« Prenez votre retraite monsieur Wade »

« Prenez votre retraite monsieur Wade », intitulé d’un éditorial au vitriol du quotidien Le Monde contre le président sénégalais, à l’heure des manifestations de l’opposition pour exiger le retrait de sa candidature à la prochaine présidentielle.

L’éditorialiste du Monde n’a pas de mots assez durs pour qualifier les conditions de cette nouvelle candidature, intervenue :
– « malgré l’avis contraire des grands juristes » ;
– « malgré les bourrasques sociales frondeuses qui depuis plusieurs mois balaient » (le Sénégal) ;
– « malgré les mises en garde américaines et européennes » ;
– enfin « malgré l’âge “du président sortant” » (86 ans).

Au passage, le quotidien français égratigne le Conseil constitutionnel sénégalais dont les membres sont, selon lui, achetés par le pouvoir, et surtout, le bilan qu’il dresse des années Wade est catastrophique. Dans un pays, parmi les rares en Afrique où les valeurs démocratiques étaient réellement ancrées, « Abdoulaye Wade est en train de rompre cette belle tradition », écrit Le Monde.

Le bilan n’est brillant ni sur le plan des libertés publiques – la protection des droits de l’homme a fortement reculé – ni sur celui de l’économie. De tout cela, poursuit Le Monde, « Abdoulaye Wade n’a cure. (…) Le président réprime pour faire taire la contestation. L’opposition n’a plus de recours légal. (…) Il lui reste l’appel à la rue, avec risque de débordement. A qui la faute ? ».

Pas de leçon à recevoir

Au Sénégal, Le Soleil journal pro-gouvernemental, reprend les propos tenus par le porte-parole du président de la République. Il s’est « désolé » des scènes de violences vues ces derniers jours à Dakar et à l’intérieur du pays. Appelant « les uns et les autres à la retenue et au renforcement de la cohésion nationale », il s’en est pris à ceux qui appellent les jeunes à descendre dans la rue et affirmé qu’en matière de démocratie le Sénégal n’avait « pas de leçons à recevoir ».

Voilà pour la position officielle, relayée par Le Soleil. Autre tonalité, c’est un commentaire paru dans Walf Fadjri. L’opposition se trouverait face à « un dilemme, ou à un choix cornélien » :
– soit refuser la confrontation, « option lourde d’incertitudes et de dangers pour la stabilité du pays ».
– soit aller aux élections contre Wade et le battre dans les urnes. Mais pour cela, souligne Walf Fadjri, « il faut veiller à ce que le scrutin soit libre et transparent et qu’il reflète réellement la volonté populaire ». Et, deuxième difficulté, les divisions de l’opposition la mettront en situation de faiblesse : « Peut-elle parvenir à gagner avec cette flopée de candidatures qui va conduire à l’émiettement des suffrages ? »

Les pressions occidentales contre le numéro un sénégalais auraient dû intervenir beaucoup plus tôt : c’est l’avis de L’Observateur Paalga au Burkina Faso.

Il juge que « l’attitude des Occidentaux est celle du médecin après la mort. (…) Il leur fallait bien réagir avant le verdict de la haute juridiction sénégalaise pour empêcher Wade d’empoisonner et de détériorer le climat social dans son propre pays ».

Faire voter les morts

Encore beaucoup d’articles en Côte d’Ivoire sur le contentieux électoral, avec le difficile accouchement des résultats des législatives du 11 décembre dernier. On lit par exemple dans Abidjan.net qu’une centaine de requêtes ont été soumises à l’examen du Conseil constitutionnel. Certaines parce qu’on a fait voter des morts.

« Ceux qui ont fait voter des morts ont oublié qu’ils s’exposaient eux-mêmes à la mort… à la mort politique s’entend » a lancé à des journalistes hilares le président du Conseil constitutionnel.

La presse revient également sur le sommet de l’Union africaine qui vient de se tenir à Addis-Abeba… Le quotidien béninois Fraternité a recueilli une interview du tout nouveau président de l’UA, Boni Yayi. A ce sommet, déclare-t-il, « les chefs d’Etat ont décidé de reprendre notre continent en main ».

La disparition des bars en Algérie

Enfin, terminons comme nous avions commencé, en compagnie du journal français Le Monde, avec deux enquêtes, l’une sur les « nounous » : une sociologue a étudié pour la première fois « les relations complexes qui existent entre les familles françaises et leurs employées à domicile d’origine africaine ».

Et, seconde enquête du Monde, c’est en l’Algérie à l’heure d’une prohibition qui ne dit pas son nom, une « prohibition officieuse ». Dans un contexte d’islamisation de la société, de plus en plus de bars ferment, comme dans la capitale Alger : « réputée autrefois pour ses nombreux bistrots, une quinzaine seulement subsistent ».

Conséquence de ces fermetures, de nouveaux lieux de vente et de consommation sont apparus. « Les réseaux clandestins se multiplient ». On voit aussi, dans l’après midi le long des routes, des voitures s’arrêter et leurs occupants boire leur bière à même le capot…

Gilles Moreau – RFI

Wed, 01 Feb 2012 11:34:00 +0100

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