CÔTE D’IVOIRE- « COUP D’ETAT FICTIF » : LE FPI RÉPOND ET PORTE PLAINTE CONTRE LE GOUVERNEMENT OUATTARA

Déclaration liminaire du Président MIAKA Ouretto (lue par Laurent Akoun, SG du FPI)

Mesdames et messieurs les journalistes de tous les médias de la presse nationale et internationale

Merci d’être venus à cette conférence de presse. Elle fait partie des rencontres périodiques ordinaires que nous organisons avec la presse pour faire entendre la voix et la position du Front Populaire Ivoirien. Cela, chaque fois que nous estimons que la coupe des médisances, des accusations fantaisistes, relevant du banditisme et du mensonge d’Etat, est à nouveau remplie et déborde. Dès lors le peuple ivoirien, et les démocrates du monde entier intoxiqués à souhait par les médias aux ordres, ont besoin que la lumière soit faite et la vérité dite sur l’exacte réalité de la situation politique de notre chère et beau pays, la Côte d’Ivoire, défigurée par la haine ethnico-tribaliste depuis le 11 avril 2011.

C’est pour ne pas se dérober à cette attente, et accomplir son devoir devant l’histoire, que le Front Populaire Ivoirien est là, devant, vous pour échanger avec vous sans faux fuyants. Mais avant, vous nous permettrez en guise de propos liminaires d’esquisser quelques pistes de réflexions axées autour de trois points principaux.

1. Le contexte politique ivoirien

2. A propos du prétendu putsch déjoué

3. Les préoccupations et attentes des Ivoiriens

1. Le contexte politique ivoirien

Commençons par faire un peu d’histoire, en rappelant les deux guerres du cacao qui ont été faites à notre pays durant ces vingt dernières années.

La Côte d’Ivoire, première productrice mondiale de cacao, était déjà depuis le début des années 90 du siècle dernier, dans le viseur des appétits insatiables des multinationales de la finance et du négoce, qui régentent le nouvel ordre politico-économique mondial.

Objectif visé, faire main basse d’abord sur notre richesse cacaoyère qui fait de ce pays la première puissance économique de la sous-région ouest africaine francophone, ensuite s’accaparer toutes les autres ressources minières et énergétiques qui abondent dans le sous-sol ivoirien ; une véritable manne géologique qui attise toutes les convoitises, aiguise les appétits voraces de tous les impérialistes, créant ainsi ce qu’ils ont eux-mêmes dénommé un tourbillon dans le golfe de Guinée.

La méthode convenue entre les puissances impérialistes, propriétaires des multinationales de la finance et du négoce, pour déposséder notre pays de ses richesses, est d’imposer à la tête de l’Etat ivoirien un homme lige ; c’est-à-dire à leur solde, qui leur obéit au doigt et à la baguette, qui garantit leurs intérêts par la mise en œuvre d’un régime ultra libéral, dictatorial pour tout dire, à l’instar des dictatures imposées en Amérique latine. C’est ainsi que fut engagée la première guerre du cacao contre la Côte d’Ivoire.

1. 1 La première guerre de cacao contre Houphouët

Les moyens qui seront mis en œuvre sont de quatre ordres : humain, politique, financier et militaire. Sur le plan humain, identifier les personnes ressources, à commencer par le cheval de Troie, l’homme de main. Le choix des puissances impérialistes occidentales se porte sur Alassane Ouattara à charge pour lui de recruter des seconds couteaux. Ils l’imposent en 1991 comme premier ministre au Président Houphouët-Boigny qui sera contraint par la suite sous les énormes pressions des multinationales Philipps Brothers, Sucres et Denrées etc. à brader toute la production cacaoyère.

La Côte d’Ivoire venait ainsi de perdre sa première guerre de cacao, dès l’avènement d’Alassane Ouattara sur la scène politique ivoirienne. En l’espace de seulement de trois ans (1991 – 1993), il déstructure l’économie du pays en bradant aux multinationales par une privatisation forcenée, au franc symbolique, la quasi-totalité des entreprises d’Etat ivoiriennes. Dans le même temps, il défigure et déstabilise le tissu social par diverses mesures injustes et cyniques (instauration de la carte de séjour pour les étrangers, salaires à double vitesse dans la fonction publique, etc.).

Après une tentative avortée d’hold-up constitutionnel en 1993 au décès de Félix Houphouët Boigny, ses parrains, les multinationales de la Finance et du négoce retirent momentanément Alassane Ouattara de la scène politique ivoirienne, et le place en amont de l’économie ivoirienne effondrée au FMI. Fin du premier acte de sabotage de l’économie et de déstabilisation politique de la Côte d’Ivoire par Alassane Ouattara.

1. 2 La seconde guerre du cacao contre Gbagbo

L’intrusion de Ouattara dans le jeu politique avec un parti le RDR en 1995, et les moyens financiers colossaux, trente milliards versés par la filiale ghanéenne du trader Britannique Armajaro, lui permettront de poursuivre la déstabilisation du pays. Le coup d’Etat manqué de septembre 2002 constitue le déclenchement de la deuxième guerre du cacao, d’Alassane Ouattara et ses maîtres du nouvel ordre économique mondial contre la Côte d’Ivoire. Les bombardements forcenés franco onusiens le 11 avril 2011 de la résidence présidentielle (moyens militaires) pour éjecter Laurent Gbagbo du pouvoir et y installer leur homme de main Alassane Ouattara, constituent si l’on peut dire le point d’achèvement de la mainmise des multinationales de la finance et du négoce sur notre pays.

La Côte d’Ivoire venait ainsi de perdre sa deuxième guerre du cacao ; ce cacao que Laurent Gbagbo s’était évertué pendant dix longues années, à préserver de la rapacité et la voracité des prédateurs tant internes qu’externes. Fin du deuxième acte, celui qui commence par la déstabilisation politique en 2002 et s’achève en 2011 par la mainmise totale sur la production cacaoyère.

Voici brièvement retracé le processus qui, depuis vingt ans a conduit à l’installation au pouvoir en Côte d’Ivoire d’Alassane Ouattara, pion des multinationales. Sa mission, leur livrer par tous les moyens, toutes les richesses minières, agricoles et énergétiques de la Côte d’Ivoire, à commencer par le cacao.

Nous avons fait ce rappel historique à dessein, pour indiquer que la situation actuelle, n’est rien moins que la mise en œuvre, depuis le 11 avril 2011, de la troisième guerre du cacao, menée par le même Alassane Ouattara, hier chargé de mission des multinationales, aujourd’hui président de la République.

1. 3 La troisième guerre du cacao, la vérité sur la réalité à l’Ouest

La mainmise des multinationales du négoce sur le cacao ivoirien, passe par l’expropriation des planteurs nationaux (wê, baoulé). Cela au profit de colons étrangers burkinabé, malien plus malléable, qui exerceront comme des ouvriers agricoles dans les plantations industrielles des multinationales à créer.

Ce qui se passe à l’Ouest est une terreur orchestrée par le pouvoir pour accélérer l’expropriation des paysans autochtones dont déjà de milliers d’entre eux ont été froidement exécutés ou se sont exilés. Les maîtres d’œuvre de cette sale besogne au profit du pouvoir et de la colonisation des terres de l’Ouest sont connus de l’ONUCI et des FRCI. Leur chef de file Amadé Ouremi qui a participé à la guerre pour la prise du pouvoir par Alassane Ouattara, contrôle au vu et au su du pouvoir toutes les forêts classées du Cavally et de Goin Dedé à la frontière du Libéria, où il a installé des milliers de planteurs originaires de la CEDEAO. L’autre chef de guerre burkinabé, lui aussi lourdement armé Issiaka Tiendrébéogo, contrôle quant à lui, l’axe Taï – Grabo – San Pedro où il exproprie les paysans autochtones par la terreur et installe ses compatriotes qui arrivent chaque jour par convois sur les terres de l’Ouest.

Ils sont donc connus et jamais interpellés parce que en mission commandée, les acteurs des expropriations des terres orchestrées par le pouvoir Ouattara dans le cadre de cette troisième guerre du cacao qui a commencé aux confins de l’Ouest du pays et qui est destinée à s’étendre sur l’ensemble du Sud de la Côte d’Ivoire.

Dans toute cette partie du pays, les multinationales du négoce ont déjà pris pieds dans la production en rachetant tous les complexes agro industriels dans le cadre des privatisations.

La nouvelle loi sur le foncier rural en cours d’élaboration par le pouvoir vise à légaliser et à légitimer toutes les expropriations qui, écartant les anciens propriétaires de leurs terres se mettront au service de leurs nouveaux maîtres les colons de la CEDEAO et d’ailleurs. La Côte d’Ivoire ainsi recolonisée échappera ainsi totalement au contrôle des paysans autochtones propriétaires actuels de la production cacaoyère de notre pays.

Voici le projet qui est en cours, dans cette troisième guerre du cacao qu’Alassane Ouattara livre à la Côte d’Ivoire au profit des multinationales du négoce, et des puissances occidentales leurs commanditaires. Par ailleurs, il est temps, grand temps, pour les Ivoiriens de savoir si l’Ouest de leur pays est devenu une colonie de peuplement burkinabé et malien ? Ces réalités-là, Alassane Ouattara a le devoir de communiquer là-dessus, au lieu de chercher en permanence à mener le peuple en bateau par des coups d’Etat fictifs à répétition.

2. A propos du prétendu Coup d’Etat déjoué

Après la dernière visite controversée du procureur Ocampo qui a révélé ses accointances avec le pouvoir et face à la quasi-certitude grandissante conduisant à la très probable libération de Laurent Gbagbo en raison de la faiblesse des preuves contre lui, Alassane Ouattara sentant l’étau se resserrer autour de lui a décidé de monter au créneau.

Objectif :

1° charger à fond Laurent Gbagbo la veille de son procès en le faisant passer pour "un criminel" qui refuse de se repentir en continuant de semer la mort en Côte d’Ivoire.

2° Réduire au silence les partisans de Laurent Gbagbo.

La méthode utilisée est celle que Ouattara et ses alliés ont déjà utilisée durant la crise postélectorale. Elle pue le réchauffé, un véritable riz couché qui n’avoue pas son nom, une arnaque donc.

D’abord la diabolisation de Laurent Gbagbo et ses partisans par les ONG et les médias aux ordres. Comme ce fut le cas cette fois avec le rapport de l’ONG Human Rights Watch de Soros l’ami que Ouattara a sollicité à cet effet. Les médias France 24 et RFI ont suivi.

Ensuite l’exécution de la phase du crime de sang imputé à Laurent Gbagbo et ses partisans. A Abobo pendant la crise les images des femmes prétendument assassinées par Gbagbo ont été brandies dans les médias. Cette fois ce sont des casques bleus qui ont été sacrifiés à la mise en scène de Ouattara à l’Ouest.

Troisième et dernière phase, l’extermination des pro-Gbagbo qui a déjà commencé à l’Ouest et qu’on envisage de poursuivre avec la dissolution du FPI et sa décapitation programmée, tout cela sans en aucun moment, pendant la crise comme aujourd’hui aucune enquête sérieuse et crédible préalablement mise en œuvre.

Les prétendues preuves présentées à la télévision, émanant de personnes détenues, à la merci donc du pouvoir, sans assistance judiciaire et probablement extorquées sous la torture, brandies de surcroît par un ministre qui s’érige à la fois en officier de police judiciaire, magistrat, procureur de la République, juge d’instruction et président du tribunal, ne sont pas recevables parce qu’elles procèdent des pratiques d’une république bananière et non d’un Etat de droit. A ce propos, le FPI rappelle :

L’article 3 de la Constitution ivoirienne indique que "les traitements inhumains et cruels, dégradant et humiliants, la torture physique ou morales, les violences physiques sont interdits et punis par la loi.

Article 12 : aucun ivoirien ne peut être contraint à l’exil.

Article 22 : nul ne peut être arbitrairement détenu. Tout prévenu est présumé innocent jusqu’à ce que sa culpabilité ait été établie à la suite d’une procédure lui offrant les garanties indispensables à sa défense ».

Que notre Constitution soit donc respectée à travers les sorts que le pouvoir Ouattara fait à nos concitoyens.

Cela dit, la vérité à propos du scenario macabre de l’assassinat des soldats onusiens la vérité, est connue de tous à l’Ouest ainsi que de Ouattara et de ses ‘sécurocrates’. Les sept casques bleus ont été tués le 08 juin dans une embuscade tendue par les mercenaires burkinabé qui au nombre de quelques 3 000 aidés par les Dozos opèrent sous les ordres de Amadé Nouréimi bien connu du régime Ouattara. Se sentant floués et non récompensés par Ouattara qu’ils ont porté au pouvoir, ils arrivent chaque jour en plus grand nombre réclamer leurs dus et n’entendent en aucune manière se laisser désarmer. Les soldats nigériens de l’ONUCI ont été victimes du traquenard qui leur a été posé par les mercenaires burkinabé ; massacre dont la responsabilité a été imputée aux prétendues milices pro Gbagbo.
"Aucune milice proche de l’ex chef de l’Etat ivoirien n’avait aucune chance de prospérer à l’Ouest de la Côte d’Ivoire" avait dit Young Choi l’ex représentant de l’ONU dans notre pays.

"La situation est désormais sous contrôle à l’Ouest du pays" avait affirmé pour sa part le ministre ivoirien de la défense après la visite du chef d’Etat dans cette zone.
D’où sortiraient alors comme par enchantement les prétendues milices pro Gbagbo qui sèmeraient la mort à l’Ouest ?

Dans un contexte politique bloqué qu’il ne maîtrise plus, l’assassinat le 08 juin dernier des 7 soldats de l’ONUCI du contingent nigérien qui venait à peine d’arriver en Côte d’Ivoire, apparaît comme une diversion macabre, un complot ourdi par Alassane Ouattara pour atteindre trois objectifs.

1° Faire payer au peuple nigérien et principalement son Président MAHAMADOU Issouffou ses entrée à l’Elysée à son détriment.

2° Susciter l’émoi international, détourner ainsi l’attention sur ses responsabilités dans les nombreux problèmes qui assaillent les Ivoiriens, en accusant du même coup Laurent Gbagbo et ses partisans de refuser la paix en s’en prenant à l’ONU. Dans la foulée, prononcer la dissolution du FPI, le décapiter en emprisonnant tous ses dirigeants.

3° Créer le prétexte à l’accentuation de la terreur par l’extermination des paysans autochtones jugés pro Gbagbo pour accélérer les expropriations de terres vers le Sud -Est du pays et parachever la colonisation burkinabé en cours.
La vérité que Alassane Ouattara, ministre de la défense, cache aux ivoiriens est qu’il s’ingénie à créer volontairement l’insécurité pour éviter la mise en œuvre d’un Etat de droit. En mission pour livrer les ressources nationales au pillage des multinationales, son crédo est d’entretenir en permanence un climat de belligérance propice à la terreur et aux persécutions. De là résulte les nombreux coups d’Etat qui sont chaque jour inventés.

3. Les préoccupations et attentes des ivoiriens

– Les droits et libertés démocratiques sont confisqués.

– A coup de communication et avec la bénédiction de ses parrains, ce sont des déclarations quotidiennes : « TOUT VA BIEN en Côte d’Ivoire » avec ;

Des dizaines de prisonniers politiques civils et militaires vivant dans des conditions inhumaines puisque prévenus-coupables ;

Des milliers d’Ivoiriens contraints à l’exil et qui subissent de châtiment du "retour par extradition volontaire" (Lida) ;

Des travailleurs mis au chômage par "le délit du rattrapage ethnique" ;

L’insécurité entretenue par les forces pro Ouattara dans les villes et les campagnes ;

L’école qui se meurt ;

La misère qui est servie aux populations en lieu et place des conteneurs de milliards de francs promis.

Que le dialogue politique devienne une réalité dans notre pays. Nous sommes demandeurs. Or aucune volonté réelle ne se manifeste en dehors des incantations et du dilatoire… La délégation du FPI reçue le 4 juin est priée de repasser le 13 juillet parce que les gouvernants qui naviguent à vue veulent attendre l’après audience du 18 juin 2012 à La Haye, reportée maintenant au mois de août.

En guise de conclusion, le FPI lance un appel à :

– M. le Président François Hollande pour qu’il tienne compte des attentes des peuples d’Afrique et de Côte d’Ivoire pour plus de justice et de liberté.

– A la diaspora africaine, aux démocrates du monde et aux Ivoiriens pour leur engagement dans la lutte pour la dignité des peuples africains et la souveraineté de leur Etats.

– A M. Ouattara et à son gouvernement qu’ils abandonnent la fuite en avant et la répression. Qu’ils s’engagent dans un véritable dialogue en vue de la réconciliation et d’une paix pour le développement durable de la Côte d’Ivoire, notre pays à tous.

– A nos militantes et militants, qu’ils gardent l’espérance dans la victoire notre lutte contre la morgue et l’imposture de ceux qui croient, momentanément, qu’ils ont le monopole de la violence.

Enfin, face aux accusations fantaisistes et graves de coups d’Etat qui vise à porter atteinte à l’honorabilité de notre parti, la Direction du FPI informe l’opinion nationale et internationale qu’elle a décidé de porter plainte contre le Gouvernement ivoirien pour calomnie et diffamation.

Fait à Abidjan, le 15 juin 2012

Le Président par intérim du FPI

MIAKA Ouretto

Fri, 15 Jun 2012 22:51:00 +0200

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