TOUT COMPRENDRE – MIGRANTS ABANDONNÉS DANS LE DÉSERT : QUE SE PASSE-T-IL EN TUNISIE ?

Des centaines d’exilés d’Afrique subsaharienne sont bloqués et errent depuis plusieurs semaines à la frontière entre la Libye et la Tunisie après y avoir été abandonnés par les autorités tunisiennes, dans un contexte de climat hostile aux migrants depuis plusieurs mois.

C’est une image qui a fait le tour du monde. Fati Dosso, trente ans, et sa fille Marie, six ans, ont été retrouvées mortes de soif non loin de la frontière entre la Tunisie et la Libye. Une photo de leurs corps sans vie, recroquevillés dans le désert, a été massivement relayée sur les réseaux sociaux et dans les médias.

Depuis un mois, la Tunisie mène des campagnes massives d’arrestation et d’expulsion de migrants depuis la ville de Sfax, notamment vers la région frontalière avec la Libye. Ils sont ainsi abandonnés dans des zones désertiques, sous un soleil de plomb, sans eau ni nourriture. Peu à peu, le désert se transforme en charnier.

Des migrants errant dans le désert

Selon un nouveau bilan fourni ce jeudi par des sources humanitaires à Tripoli, 24 corps, dont des femmes et enfants, ont été découverts dans le désert libyen depuis début juillet.

Des images capturées dans le nord-ouest de la Libye montrent, en effet, des hommes, des femmes et des enfants à bout de force, assoiffés, et parfois abreuvés au compte-gouttes par les garde-côtes libyens.

Marchant jusqu’à l’épuisement, ces migrants d’Afrique subsaharienne arrivent quotidiennement par centaines dans ces zones désertiques, après avoir été abandonnés à la frontière par les forces de sécurité tunisiennes, selon leurs témoignages et ceux de gardes-frontières libyens.

Une centaine d’entre eux ont été secourus dimanche alors qu’ils erraient dans une zone aride inhabitée près du Sebkhat al-Magta, un lac salé, le long de la frontière.

Le président tunisien pourfend l’immigration subsaharienne

Pour comprendre la situation, il faut remonter à février dernier. Dans un communiqué officiel, le président tunisien Kais Saied a pourfendu l’immigration clandestine, la présentant comme une menace démographique pour son pays.

“Il existe un plan criminel pour changer la composition du paysage démographique en Tunisie et certains individus ont reçu de grosses sommes d’argent pour donner la résidence à des migrants subsahariens”, a-t-il affirmé.

La plupart de ces migrants viennent en Tunisie pour tenter ensuite de rejoindre l’Europe par la mer, en débarquant sur les côtes italiennes. Kais Saied a accusé des “réseaux criminels” d’être à l’origine de cette immigration illégale qui vise selon lui à troubler “la paix sociale en Tunisie”.

Face à la polémique, Kais Saied se défend de tout racisme ou complotisme, mais, dans les mois qui suivent sa déclaration, des immigrés subsahariens dénoncent une hausse des agressions par les locaux.

De violentes agressions à Sfax

Les tensions sont particulièrement fortes à Sfax, ville tunisienne du centre-est située sur la côte, devenue le principal point de départ pour l’émigration clandestine vers l’Europe. La mort d’un Tunisien lors d’une rixe avec des migrants le 3 juillet a suscité de fortes réactions, souvent aux relents racistes, appelant à l’expulsion des migrants subafricains de la ville.

Dans plusieurs quartiers, des centaines d’habitants se sont rassemblés dans les rues réclamant le départ immédiat de tous les migrants clandestins.

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