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    La Liberté d'Informer

    NIGERIA : Daniel Ojukwu, symbole des menaces qui pèsent sur les journalistes d’investigation

    ByLa Dépêche d'Abidjan

    Mai 11, 2024
    Le journaliste d’investigation Daniel Ojukwu, membre de la Fondation pour le journalisme d’investigation (FJI), a été libéré le 10 mai, après dix jours de détention. Reporters sans frontières (RSF) dénonce une attaque frontale contre la liberté de la presse au Nigeria, appelle à la protection renforcée des journalistes d’investigation et soutient la FIJ dans la poursuite de son travail nécessaire. 
    C’est le dernier exemple en date de la répression du journalisme d’investigation au Nigeria. Après dix jours de détention, la police a libéré ce vendredi 10 mai Daniel Ojukwu, journaliste de la Fondation pour le journalisme d’investigation (FIJ), un réseau de journalistes spécialisés dans la dénonciation des faits de corruption dans le pays.
    Le 2 mai, la FIJ, sans nouvelles de lui depuis la veille, déclare sa disparition. La police a révélé, le lendemain seulement, qu’elle le détenait depuis le 1er mai. Arrêté à Lagos, il a été transféré à un poste de police de la capitale Abuja le 5 mai.

    Accusé d’avoir violé la loi sur la cybercriminalité à la suite de la publication d’une enquête sur des faits présumés de détournement de fonds opérés par une employée de l’ancien président Muhammadu Buhari, la police n’avait pas donné suite à sa demande de libération sous caution, même s’il en avait rempli tous les critères. Selon les informations recueillies par RSF, il ne pouvait ni recevoir ses médicaments ni consulter son médecin pour traiter son asthme.

    La détention de Daniel Ojukwu intervient dans un contexte où plusieurs journalistes d’investigation ont fait l’objet de menaces. Le rédacteur en chef et fondateur de la FIJ, Fisayo Soyombo, lui-même auteur de plusieurs enquêtes, craint toujours pour sa sécurité après des révélations publiées en 2023.

    « La libération de Daniel Ojukwu est un soulagement. Ce journaliste d’investigation n’aurait jamais dû être enlevé par les autorités puis détenu. Ces actes constituent une attaque frontale de la liberté de la presse et une persécution d’un journaliste d’investigation emblématique car membre du réseau dédié aux enquêtes sur la corruption au Nigeria. En raison de leurs révélations qui mettent à nu le niveau de corruption dans le pays, les journalistes d’investigation sont des cibles. Nous demandons aux autorités d’arrêter les abus de pouvoir, et de protéger l’ensemble des journalistes d’investigation. RSF est aux côtés de ses professionnels et soutient la FIJ pour qu’elle puisse poursuivre son travail d’intérêt général. »

    Sadibou Marong, 
    Directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF

    Fondée en 2021, la FIJ se définit comme une organisation à but non lucratif qui “parcourt le pays pour enquêter sur certaines de ses histoires les plus cachées dans l’espoir que les résultats suscitent un changement”, d’après son fondateur, Fisayo Soyombo.

    Lui-même est la cible de menaces en raison de son travail. En août 2023, le journaliste publie une enquête exclusive sous forme de documentaire, sur le trafic de riz entre le Bénin et le Nigéria, ayant permis de découvrir l’implication de douaniers recevant des pots-de-vin pour informer les passeurs sur l’itinéraire des patrouilleurs. L’enquête révèle également l’implication d’Ibrahim Dende Egungbohun, un homme réputé proche du président Bola Tinubu, arrêté à plusieurs reprises pour contrebande, sans jamais être inculpé. Après la publication de cette investigation, Fisayo Soyombo a commencé à noter des activités suspectes sur ses réseaux sociaux et à recevoir des menaces de mort par des individus non-identifiés.

    En mars 2024, le journaliste Segun Olatunji, ancien rédacteur en chef du média en ligne FirstNews, a lui passé deux semaines en détention sans aucune charge. Le 29 janvier, il avait publié une enquête sur des faits présumés de détournement de fonds par un proche de Bola Tinubu. Désavoué par la direction de son média, Segun Olatunji a décidé de quitter ses fonctions, “pour la sécurité de sa personne et de sa famille”, précise t-il dans sa lettre de démission.

    Le Nigeria occupe la 112ème place sur 180 dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2024.

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