Côte d’Ivoire. Chasse à l’homme tous azimuts

Depuis début mai, les «sécurocrates» du régime Ouattara multiplient les stratégies de défense pour sécuriser le pays tombé dans leurs mains depuis le 11 Avril 2011. Des stratégies se situant aux antipodes des règles élémentaires du respect des droits de l’homme.

Le retour de la sérénité dans le camp du Front populaire ivoirien (Fpi) – qui sort ragaillardi d’une convention qui a tenu toutes ses promesses et la débâcle du parrain traditionnel d’Alassane Ouattara à l’élection présidentielle en France – y sont-ils pour quelque chose ? Une chose est sûre, c’est que l’actuel régime d’Abidjan, depuis le début de la semaine, a mis en place un dispositif sécuritaire qui ne laisse pas de répit aux citoyens ivoiriens. Sous prétexte que le pouvoir actuel fait face à des tentatives de déstabilisation de personnes tapies dans l’ombre, notamment issues des rangs de la Majorité présidentielle, les «sécurocrates» d’Alassane Ouattara mènent des opérations de chasse à l’homme, procédant à d’arrestations arbitraires et à de rafles tous azimuts.

Des sous-quartiers de Yopougon ont vu des mouvements de troupes et un renforcement des effectifs en très peu de temps. Des dénonciations calomnieuses et des arrestations, avec à la clé un dispositif militaire conséquent, sont perpétrées à l’encontre de certaines personnes sont conduites à des postes de police ou sans aucune forme de procès à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca). Dans l’armée et la gendarmerie, des nominations sont précipitées au profit d’officiers jugés pro-Ouattara ou pro-Bédié.

Les mouvements de soldats soupçonnés d’avoir pris faits et cause pour le régime précédent durant la crise post-électorale sont suivis de près. Dans toutes les casernes, gendarmerie d’Agban, Camp commando de Koumassi et d’Abobo, l’heure est à la revue quotidienne et rigoureuse des troupes. Aux différentes portes d’entrée et de sortie du pays, par les voies aérienne, terrestre ou maritime, des instructions de contrôle ferme ont été données et une liste de personnes recherchées par le régime, selon une source proche dudit dispositif, a été remise aux autorités militaires.

Un fonctionnement qui ressemble étrangement aux pratiques d’un régime issu d’un coup de force et qui installe son peuple dans une situation d’exception. Est-ce le résultat de la psychose perceptible ces derniers temps chez Alassane Ouattara et ses proches au pouvoir après la chute de Nicolas Sarkozy autour de qui ils avaient bâti leur stratégie de gouvernance violente et autoritaire du pays ?

En tout cas, la nervosité est perceptible quand on entend Amadou Soumahoro, secrétaire général du Rassemblement des républicains, qui affirme péremptoire que «Hollande n’a pas d’autre choix que de composer» avec Ouattara. Pourquoi, selon Amadou Soumahoro, Hollande ne composerait-il donc pas avec Ouattara, d’autant plus que les deux personnalités sont présidents, donc des homologues, à la tête de différents pays ? Il y a une sorte de peurpanique qui s’empare des pontes du régime Ouattara. Signe des temps !

Benjamin Silué in nouveau courrier

Faillite sécuritaire sous Ouattara

La Côte d’Ivoire vit un véritable drame sécuritaire sous le régime Ouattara, et cela, depuis au moins un an. Après la saga des Frci dénoncée à longueur de journée, les agissements des dozos et le phénomène des coupeurs de route curieusement puissamment armés, autant que les éléments Frci, ce sont des prisonniers qui s’évadent de manière magistrale. Si l’on doit énumérer le nombre de braquages à main armée et agressions tant à Abidjan qu’à l’intérieur du pays, l’on n’en finirait pas de si tôt.

Les cas d’évasion se sont multipliés en un temps record. On peut citer notamment, les cas de la prison de Dimbokro, le 25 janvier 2012, avec 17 évadés ; de la prison de Katiola, le 25 février 2012, 18 évadés et de la prison de Korhogo, le 22 avril 2012, 45 évadés (en majorité des ex-combattants). A Agboville, le 1er mai dernier, ce sont 96 prisonniers qui se sont évadés et le 4 mai dernier à la Maca, 52 évadés. Autant d’évasions, en moins de 6 mois ! Un phénomène et des chiffres qui donnent froid dans le dos. Selon Matto Cissé, ministre délégué à la Justice, 240 évasions de prisonniers ont eu lieu dans 8 maisons d’arrêt et de correction, dont 52 à la MACA le 04 mai 2012. «Ces évasions s’expliquent principalement par le manque d’armes, l’insuffisance du personnel de surveillance, mais aussi, dans certains cas, par des dysfonctionnements internes à l’administration pénitentiaire», explique-t-elle dans le compte-rendu fait au cours du conseil des ministres d’hier mercredi 9 mai.

Le régime Ouattara qui maintient un peu partout des camps militaires informels et ethniquement marqués se préoccupe peu de la nécessité de doter en moyens matériels la vraie police et la vraie gendarmerie, encore moins de procéder à un désarmement effectif des ex-combattants fussent- ils majoritairement acquis à sa cause. C’est cette légèreté dans la gestion des questions sécuritaires qui met gravement en danger la vie des Ivoiriens.

Pendant que ceux qui les dirigent essaient de faire croire que la sécurité est de mise, dans la pratique, les Ivoiriens et non Ivoiriens qui risquent leurs vies et celles de leurs familles au quotidien vivent dans la peur. Et ce n’est pas fortuit si les investisseurs ne se bousculent pas véritablement aux portes d’Abidjan. Malgré la reprise en main du portefeuille de la défense par Ouattara, les choses semblent aller de mal en pis. Ainsi, le régime démontre chaque jour un peu plus son incapacité à garantir un environnement sécuritaire rassurant aux Ivoiriens et investisseurs.

F. Toti in nouveau courrier

Fri, 11 May 2012 14:12:00 +0200

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