Assemblée nationale : DES DÉPUTÉS CONVOQUENT LA 2e SESSION, LES PORTES DE L’HÉMICYCLE LEUR SONT FERMÉES / Le piège tendu aux députés

La deuxième session de l’Assemblée nationale qui devait se tenir, hier, a été renvoyée aux calendes grecques. La cause : la porte de l’hémicycle était hermétiquement fermée. Un papier qui y est collé indique ceci : «La porte est fermée, svp. N’insistez pas. Merci ».A 10h, lorsque nous avons vu le président de l’Assemblée nationale descendre de sa voiture, nous nous sommes dit que la réunion allait bientôt commencer. Surtout que, quelque temps après, des députés ont fait leur entrée dans l’enceinte de cette institution. Et, pêle-mêle, on a vu venir, les députés Amani N’Guessan Michel, Odette Lorougnon, Amondji Pierre, Yao Yao Jules, Angbozan Angbozan, Guipié Yoro Charles, président du Groupe parlementaire Fpi (initiateur de cette rencontre) et Agoh Marthe, vice-présidente de l’Assemblée nationale.

La porte de l’hémicycle étant fermée, les députés présents ont voulu porter leur choix sur la Rotonde pour tenir leur réunion. Une autre surprise : pas de lumière dans cette salle.

Las d’attendre devant les portes fermées ou des salles dépourvues d’électricité, les députés se résolvent à faire une déclaration. Face à la presse, la vice-présidente de l’Assemblée nationale, Agoh Marthe, fait savoir que l’article 64 de la Constitution donne le plein droit à l’Assemblée nationale de se réunir en deux sessions. «Mais nous nous rendons compte que l’hémicycle est fermée. C’est Mamadou Koulibaly qui a donné l’ordre à la personne qui détient la clé de ne pas ouvrir les portes de l’hémicycle», accuse-t-elle. Et d’insister : «Je voudrais que vous informiez le peuple de Côte d’Ivoire que le président de l’Assemblée nationale refuse de faire fonctionner l’institution ». A la question d’un journaliste de savoir si celui qui a fermé la porte n’a pas agi selon la décision du Président de la République de suspendre l’Assemblée nationale, Agoh Marthe, député Fpi, réagit : « Nous sommes un Etat organisé, une société organisée. Les statuts de notre fonctionnement, c’est la Constitution. Et à ce niveau, l’Assemblée nationale représente le peuple. Le président de l’Assemblée nationale n’a pas ouvert la première session. Donc, à partir de là, vous ne pouvez pas reprocher quoi que ce soit au gouvernement. C’est le président de l’Assemblée nationale qui ne fait pas son travail. Non seulement il ne fait pas son travail, mais aussi et surtout, il m’empêche, moi la vice-présidente, de travailler, puisqu’il a mis un obstacle de fait : il a fait fermer la porte ».

Selon la vice-présidente de l’Assemblée nationale, quand dans un pays il n’y a pas le législatif, l’exécutif peut, comme à l’époque des monarchies où le roi faisait tout, comme il l’entend, s’élever pour prendre une ordonnance ou un décret qu’il va imposer au peuple de Côte d’Ivoire. «A ce moment –là, qui aurait failli ? », interroge-t-elle.

Le président du groupe parlementaire Fpi, Guipié Yoro Charles, évoque un problème dont souffrent les députés depuis des mois : «Depuis avril 2011 jusqu’à ce jour, les députés ne sont pas payés. D’aucuns disent que le Président de la République aurait dissous l’Assemblée nationale. Or, dans notre Constitution, il ne peut pas la dissoudre ni la suspendre », fait-il remarquer.

Pour lui, si les mairies et les Conseils généraux marchent, c’est parce que les députés ont voté des lois. Si le Chef de l’Etat, SEM. Alassane Ouattara, prend part à des réunions du fleuve Mano ou va à Maputo, c’est parce que les députés ont ratifié des conventions.

Visiblement en colère, le député Guipié Yoro Charles trouve incompréhensible le fait que les députés ne soient pas payés depuis plusieurs mois. Alors que, fait-il remarquer, le personnel des autres institutions perçoit son salaire. C’est justement pour parler de ces difficultés dans lesquelles les députés sont pris et dont ils ne par viennent pas à se dépêtrer que cette session a été convoquée. Les députés qui ont fait le déplacement sont donc repartis le cœur empli de chagrin.

Nous avons tenté d’arracher quelques mots au président Mamadou Koulibaly parce qu’accusé d’avoir fait fermer la porte de l’hémicycle.

Malheureusement, les portes de son bureau étaient aussi fermées.

Emmanuel Kouassi in Frat-Mat

Le piège tendu aux députés

L’information nous a été soufflée par des sources bien informées et qui ont suivi de très près la révolte des députés, hier mercredi à l’Assemblée nationale. Le président Mamadou Koulibaly a fait appel à des huissiers. Discrets , ces auxiliaires de justice, qui ne se sont pas du tout fait remarquer, ont assisté de bout en bout, ce qui s’est passé à l’Assemblée nationale. Aussi avaient-ils pour rôle d’enregistrer tous les faits et gestes des parlementaires. Au cas où ces derniers s’étaient hasardés à forcer les serrures des portes de l’hémicycle, un procès-verbal de constatation aurait été fait pour y être recouru en cas de poursuite judiciaire contre ceux d’entre eux qui auraient forcé les entrées de l’hémicycle. Malheureusement pour les huissiers et celui qui les a commis, et heureusement pour les députés, ces derniers sont restés loin des baies vitrées, n’ayant visiblement pas l’intention d’user de la force.

A. BOUABRE in Soir Info

Thu, 06 Oct 2011 04:29:00 +0200

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