qu’à n’importe quel autre peuple au monde.
En 1455 les Européens partent à l’assaut du nouveau monde avec la bénédiction papale (bulles pontificales de 1455 & de 1493) dans le but d’évangéliser les « sauvages », coloniser les Indiens et mettre en esclavage les Africains.
Vient ensuite l’esclavage, le crime le plus terrible contre l’humanité qui lui aussi a été soutenu et défendu par l’église. La théologie chrétienne s’est toujours basée sur la malédiction de Cham, le fils de Noé et l’ancêtre supposé du peuple noir dans le christianisme (Genèse 9.20-29) pour justifier leur infériorité et leur statut d’esclave. Ainsi l’église affirme clairement que l’homme blanc n’est pas à l’origine de l’asservissement du noir mais Dieu à travers ce décret divin.
Face à de tels arguments comment expliquer aujourd’hui l’adhésion des noirs au christianisme ? Dans le passé peu savait lire donc difficile de prendre connaissance de ce passage. Mais aujourd’hui il semblerait que tout les chrétiens issus du peuple noir sont encore frappés d’illettrisme, très peu connaissent cet épisode biblique. En revanche ils ne manquent jamais une occasion de s’en prendre violemment aux religions africaines, qu’ils qualifient de démoniaque. C’est tout de même intriguant cette capacité à qualifier de démoniaque une religion créée par son propre peuple et à son image pour encenser une autre totalement étrangère et qui défend l’asservissement des siens.
Ce succès auprès des peuples noirs peut se comprendre concernant les populations africaines déportées dans les Caraïbes et les Amériques car déracinés de leurs terres et de leurs cultures. Malgré cela ils restent les plus fidèles aux religions traditionnelles (vaudou en Haïti, le candomblé au Brésil, la Santéria à Cuba…).
Pourquoi les Africains ont-ils à ce point rejeté leurs propres religions et sont aujourd’hui les plus fervents croyants des religions importées et le plus souvent imposées ?
Depuis la fin des années 60, le christianisme a subi un fort revers en Europe (surtout dans les pays de l’ouest) d’où il est originaire ainsi qu’une baisse de vocation des prêtres. Alors qu’en Afrique c’est le phénomène inverse qui se produit. Par exemple les églises évangéliques qui se sont implantées au début du 20e siècle comptaient en 1970 près de 70 millions d’adhérents et en 2010 ils étaient 125 millions.
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Fri, 05 Jun 2020 00:28:00 +0200