Le racisme anti-noirs aux pays du Maghreb

C’est un racisme dont on parle peu : celui dont sont victimes les populations noires dans les pays d’Afrique du Nord, et notamment du Maghreb. S’il ne date pas d’hier, la récente élection d’une Miss Algérie jugée “trop noire” pour les réseaux sociaux prouve qu’il est bien d’actualité.

La majorité des pays d’Afrique du Nord ont signé le pacte de Marrakech sur les migrations. Seule l’Algérie, jugeant le texte flou sur certains aspects, s’est abstenue. Le Maroc, la Tunisie, la Libye et, dans une moindre mesure, l’Egypte sont en effet devenus des interfaces inévitables pour des centaines de milliers de migrants originaire d’Afrique subsaharienne, rêvant de rejoindre une Europe idéalisée, via les enclaves espagnoles de Melilla et Ceuta, ou l’île italienne de Lampedusa. Ces pays sont au cœur d’un problème qui va prendre de plus en plus d’ampleur dans les années à venir.

Miss Algérie 2019, jugée “trop noire”

Or, les gouvernements de ces pays sont acculés à leur tour par la grogne grandissante de leurs administrés refusant de côtoyer ces populations à leurs yeux indésirables. Cette réaction lève le voile sur le racisme endémique des sociétés maghrébines contre les populations noires, même de religion musulmane. Un sentiment loin d’être nouveau mais qui a longtemps été esquivé, jusqu’en France, dans les rapports entre les différentes communautés.

Au Maghreb, plusieurs faits divers ont fait resurgir la xénophobie et le racisme de populations ayant perdu tout rapport à l’altérité depuis la fin du colonialisme. Les « kahlouche » (« nègres ») ou les « ‘abids » (« esclaves ») soulèvent toujours un mépris profond de la part des populations. A Djerba, les populations noires sont souvent enterrées dans le cimetière des « esclaves », à l’écart des autres. Plus généralement, les mariages entre arabo-berbères et noirs sont souvent hors de question et, en France, on trouve bien peu de mariages mixtes. De même, au Maghreb, plus on grimpe les échelons dans la société et plus les noirs sont absents. Alors quand Khadidja Benhamou, la Miss Algérie 2019, originaire d’Adrar dans le sud du pays, est élu le 5 janvier dernier, des flots de haine se déversent sur les réseaux sociaux : elle est jugée trop « noire » par certains. Mais les mots ne sont pas les seuls témoins de ce racisme

L’héritage de l’esclavage

Depuis une quinzaine d’années, de graves incidents se sont multipliés contre les populations noires en Afrique du Nord. Du Maroc à la Libye, en passant par l’Algérie. On ne compte plus les ratonnades policières, les lynchages, humiliations et autres faits divers consternants.

Cette vision de l’homme noir est intimement liée aux traites négrières. Pas celles du commerce triangulaire enseignées à nos élèves de quatrième. Non, les autres. Ces traites ont duré du VIIe au XXe siècle et ont fait 20 millions de captifs, d’après l’économiste sénégalais Tidiane N’Diaye dans son essai à succès, Le Génocide voilé.

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Mon, 02 Mar 2020 21:16:00 +0100

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