France : Une extrême droite en retard sur les nouvelles communautés fortes ?

Ivoiriennes, Ivoiriens, chers Amis !

Nous pouvons nous faire l’économie de traiter de la Côte d’Ivoire cette semaine, d’autant plus que les préconditionnements se poursuivent, et même se font plus tendus et âpres, pour que tous les esprits en cette terre de Côte d’Ivoire ne voient personne d’autre que l’Empereur continuer à siéger à la tête du pays.
Et, en fait, il faudrait savoir que c’est un jeu des contraires qui se heurtent, et plus les manifestations de reconnaissance se multiplient avec au final les litanies : << c’est lui ou rien >>, << c’est lui que Dieu lui-même veut >> , plus il sera sûr que les forces et volontés, en Côte d’Ivoire comme à l’extérieur, qui, pour des raisons diverses, s’opposent à ce que la forfaiture du troisième mandat anticonstitutionnel se poursuive, ne désarment pas, et tiennent même le bon bout.

Et si notre grand Souverain n’a pas pu trouver de mots, le 18 juin dernier au Sofitel Ivoire, pour les Députés, Sénateurs, autorités et Corps Diplomatique, c’est que, dans sa progression vers un exercice du pouvoir sans limitation ni limite, il se heurte à un mur de refus bâti dans le marbre du respect élémentaire du jeu démocratique et républicain.

Cette semaine, accordons un peu d’attention à l’Europe, cet espace qui, pendant des siècles, cultiva la grande ambition de définir et conduire le destin de l’ensemble de l’humanité.
Tous les pays ont voté pour choisir les députés au Parlement Européen. C’est en France, pays qui, outre mer, retient toujours le plus nos attentions, pour des raisons historiques, que la confirmation de la montée en audience de la droite dure et surtout extrême, a conduit le Chef de l’Etat à dissoudre l’Assemblée Nationale et demander au pays un vote sans ambiguïté sur un phénomène que l’Europe de l’Ouest ne pensait plus vivre, à savoir la prise de pouvoir par des partis ou groupements d’idéologie totalitaire et suspects d’antisémitisme.
Mais, de notre point de vue, ce n’est pas le dimanche 8 juillet 2024 que le jeune et impulsif Chef d’Etat Français aura la réponse à ses questionnements ou inquiétudes.

Cette franche avancée des droites va marquer un arrêt, car tous ne seront pas encore prêts pour le grand saut. C’est donc à l’élection présidentielle de 2027 que tout se jouera. Le RN de Bardela/le Pen n’aura pas la majorité absolue ce dimanche.

Mais il aura 3 ans pour trouver une parade à la pauvreté généralisée qu’ont traduit les gilets jaunes, en jouant des leviers de la redistribution et des mesures anti migratoires.

Mais, même portés par un grand élan, le Pen/Bardela ne disposeront jamais du super levier dont a bénéficié Adolf Hitler en Allemagne il y a un siècle, à savoir la conviction partagée de tous que le pays n’avait pas perdu cette première guerre mondiale, et que l’on lui avait imposé un traité inique et injuste à Versailles.

Pour le peu que nous, pays d’Afrique Noire et anciennes colonies de l’état français, pouvons en dire, il y a d’abord le fait qu’il y a désormais une grande partie des nôtres, établis en Europe et y vivant, avec même une majorité qui y est née et est obligée de s’y intégrer ; elle entretetient d’ailleurs des liens de plus en plus lâches avec le terroir d’origine.

Mais, même s’ils ne le sentent pas, tout ce qui touche à leur situation sociale, et à la garantie de leur sécurité, et à l’assurance que les droits fondamentaux reconnus à tous leur soient également impartis, est un sujet qui mobilise nos attentions et consciences à nous autres, en Afrique Noire.

Toutes les familles, en Afrique Noire, ont au moins un de leurs éléments qui appartient au grand bloc de la diaspora nègre en Europe.
Des pays comme le Nigéria et l’Éthiopie ont même investi les USA et le Canada, où des milliers de leurs ressortissants, bien formés et organisés, se sont taillés de vrais pans dans l’ensemble du tissu économique et social. Pour ce qui est de l’Europe de l’Ouest, il n’y a pas eu, à proprement parler, de politique d’émigration des Ouest africains, au sens strict du terme.

Il y a eu le lot des jeunes qui y étaient envoyés pour terminer le cycle supérieur de leurs études, et la majorité retournait au pays natal dès diplôme en poche. Ce sont les ressortissants du Dahomey devenu Bénin, du Togo et du Cameroun qui, quelques fois, choisisssaient d’y demeurer.

Dans le même temps, une main d’œuvre fut acheminée du Sénégal et du Soudan devenu Mali, un peu du Niger, pour les travaux de pénibilité intense comme les voiries, le bâtiment et les travaux publics, etc.
Ceux là restèrent en Europe car, la différence de revenus par rapport au terroir champêtre ou pastoral d’origine ne leur laissait pas le choix. Ils n’eurent pour souci que de se faire rejoindre par le maximum de parents, membres du clan et de la tribu ; lorsque, en France, on parle du phénomène du 93 (département Seine. Saint Denis), c’est faire un concentré de tous les problèmes qui peuvent naître de l’agglutination de populations d’horizon culturel, historique et social aussi divers que disparates, surtout s’il s’y additionne l’impact de l’Islam qui est la religion pratiquée par presque tous les sahéliens.

Mais les états d’Afrique Noire française auront toujours un réflexe de solidarité totale vis à vis des millions dès leurs que compte désormais l’Union Européenne, et c’est cette disposition qui justifie que, même avec discrétion, les élections locales en France soient, désormais, suivies à la loupe dans les capitales africaines.
La majorité qui s’est dégagée pour le Rassemblement National (RN) et ses alliés Républicains de rupture était, à notre avis, prévisible, et il nous paraît que la première mesure contre l’immigration et les immigrés sera d’arrêter le droit de sol.

Une première vague de reflux est inévitable ; mais la mauvaise conscience développée en France face aux mesures imposées par les Nazis et le pouvoir de Vichy, qui ont révélé une volonté et un taux de participation et de collaboration dont la mémoire collective française ne se remettra jamais, suffisent à rassurer les plus pessimistes.

Il n’y aura pas de pogrons anti nègres ou anti arabes en France. Et la part du travail collectif qu’ils assurent ne sera jamais reprise par les Français caucasiens qui ont toujours fui la pénibilité à l’ouvrage.

Mais n’est il pas indiqué que, de manière ouverte et officielle, les pays d’Afrique Noire, par le biais de leurs institutions communautaires, fassent à l’avance entendre aux officiels français et européens que tout ce qui, dans leur gouvernance, viendra écorner les droits des citoyens issus d’Afrique Noire sera dénoncé et combattu, sans aucune complaisance ?

Pour tout ressortissant d’Afrique Noire, lésé en ses droits ou opprimé, ce sont la CEDEAO, L’UEMOA et l’Union Africaine qui donneront de la voix ; ceci, en attendant que, bientôt, une autre étape soit franchie, qui est celle de l’évaluation de l’ensemble des dommages et des réparations légitimes des siècles de pratique de cette traite négrière triangulaire qui développa les colonies aux Amériques ; ce sont ces dernières qui ont supporté l’essor économique européen et permis sa révolution industrielle !

Les immigrants du monde arabo/musulman sont déjà en bonne place, bien structurés et organisés, et savent imposer ce qu’ils pensent qui leur est dû. Les descendants de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie, et maintenant d’Irak et de Syrie, sont en Europe en terre à eux. Aux Africains Nègres de s’en inspirer !

L’extrême droite progresse et gagne du terrain, certes, mais elle a, en face d’elle, des peuples, fiers de leur souche, qui ont prétention à vivre dans un pays dont la construction doit beaucoup à leurs parents.
Vive l’Afrique Noire, vive la Côte d’Ivoire !

Fait à Abidjan le 3 juillet 2024

Kobena I ANAKY
Président du MFA

Retrouvez La Chronique du Président Kobena I. Anaky tous les mercredis sur www.ladepechedabidjan.info

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