Le chanteur Blissi Tebil, de son vrai nom Guillaume Zadi, figure emblématique de la musique tradi-moderne ivoirienne, fait son grand retour après 13 ans d’absence. Il se produira lors d’un concert de reconnaissance et de retrouvailles, le 28 décembre prochain à 20 h, à l’Espace Noisy-Le-Sec, en banlieue parisienne.
Avant ce grand événement, organisé par Joséphine Dakéré, présidente des Josephinades, et JC Yodé, l’artiste nous a accordé une interview exclusive. Il y évoque les raisons de sa longue absence, présente sa nouvelle œuvre musicale intitulée Reconnaissance et revient sur la célèbre anecdote de la banane braisée surnommée « Blissi Tebil » en 1990.
° Cela fait près de 13 ans que vous avez disparu de la scène musicale. Qu’est-ce qui explique une absence aussi longue ?
- Blissi Tebil :Vous savez, en 2011, lorsque la guerre a éclaté, j’étais particulièrement exposé, surtout parce que je défendais depuis longtemps les idéaux du président Laurent Gbagbo. Il était donc nécessaire de quitter la Côte d’Ivoire pour préserver ma vie. Une fois en France, il a fallu s’intégrer au tissu social et subvenir à mes besoins. Heureusement, j’ai eu la chance de rencontrer des personnes qui m’ont tendu la main. Cependant, j’étais déjà d’un certain âge et j’avais de nombreuses responsabilités, sans compter que la moitié de ma famille était restée en Côte d’Ivoire. Dans ces conditions, il était difficile de poursuivre une carrière musicale. J’ai donc dû prendre du recul, tant sur la scène que sur le marché discographique. Aujourd’hui, les choses vont beaucoup mieux et je reviens progressivement à la musique.
°Comment préparez-vous le concert du 28 décembre prochain ?
- Je prépare le concert de la manière la plus simple possible. C’est une routine, car cela fait 45 ans que je suis dans le métier. Je révise le répertoire avec mon orchestre. En tant que chorégraphes, nous avons encore plus de travail, car il faut également se préparer physiquement et se mettre en condition, comme si nous allions disputer un match de football.
° Votre concert est placé sous le signe de la reconnaissance et des retrouvailles. Pourquoi avez-vous choisi de le nommer ainsi ?
- Je suis arrivé en France le 4 janvier 2013. Certaines personnes m’ont soutenu, et elles sont encore en vie aujourd’hui. Pour moi, il est essentiel de leur exprimer ma gratitude. Vous savez, dans la vie, lorsqu’une personne vous fait du bien, même si vous ne pouvez pas lui rendre son aide à la hauteur de son soutien, le minimum est de lui dire merci et de rester profondément reconnaissant. C’est pourquoi le thème central de mon nouvel album est la reconnaissance, qui en est également le titre. Ce concert sera l’occasion de véritables retrouvailles avec les fans, les amis, la famille et les bienfaiteurs.
°Ce jour-là, vous allez retrouver des mélomanes ivoiriens pour qui votre nom a, à un moment donné, été associé à la banane plantain braisée et à l’arachide grillée en Côte d’Ivoire. Pouvez-vous nous rappeler cette histoire ?
- (Rires) C’était en 1990. J’étais allé faire la promotion de mon album Gaba, dédié à Gbagbo, à la RTI. J’avais payé pour la diffusion des spots, mais la direction de la RTI de l’époque avait refusé de les diffuser. C’est dans ce contexte que j’ai entamé une grève de la faim devant le siège de la RTI. Pendant cette grève, je n’ai rien mangé, encore moins des bananes braisées et des arachides grillées. À ma grande surprise, un journal local a écrit que pendant ma grève, j’avais mangé des bananes braisées et des arachides grillées. C’est à partir de là que des gens ont surnommé la banane braisée et l’arachide grillée « Blissi Tebil ». Voilà toute l’histoire.
°Après le concert et la sortie de l’album, quels sont vos prochains projets ?
- J’ai beaucoup de projets en vue pour 2025, en France. Je vais entamer une série de concerts pour promouvoir ma nouvelle œuvre, qui comporte six titres, soit un EP (NDLR : Extended Play). L’apothéose sera la célébration de mes 40 ans de carrière, le 17 mai, à Nanterre, en région parisienne.
°Prévoyez-vous de venir présenter l’album au public ivoirien ?
- Je compte me rendre en Côte d’Ivoire pour présenter l’album aux Ivoiriens, qui demeurent mon premier public. Mais tout est entre les mains de Dieu. C’est lui qui décidera quand je le ferai précisément.
Interview réalisée par téléphone par Éric Cossa
Je recommande ceci