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    La Liberté d'Informer

    Abidjan, la ville aux mille rumeurs

    ByLa Dépêche d'Abidjan

    Nov 20, 2021

    La rumeur est un phénomène si ancré dans les mours ivoiriennes qu’il faudrait un ministre à plein temps pour lui tordre le cou.

    Elle court, elle court la rumeur. On l’a enlevée. Elle a été transférée à la Cour pénale internationale. Elle est hospitalisée à Ouagadougou. Elle est gravement malade. On dit que, de source sûre, elle serait même à l’article de la mort.

    Elle, c’est Simone Gbagbo, l’ex-Première dame de Côte d’Ivoire, arrêtée le 11 avril 2011 dans la résidence présidentielle, transférée à l’hôtel du Golf, sous les lazzis et les coups et détenue sans jugement depuis à Odienné, la capitale du Kabadougou, une petite ville de l’extrême nord-ouest de la Côte d’Ivoire, à près de 900 kilomètres d’Abidjan.

    Selon des informations concordantes, recueillies auprès des camps Ouattara et Gbagbo, l’épouse de Laurent Gbagbo est en résidence surveillée dans une villa du général Youssouf Koné, ex-Grand chancelier, qui avait cédé sa place, en mai 2011, à Henriette Diabaté.

    Cela n’empêche pas le tohu-bohu de grandir. Et les spéculations de fleurir.

    «Pourquoi le pouvoir se tait», titre l’un des principaux quotidiens ivoiriens. Et d’échafauder une série d’hypothèses en oubliant la principale: parce qu’il n’a pas à démentir une fausse nouvelle.

    La rumeur est un phénomène si ancré dans les mours ivoiriennes qu’il faudrait un ministre à plein temps pour lui tordre le cou.

    Les kiosques à journaux, temples de la rumeur

    Elle prend généralement forme autour des kiosques à journaux où se réunissent les titrologues chaque matin.

    Les manchettes des quotidiens, qui ne sont pas toujours basées sur des informations étayées, sont commentées, analysées et déformées, avant de se répandre dans la ville par la voix de ces lecteurs de gros titres. Cela devient le règne du «il paraît que».

    Il paraît que l’eau a été empoisonnée, que Messi a signé un contrat à l’Africa, que les militaires français ont caché un sous-marin dans la lagune.

    «La vraie Côte d’Ivoire, c’est celle des convictions qui ne reposent sur rien. Si un tel l’a dit, c’est que c’est vrai. Mais si la plupart des gens qui croient savoir se taisaient, tout irait beaucoup mieux dans le pays», confiait, il y a quelques années, un élu PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire).

    Avec le développement du Web, et surtout les téléphones portables, l’autorité des titrologues est sérieusement mise à mal.

    Chacun, dans son coin, à partir d’un simple SMS, peut déclencher un beau charivari. Un message circule actuellement sur les téléphones portables:

    «Fais bien attention aux appels que tu reçois. Regarde bien le numéro avant de décrocher. Car il y a un numéro satanique commençant par +229. Cela vient du Bénin. Si tu décroches, tu meurs le lendemain. Il paraît que 9 personnes sont déjà mortes au Ghana et 28 au Nigeria.»

    Voilà les lecteurs de SlateAfrique prévenus.

    Plus sérieusement, et plus gravement, la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) vient d’adresser une mise en garde aux autorités ivoiriennes, en exprimant sa «préoccupation face aux dernières violences et à la série d’arrestations survenue dans le pays».

    Elle les appelle «à garantir la sécurité des populations, à mener une enquête impartiale, afin de faire la lumière sur tous ces événements et établir les responsabilités, ainsi qu’à garantir l’indépendance et l’impartialité de la justice».

    Elle s’inquiète de la vague d’arrestations survenues ces dernières semaines dans les rangs du FPI (Front populaire ivoirien), le parti de l’ex-président:

    «Le 18 août, Alphonse Douati, secrétaire général adjoint du parti, était arrêté par la Direction de la surveillance du territoire (DST), puis détenu à la maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA). Le 24 août, le Ghana interpellait l’ancien porte-parole en exil de Laurent Gbagbo, Justin Koné Katinan, aujourd’hui dans l’attente d’une éventuelle extradition vers la Côte d’Ivoire.»

    A chacun sa vérité

    Le 26 août, Laurent Akoun, secrétaire général du FPI, a été interpellé à Adzope près d’Abidjan, alors qu’il se rendait à un meeting.

    Ce dernier, placé sous mandat de dépôt le 28 août, et inculpé pour trouble à l’ordre public pour des propos tenus lors d’une réunion du FPI, le 3 août, a été condamné à 6 mois de prison ferme, le procureur ayant requis cinq ans de prison.

    Ces arrestations s’ajoutent aux détentions toujours en cours de Simone Gbagbo ainsi que de Pascal Affi N’Guessan, président du FPI.

    La FIDH condamne également les attaques dont ont été victimes le siège du FPI et celui du journal Le Temps, proche de l’ex-pouvoir.

    «Les procédures judiciaires nationales doivent avancer de manière transparente, indépendante et impartiale, tant sur les récents événements que sur la crise postélectorale», affirme l’organisation de défense des droits de l’homme.

    Si quelques dizaines de personnes sont sous les verrous après les attaques dont ont été victimes les FRCI (au moins onze morts dans leurs rangs), les auteurs de l’agression contre le camp de déplacés guérés de Nahiby, en juillet dans l’ouest ivoirien, courent toujours.

    Et dix-sept mois après le massacre de Duékoué, qui avait fait plusieurs centaines de morts parmi les populations guérés, les justices internationale et locale n’ont procédé à aucune arrestation.

    Philippe Duval in slateafrique

    Tue, 18 Sep 2012 02:44:00 +0200

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