Incursion dans un monde de tabous et de silence : Quand les dérives sexuelles exposent l’Etat à des dépenses inattendues

Photo : DR
La pandémie du SIDA est un problème de développement voire de sécurité dans le monde, en Afrique et plus particulièrement en Côte d’Ivoire. Depuis la découverte des premiers cas de SIDA en 1985 en Côte d’Ivoire, le nombre des malades n’a cessé d’augmenter, faisant d’elle le pays le plus touché de l’Afrique de l’Ouest avec une séro-prévalence moyenne de 4,8% en 2009.

Situation du VIH/Sida en Côte d’Ivoire
Selon le dernier rapport de l’ONUSIDA datant de 2008 sur la situation du VIH/Sida en Côte d’Ivoire, le nombre de personnes vivant avec le VIH est estimé à environ 480 000 [400 000 – 550 000]. Le taux de prévalence chez les adultes de 15 à 49 ans est de 3.9% [3.2% – 4.5%]. Les adultes âgés de 15 ans et plus vivant avec le VIH représentent environ 420 000 [350 000 – 490 000]. Les femmes âgées de 15 ans et plus vivant avec le VIH sont au nombre de 250 000 [210 000 – 290 000]. Environ 52 000 [44 000 – 58 000] enfants âgés de 0 à 14 ans vivent avec le VIH et ont à peu près 38 000 [33 000 – 43 000] Décès dus au sida. Quant aux enfants rendus orphelins par le sida âgés de 0 à 17 ans, représentent environ 420 000 [320 000 – 530 000]. Vu ces chiffres, la Côte d’Ivoire est le pays le plus touché de la sous-région. C’est pourquoi, le VIH-Sida, fléau des temps modernes, n’est plus perçu uniquement comme un problème de santé publique. Il est devenu un problème de développement, voire de sécurité. Depuis la découverte des premiers cas dans le monde en 1981, précisément aux Etats-Unis, et après plus de 25 ans d’expérience de la prévention du VIH et plus de 10 ans d’expérience de la thérapie antirétrovirale, les dégâts causés par cette pandémie sont énormes. Devant la menace qu’elle représente, en termes de développement durable, eu égard au fait que la cible la plus touchée en Côte d’Ivoire se situe entre la tranche d’âge de 15 à 49 ans, qui constitue une force vive de la nation, la lutte contre le VIH-Sida a été inscrite par l’Etat de Côte d’Ivoire au programme de priorité nationale. C’est dans cette dynamique que le ministère spécifique chargé de la lutte contre le Sida a été créé. Sa mission est de coordonner et intensifier la réponse nationale face à cette pandémie. Avec pour principale stratégie, la lutte multisectorielle et décentralisée. Plusieurs actions ont été initiées et menées par ce ministère sous la houlette du Dr Christine Adjobi. Première action tangible, mobilisation du financement extérieur pour engager la lutte contre le mal du siècle. 95 milliards de FCFA ont été mobilisés et dépensés en trois ans. La part de l’Etat ne représente que ¼ des dépenses réalisées dans le cadre de la lutte. Soucieux de cela, le ministère a mis en œuvre un plan de mobilisation de financement en deux axes. Le premier concerne la mise en place d’un Fonds national de lutte contre le Sida et le second axe porte sur la réalisation d’une étude pour estimer les Ressources et les Dépenses de lutte contre le Sida (REDES). A travers ces deux axes, le MLS a pu mobiliser au cours des trois dernières années près de 95 milliards de FCFA qui se déclinent comme suivent: 21.532.122.000 FCFA en 2006, 33.301.972.000 FCFA en 2007 et 31.317.000.000 FCFA en 2008. Ce pactole a été dépensé sur la période 2006-20080. Il provient principalement des fonds publics à hauteur de 9,01 %, fonds privés 3,77 % et fonds internationaux 87,22 %. Le financement de la lutte contre le Sida en Côte d’Ivoire est donc essentiellement soutenu par les appuis extérieurs (partenaires bilatéraux et multilatéraux) dont la contribution est estimée à près de 61 milliards de FCFA. « L’Etat de Côte d’Ivoire a apporté des ressources publiques de l’ordre de 5,1 milliards de FCFA sur la période représentant 14,41 % (moins du quart) des dépenses réalisées par l’ensemble des partenaires financiers. Le financement de la lutte reste largement tributaire de la solidarité internationale. Il urge d’inverser la donne, de changer la donne positivement en améliorant la ligne budgétaire nationale VIH », plaide le ministre Adjobi. Par cet appel pressant, le premier responsable du plan national de la lutte contre le Sida entend gagner le défi de l’insuffisance de ressources financières. Le rapport 2008 a noté des progrès sensibles au niveau de l’engagement national. Selon l’évaluation du secteur public, la note moyenne de 6,6 sur 10 en 2005 est passée à 8 sur 10 en 2007. Pour la société civile, bien que l’engagement national soit encore en deçà des attentes, la note moyenne connaît une hausse relative en passant de 2,5 à 3,75 sur 10 de 2005 à 2007. Au niveau du traitement antirétroviral, le rapport souligne que le nombre de personnes sous traitement ARV s’est considérablement accru de 2003 à 2007. Ce nombre est passé de 2473 personnes en 2003 à 17404 en 2005 pour atteindre 36348 en 2006 et 49190 en 2007. Ce nombre qui prend en compte toutes les données nationales y compris celles du privé, rapportées aux personnes ayant besoin d’un traitement ARV en 2006 et 2007 donne 21,3% et 29,7% d’infectés sous ARV. Ce progrès important dans la mise sous traitement ARV, relève le rapport, est due d’une part par la baisse du coût du traitement avant sa gratuité en 2009 et d’autre part par une mobilisation sociale intense. Pour relever les défis en suspens, le MLS entend mener des actions. Il s’agit entre autres de l’intensification de la prévention du VIH-Sida afin d’améliorer les connaissances des groupes les plus vulnérables sur la transmission du VIH et enrayer les fausses idées en vue de l’adoption d’un comportement à moindre risque, la mise à jour du document du programme multisectoriel contre le Sida, la mobilisation continue des ressources financières en vue de couvrir le déficit de financement pour intensifier la lutte contre le Sida, la redynamisation des organes de coordination centraux, sectoriels et décentralisés et l’élaboration de manuels de procédure permettant à tous les partenaires de s’inscrire dans les cadres ( cadre stratégique et de suivi évaluation). Cependant dans les axes de lutte, une catégorie de personnes n’avait pas été prise en compte dans les réflexions et les plans. Il s’agit des personnes vulnérables au VIH/Sida (PVVIH) comme les professionnels du sexe (PS), les corps habillés, les migrants et les MSM. C’est cette dernière catégorie qui a retenu notre attention et fait l’objet de notre enquête

Qui sont les MSM ?
Les ‘’men have sex with men (Msm)’’ en anglais se traduit en français par « hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes ». Dans le langage courant, on les appelle des homosexuels. C’est M. Ako Cyriaque Yapo, anciennement président du Réseau des personnes vivant avec le Vih (RIP+) qui nous dit avec précision la notion de MSM. Selon lui, il faut faire le distinguo entre MSM et Gay (homosexuel homme). Le premier pouvant être homosexuel par occasion (parce qu’incarcéré, pour de l’argent, à cause d’abus, par curiosité…). Le second à savoir le Gay décrit une identité sexuelle qui se caractérise par une affirmation socio-culturelle et psychologique de sa personnalité. En résumé, des MSM peuvent être bisexuels (avoir des relations autant avec les hommes qu’avec les femmes), tandis que les Gay sont exclusivement homosexuels. Quant au Docteur Géneviève A. du JHBSPH à Abidjan, elle souligne qu’à la différence du Sénégal, aucune enquête n’a encore eu lieu sur le sujet des MSM afin de donner les chiffres exacts et la prévalence dans le milieu. Cependant, en se basant sur les chiffres du Sénégal qui relèvent que 27, 7% de la population de MSM sont infectées par rapport à 1% de la population générale, on constate que le virus fait beaucoup plus de ravage dans ce milieu que dans la population générale. « On peut sans risque de nous tromper affirmer qu’en Côte d’Ivoire où les mœurs sont moins répressives qu’au pays de la Teranga, que ce taux est soit similaire soit plus important », a indiqué Dr Géneviève A. Puis d’annoncer que grâce au Pepfar (Fonds de lutte des USA contre le Vih en Afrique), une étude détaillée va bientôt rendre ces résultats sur la situation des MSM en Côte d’Ivoire, car il est indéniable selon elles « que la plupart des MSM entretiennent des rapports sexuels avec des femmes ».

Une catégorie hautement vulnérable au VIH/Sida
La forte prévalence du VIH chez les Africains ayant des pratiques homosexuelles a été confirmée au Mexique pour différents pays, à commencer par le Sénégal (21,5%). En Côte d’Ivoire, cette prévalence élevée du VIH n’est pas seulement sous-documentée par la recherche. Mais elle est aussi en grande partie méconnue des intéressés eux-mêmes. Selon Dr. Géneviève A., les raisons de la forte exposition des MSM sont d’ordre sociologique, culturel et physiologique. Elle raconte que des enquêtes montrent que chez les hommes ayant des pratiques homosexuelles en Afrique, la fréquence des pénétrations anales non protégées est élevée et le niveau de connaissance sur les risques de transmission du VIH est parfois faible. « Ces hommes sous-évaluent les risques auxquels ils sont exposés dans le cadre des pratiques homosexuelles, notamment lorsqu’ils considèrent que le sida ne se transmet que par les femmes », a-t-elle indiqué. De façon scientifique, on explique surtout pourquoi, les actes homosexuels sont plus à risques que les rapports entre hétérosexuels. « La muqueuse anale est beaucoup plus fragile et propice à la pénétration du VIH », rapporte Dr. Géneviève A. Les experts de la lutte ont donc pris conscience qu’il était urgent de toucher cette catégorie de personnes s’ils voulaient durablement stabiliser à son plus faible niveau la propagation de la pandémie. Pour ce faire, les spécialistes estiment qu’il est impérieux de lutter contre toutes les discriminations et les stigmatisations dont souffrent les MSM atteints du VIH.

Stigmatisations et discriminations : Comment les MSM sont dévalués aux yeux de la société
Selon M. Coulibaly Yaya, président de Solidarité Plus (association de personnes vivant avec le VIH), la stigmatisation et la discrimination liées au VIH/SIDA constituent les plus grands obstacles à la prévention de l’infection à VIH. Elles constituent la 3èmè phase de l’épidémie après la propagation et l’incidence. Que regroupe donc les concepts de stigmatisation et discrimination liées au VIH ? La stigmatisation caractérise tout ce qui discrédite significativement un individu aux yeux des autres. Il s’agit d’un processus dynamique de dévaluation. Quant à la discrimination (conséquence de la stigmatisation), elle se produit lorsqu’on fait une distinction entre des personnes et qu’elles sont traitées de façon inégales et injustes parce qu’elles sont infectées par le VIH. La manifestation de la stigmatisation et de la discrimination est diverse selon les témoignages que nous avons reçus. Cela va de l’utilisation d’un mot, d’un geste inconscient à une décision argumentée, d’une négligence passive à un rejet emprunt de violence. Selon M. Khoudia Sow, dans son rapport intitulé ‘’Mobilisation multisectorielle contre la stigmatisation et la discrimination des PVVIH’’, la discrimination se manifeste dans le contexte familial et communautaire. Et aussi dans lieu de travail : par le refus d’accorder un emploi en raison du statut sérologique. De l’imposition du dépistage obligatoire pour celui soupçonné d’être séropositif et de l’exclusion des PVVIH des régimes de prévoyance des prestations médicales. Même les politiques y vont de leurs préjugés sur les MSM. Tenez : « L’homosexualité est une tare de la société blanche, qui ne s’applique pas aux Africains ! ». Cette citation du président zimbabwéen, Robert Mugabé, avait été prononcée en 1998 lors de l’inauguration de la foire du livre d’Hararé. Furieux de découvrir des stands de livres gays, il s’était violemment emporté et avait aussitôt ordonné l’arrestation de tous les jeunes qui les tenaient. De nombreux médias étrangers ont diffusé cette histoire dans le monde entier, et grâce à l’intervention de la Cour Européenne des Droits de l’Homme, les "parias" ont été libérés quelques jours plus tard. Ceci n’est que l’exact reflet de ce qui se passe en Afrique. Selon un rapport de l’Onusida, Quatre-vingt-six pays dans le monde, dont plus de la moitié des pays africains, criminalisent les rapports sexuels entre deux hommes adultes consentants. Sept Etats punissent de mort les relations homosexuelles entre adultes consentants : Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Iran, Mauritanie, Nigeria, Soudan et Yémen. Même si en Côte d’Ivoire aucune loi n’est répressive envers les comportements homosexuels entre adultes consentants, le pays a été néanmoins secoué par des affaires où la violence envers des Gays ont défrayé la chronique. « Le 17 Mai 2006, Djibril et Akim, deux jeunes homosexuels sont battus à mort à Abidjan, par des groupes de jeunes leur reprochant leurs ‘’attitudes féminines’’ », nous rapporte Cyriaque Ako. « Les MSM séropositifs sont confrontés à ce qu’on appelle la double discrimination. Elle est d’abord liée à leur statut sérologique et ensuite à leurs mœurs sexuels », nous explique docteur Géneviève A. Les manifestations courantes de la discrimination comme : l’isolement, refus de logement ou d’emploi, refus de mariage, rejet par la communauté, refus d’assistance médicale, retard dans l’administration des ARV, les injures, les atteintes physiques, les humiliations de toutes sortes sont des faits vécus et subis par les MSM. Cette stigmatisation atteint son paroxysme quand, des médecins ou des agents de santé refusent d’ausculter les MSM, à cause de positions religieuses, morales ou culturelles, explique François, jeune homosexuel de son état.

Discrimination au plan sanitaire
Voulant en savoir un peu plus sur la façon dont les MSM sont pris en charge au niveau du VIH/Sida, nous avons approché une structure médicale qui travaille dans ce domaine. En zone 4 où nous avions rendez-vous, aucune pancarte ou inscription n’indique que des MSM sont reçus et traités dans cette structure. Dr A. qui nous a reçus s’est voulu clair et pédagogue. Selon lui, la question des MSM regroupe plusieurs volets : institutionnel et personnel. Le cadre institutionnel et stratégique 2005-2010 a été élaboré par le ministère de la Lutte contre le Sida. Dans ce plan stratégique, quelle est la place accordée aux SMS ? « Je peux vous dire que les MSM font parti des cibles prioritaires au niveau de ce plan. Il y a un programme pour les personnes hautement vulnérables dirigé par Dr Thiam », a souligné Dr. A qui a dit qu’il était important lorsqu’on veut développer un plaidoyer pour les SMS, de faire l’état des lieux. Qu’est ce qui se fait au niveau de la Côte d’Ivoire ? Est-ce suffisant et si non, qu’est-ce qui peut être fait de plus ? Ce sont là les questions qui pour notre médecin sont importantes. L’Etat ivoirien, nous a-t-il confié, a pris très tôt conscience qu’il fallait travailler dans les PHVVIH, si on voulait réduire de façon significative l’incidence générale du VIH sur les populations.

Les réponses de l’Etat
Selon Dr A., il est bon de savoir que l’homosexualité n’est pas criminalisée dans le pays. Ensuite le groupe des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes est identifié comme un domaine d’action prioritaire dans le plan d’action stratégique de lutte contre la pandémie du sida. Il y a un certain nombre de structures au niveau national qui sont intégrées dans un réseau qui prend en charge ce groupe précisément. Ces structures ont intégrées dans leurs activités des activités spécifiques pour ces populations hautement vulnérables. Il s’agit du réseau PAPOHVI (projet d’assistance aux populations hautement vulnérables) qui est financé par CDC PEPFAR à travers Family International. Les partenaires de mise en œuvre de ce projet font essentiellement de la prévention des IST/VIH. « Nous faisons aussi du renforcement de capacité pour ces populations afin de les amener à être les acteurs de leur propre intégration », a souligné Dr A.
Autre chose importante que nous a livrée notre interlocuteur, c’est que des MSM sont pris en charge dans des structures générales sauf qu’on (les médecins) ne sait pas qu’ils sont de ce groupe. On les croit simplement séropositif et c’est tout. « Mais, les homosexuels ont des problèmes spécifiques qu’il faut prendre en compte. Et lorsque, les MSM situent leur condition aux praticiens ou à une assistance, alors à partir de ce moment, il y a un certain nombre de tiroirs qu’il faut ouvrir pour prendre en compte cette spécificité. Imaginez, avec le stigmate qui existe que des hommes aillent voire le médecin ou le personnel soignant pour lui dire qu’ils sont homosexuels…Le regard méprisant, les moqueries et les humiliations incessantes sont difficiles à supporter », raconte-t-il. C’est pour quoi, notre praticien pense qu’il faut faire avec cette discrimination. « Nous devons respecter le point de vue de ceux qui sont contre l’homosexualité. Car, notre rôle en tant que médecin n’est pas d’encourager cette pratique, mais d’apporter une assistance médicale à ce groupe. C’est notre devoir et c’est le droit de la société de protéger ces personnes », a indiqué Dr A.

La réponse des MSM
Selon notre expert, les homosexuels doivent pour faire cesser les discriminations, assumer leur statut sexuel. Il faut dans un second cas, qu’ils soutiennent les structures spécialisées et adaptées. « Si dans le futur, il est clairement démontré que lesdites structures n’ont plus leur raison d’être et que les structures normales peuvent les relayer il va s’en dire qu’on avisera en ce moment », affirme Dr A. Le Sénégal a une approche plus performante dans le sens où un certain nombre de praticiens sont identifiés, sensibilisés afin de créer des environnements acceptables pour les homosexuels qui sont orientés vers ces centres. Le problème en Côte d’Ivoire et il a été susmentionné plus haut, c’est qu’on n’a pas le taux exact des MSM atteints du VIH. « Nous essayons tant bien que mal de fédérer les initiatives afin de faire du lobbying pour la prise en charge, pour ne pas être refusé à un boulot parce que l’un d’entre nous à une apparence efféminée. Ou mieux pour que des moyens matériels nous soient directement versés sans passer par des intermédiaires. Mais assumer notre statut sexuel n’est pas facile surtout, quand certains d’entre nous sont menacés physiquement », affirme Alasko, un MSM qui a accepté de nous parler. D’ailleurs comme pour faire échos à ces paroles, trois MSM venaient un jour avant (lundi 29 mars 2010 de se faire agressés physiquement par des loubards qui les avaient identifiés sur dénonciation. C’est dans le centre spécialisé en question qu’ils ont reçu des soins.

Est-il préférable pour un homosexuel de donner son statut sexuel s’il est séropositif ?
Pour Dr. A, la question a posé est de savoir ce qu’on recherche. S’il s’agit de prendre en charge un homme séropositif, il est évident qu’il va recevoir tous les soins disponibles. « Mais, s’il se présente comme séropositif et homosexuel, il sera réorienté vers des personnes qui ont été formées à la compréhension et à la prise en charge de ces cas. Il est donc évident que ce monsieur aura droit en plus de ce qui se fait pour tous les séropositifs, à d’autres types de services. Un séropositif homosexuel n’est pas en soit différent aux autres séropositifs. Mais, il y a une approche au niveau du volet de la prise en charge qui est différente, car la transmission dans ce groupe est plus grande », a-t-il répété. Et puis, il y a des pratiques selon lui qui ont cours dans le milieu qui ne sont pas des pratiques connues chez les hétérosexuels, qu’il faudra adresser. « L’idéal, c’est de connaître les mœurs sexuels du patient afin de déployer toute la palette de soins pour ne pas qu’il soit un danger pour lui et pour les autres ». Mais de remarquer que rares, sont les MSM qui donnent leur statut sexuel.

Les stratégies à adopter
Il est clair qu’il y a beaucoup de choses à améliorer. Selon plusieurs personnes qui travaillent dans ce milieu, le premier combat est à mener par la communauté elle-même. « Il doivent être au devant de la lutte pour la reconnaissance de leurs droits. Nous pouvons les aider, les accompagner. Nous sommes leurs collaborateurs et notre voix ne portera que si les MSM se mobilisent pour exprimer leurs difficultés, leur souffrance, les moments pénibles qu’ils traversent. Seuls ceux qui vivent ces problèmes peuvent mieux les décrire », pensent Dr A. Cette implication voudra nécessairement dire qu’ils auront autour d’eux un environnement qui permette peut-être de mieux assumer leur orientation sexuelle. « Quand dans toutes les familles, dès qu’il est avéré qu’un enfant est homosexuel, le scandale est total. Personne encore moins les médecins n’encouragent l’homosexuel, mais on ne pourra réduire la pandémie qu’en réduisant le taux parmi les PHVVIH », a-t-il professé. Si les homosexuels assument mieux leur orientation, alors pour lui, ils sauront mieux appréhender les risques y référant. Lorsque les homosexuels seront des acteurs, alors les structures spécialisées ne pourront que les accompagner. Deuxième chose, il faut renforcer le cadre institutionnel pour réprimer sévèrement tout ce qui est acte de violence envers cette communauté. Ensuite, il faut que les prestataires, les programmes nationaux soient renforcés pour améliorer leur prise en charge. Des financements venant des partenaires sont prêts pour la prise en charge de ces groupes vulnérables. Les médecins rencontrés espèrent qu’ils aillent vraiment vers la cible et que des personnes étrangères à ce milieu ne se trouvent pas de nouveaux centres d’intérêt uniquement parce que de l’argent sera injecté dans ce créneau. Il faut que des personnes qui ont vraiment la vocation et l’expertise soient celles-là même sur lesquelles, les décideurs s’appuieront pour rentabiliser les investissements.

Avec le partenariat de L’Intelligent d’Abidjan / Dossier réalisé par Olivier Guédé

Thu, 29 Apr 2010 10:44:00 +0200

0

Laisser un commentaire

Nous utilisons des cookies afin de vous offrir la meilleure expérience possible sur notre site Web. En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez notre utilisation des cookies.
Accepter
Refuser
Privacy Policy