Vietnam : De l’agriculture aux industries du futur ! Côte d’Ivoire : De l’agriculture aux selfies !

Ivoiriennes, Ivoiriens, chers Amis !

Nous avons eu, la semaine dernière, l’honneur de recevoir, en notre pays, la Vice Ministre des Affaires Étrangères de la République Socialiste du Vietnam. La visite de cette autorité est à relier au dynamisme de la << diplomatie parlementaire >> que se plaisent à brandir les Présidents de notre Assemblée Nationale;

La visite officielle du Président de l’Assemblée Nationale du Vietnam, chez nous, dans deux mois, valant confirmation.

La diplomatie parlementaire n’étant conçue et mise en branle que pour être un complément aux actions des gouvernements, pour le développement des pays au sens le plus large, nous nous devions de porter attention à cet événement.

Les Ivoiriens ont ainsi appris que la plus grande part des noix de cajou et du coton exportés de leur pays avaient pour destination la République du Vietnam, le pays de Hoh Chi Minh, l’une des plus grandes figures des luttes pour la décolonisation au siècle dernier.

Ce pays a connu les plus grandes turbulences depuis l’indépendance proclamée en 1945, la longue guerre pour l’unification entre le Nord et le Sud, qui opposa en fait les USA et leurs alliés européens et asiatiques aux deux grandes puissances communistes que sont la Chine et L’URSS, et qui connaîtra son terme par la chute de Saigon en 1975.

Mais il a su apprendre de ses drames et de ses épreuves, et arriver à se faire progressivement une place respectable sur l’échiquier économique et géopolitique mondial.

Imaginons un pays tropical humide, au régime des pluies de mousson, en grande partie semblable à la Côte d’Ivoire. Les grandes multinationales occidentales et asiatiques s’y sont d’abord précipitées en raison du coût très bas de la main d’œuvre, et le salaire moyen est à ce jour de l’ordre de 50.000 CFA le mois, un peu moins que chez nous en Côte d’Ivoire.

Mais, à l’analyse, ce pays, le Vietnam, entretient avec la Côte d’Ivoire des rapports de métropole à colonie, puisque les communiqués rendant compte des échanges de la délégation avec les Ministres Ivoiriens et la Chambre de Commerce et d’Industrie nous disent que 80% des noix de cajou et 70% du coton exportés par nous vont au Vietnam. En contrepartie, le Vietnam nous sert en grande quantité du riz ;

Mais tout en gardant ses beaux paysages de rizières, le Vietnam s’est résolument engagé dans la manufacture, et, à titre d’exemple, 25%, soit le quart de ses exportations, est constitué de téléphones portables et articles de télécommunication ; la grande multinationale SAMSUNG y a même installé l’un de ses grands pôles de production.

Et le premier marché du Vietnam est les États-Unis d’Amérique ! La République du Vietnam nous achète nos produits agricoles, nous donne en échange du riz en abondance, et la plus value sur le cajou exporté en Europe, en Asie et en Amérique lui permet de se bâtir progressivement son industrie, et dans les secteurs de pointe !

Il n’y a aucun miracle à attendre de la coopération économique Côte d’Ivoire/Vietnam ; dans sa structure, elle répond totalement à ce qui sert les intérêts du Vietnam et soutient son économie. Et le Vietnam n’attendra pas, bras croisés, que les initiatives ivoiriennes viennent inverser la ligne de la relation.

Non seulement il a déjà des plans en cours pour développer encore plus l’anacarde et le coton sur son sol et dans des contrées voisines du Sud Est asiatique, mais il entretient une relation dynamique avec tous les autres pays africains producteurs.

Nous n’avons rien à reprocher au Vietnam,  sinon nous limiter à l’encourager et féliciter d’avoir su, longtemps avant nous, que les lois de fer du commerce international exigent, pour survivre décemment, que les autorités de chaque pays prennent la bonne mesure du potentiel disponible,  et, l’adaptent pour le vendre au meilleur prix sur ce marché infini et désormais mondial !

Pourquoi est-ce qu’en 2024, plus de 60 ans après que les Ivoiriens soient en principe libres de décider et choisir pour leur pays, la structure de l’économie de notre pays, dont tout le reste découle, reste la même que sous la colonisation française ?

Et nous resterons comme figés, devant le constat que les métropoles coloniales occidentales ont sélectionné des contremaîtres ou sous traitants, comme la République du Vietnam, pour assurer la sous traitance de cette part de l’échange inégal, désormais pas assez rentable pour elles ?

La Côte d’Ivoire, que ce soit sous la gouvernance du Président Alassane Ouattara, ou même au-delà, ne s’engagera pas dans les rails du vrai développement, qui passe par la performance économique, tant que ce sujet ne sera pas pris à bras le corps et traité comme tel.

Les hommages et journées de reconnaissance se multiplient, et les 18 mois qui nous séparent de l’élection présidentielle de 2025 ne retentiront, en Côte d’Ivoire, que de ces flonflons et clairons !

Qui aura l’humilité de reconnaître, dans la douleur, que après 15 années de gouvernance du premier des économistes africains, l’économie ivoirienne n’aura pas fait un seul pas en avant vers sa reconversion et son salut ?

Terminons par une note qui aurait pu être gaie et amusante, mais ne manque pas de déranger lorsque l’on pousse quelque peu la réflexion. Des journaux du samedi 20 avril 2024 nous informent qu’au cours d’une réunion de la délégation PDCI-RDA d’Abengourou, tenue le jeudi 18 avril, deux hauts cadres de ce parti, natifs de cette région, en sont venus aux mains.

Faisons fi de tout ce que ce fait divers titille en nous d’inimaginable et d’incompréhensible si l’on se place dans le contexte socio culturel et historique de la Côte d’Ivoire.

– Abengourou est la capitale du Royaume Indenie, l’un des pôles majeurs du grand empire Ashanti formé au 17e siècle.

Et dans le jeu des symboles historiques, le site de Abengourou avait été choisi pour assurer au Roi la quiétude la plus totale, hors des querelles et luttes de faction des différents et innombrables sujets de l’empire Ashanti. Abengourou dérive d’une formulation de l’ancien Ashanti qui se traduirait par: << je me tiens en dehors des querelles >>. Abengourou devrait donc être tout sauf un Ok Corral de règlements de compte !

Dieu merci, la sagesse de la tradition, le dialogue et l’intercession y ont mis bon ordre, et cela est désormais du passé.

Mais, Ivoiriennes et Ivoiriens, et vous tous cher amis, ce qui nous interpelle et vaut que nous en parlions, c’est le fait, acquis, que des témoins de l’incident aient pensé à l’immortaliser sur leurs portables pour ensuite le déverser à la nébuleuse baptisée << réseaux sociaux >>.

Qui est celui ou quels sont ceux ou celles, présents dans la salle, qui, devant le spectacle donné par des notables de ce rang, a d’abord pensé à immortaliser la scène sur son téléphone portable plutôt que de se précipiter pour séparer et ramener au calme ?

Ne devons nous pas, déjà, nous inquiéter tous de savoir si nous n’avons pas été infectés par ce virus, et devenus des robots ou automates à << selfie >> ?

Parce que la vertu première du selfie est d’être reproduit et balancé au maximum de personnes, par tous les canaux possibles.

Désormais, à Abengourou,  et partout ailleurs en Côte d’Ivoire, l’on veillera à faire déposer les téléphones portables avant l’accès aux lieux des rencontres sérieuses, et surtout politiques.

Que vive la Côte d’Ivoire.

Abidjan, le 24 avril 2024

Ministre Kobena I ANAKY

Président du MFA

 

Retrouvez  La Chronique du Président Kobena I. ANAKY tous les mercredis sur  www.ladepechedabidjan.info

 

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