Comment, à travers la tradition orale et la connaissance de l’histoire, la culture africaine véhicule la paix et la créativité sur le continent, au-delà, et dans le monde entier.
Dans le folklore ouest-africain, Anansi était un charmant farceur ayant l’apparence d’une araignée. Il s’aperçut que les êtres humains étaient tristes, car ils n’avaient aucune raison d’espérer ni d’envisager un avenir radieux. Il se souvint alors que Nyame, le dieu du ciel, possédait des choses magiques appelées histoires. Ces histoires pourraient rendre les humains heureux, pensa Anansi.
Il rendit visite à Nyame et demanda à lui acheter ses histoires. Cependant, le dieu du ciel lui répondit qu’elles n’étaient pas à vendre. « Je ne les vendrai pour rien au monde, excepté pour Onini le python meurtrier, Osebo l’insaisissable léopard, Mmoatia la fée malicieuse et Mmoboro, l’essaim de frelons mortels », dit Nyame. Cette mission relevait de l’exploit, mais pas pour Anansi, qui parvint à capturer ces quatre cibles hors d’atteinte en usant de son génie. Lorsqu’il les livra à Nyame, ce dernier ne fut pas satisfait. Toutefois, ayant conclu un marché avec Anansi, il se devait d’honorer sa promesse.
« Rapporte ces histoires sur terre et donne-les aux humains, dit Nyame. Ils te seront éternellement reconnaissants. D’ailleurs, ils baptiseront tous les grands contes, “histoires d’araignées” en ton honneur. »
Ainsi, Anansi le farceur devint le dieu qui connaissait toutes les histoires. Le mythe d’Anansi illustre la nécessité pour chaque société de créer et de partager des histoires.
Netflix et l’UNESCO se sont associés afin de lancer un concours de courts métrages innovant sur le thème « Contes populaires africains revisités », dans toute l’Afrique subsaharienne. Les lauréats du concours seront formés et suivis par des professionnels du milieu et recevront un budget de production de 75 000 dollars afin de réaliser des courts métrages qui seront diffusés pour la première fois sur Netflix en 2022, sous la forme d’une Anthologie des contes populaires africains. L’un des principaux objectifs de ce concours est de découvrir de nouvelles voix et de donner une visibilité internationale aux jeunes réalisateurs d’Afrique subsaharienne.
De contes d’araignées à l’histoire de l’Afrique
Les récits tels que ceux partagés par Anansi sont au cœur de la vie humaine depuis des milliers d’années, telle une sorte de jeu cognitif qui stimule l’esprit humain, nous permettant de comprendre les phénomènes naturels et sociaux, et d’imaginer différentes stratégies pour vivre dans un monde complexe. On pourrait supposer que plus nous collectons et partageons ces histoires, plus nous serons capables de nous comprendre, et de comprendre les autres, le monde qui nous entoure, les valeurs et traditions respectives et communes. Le travail de l’UNESCO, réalisé au cours des dernières décennies afin de documenter, collecter et écrire ces récits provenant du monde entier, ne constitue pas seulement un effort indispensable pour protéger et préserver un patrimoine précieux, mais également un effort visant à développer la connaissance du monde ainsi que notre capacité collective à nous comprendre.
Les contes d’araignées sont répandus en Afrique de l’Ouest, toutefois les contes ghanéens d’Anansi figurent parmi les plus connus, en langue akan le nom Anansi provient du mot « araignée ».
Aujourd’hui, Anansi symbolise la sagesse, la créativité et la complexité de l’ensemble du continent africain. Les traditions orales — messages, chansons, fables et proverbes — se transmettent d’une génération à l’autre sans écrit, permettant aux populations de donner un sens au monde qui les entoure et leur enseignant des aspects essentiels de leur culture.
À l’instar des contes d’Anansi, racontés depuis la nuit des temps, l’histoire du continent africain s’est transmise oralement de génération en génération. Bien qu’il existe des écrits historiques en Afrique de l’Ouest depuis de nombreux siècles, la majorité des populations du continent était incapable de les lire. La tradition orale permettait aux Africains de partager leur histoire commune, qu’ils soient originaires du nord ou du sud du continent, cependant les Européens considéraient que ce dernier n’avait pas d’histoire, car ils étaient incapables de la lire et de la comprendre. Ainsi, l’histoire de l’Afrique qui a été partagée avec le reste du monde a commencé avec le récit du colonialisme et celui des Européens en Afrique.
Décoloniser l’histoire africaine
Au début des années 60, alors que l’Afrique entrait dans une phase de décolonisation rapide, les intellectuels et les dirigeants des pays nouvellement indépendants se sont efforcés de libérer leur histoire ainsi que celle de leur nation. Afin de mettre un terme à la méconnaissance générale de l’histoire africaine, l’UNESCO a lancé « l’Histoire générale de l’Afrique » en 1964. L’Organisation a invité les intellectuels africains à écrire, pour la toute première fois, l’histoire de leur continent en ayant recours à des sources souvent ignorées par les historiens occidentaux, telles que le folklore, les traditions et la culture, afin de fournir une perspective africaine, dépourvue des biais raciaux émanant de la traite des esclaves et de l’intervention européenne.
Ce projet ambitieux, censé renouveler les approches scientifiques de l’histoire de l’Afrique, a eu d’immenses répercussions sur l’histoire du monde, et a offert une nouvelle perspective globale sur l’histoire de tous les continents. Il a placé l’Afrique au cœur de l’histoire de l’humanité. Pour la première fois, on tentait de dépasser les frontières des récits nationaux afin de construire une véritable « histoire générale », soulignant les points communs entre les peuples et les cultures, révélant les tendances et les échanges au fil des siècles au-delà des frontières nationales, et mettant en valeur les identités comme jamais auparavant.
Le continent africain possède la plus longue histoire du monde : c’est le berceau de l’humanité. Au XIXe siècle, Charles Darwin a été le premier à avancer que l’ancêtre commun des êtres humains était très probablement africain, une idée qui en a alarmé plus d’un à l’époque. « Le fait que nous puissions avoir évolué en Afrique constituait un anathème pour beaucoup, qui étaient incapables de croire que les populations du nord, d’un blanc pur, aux yeux bleus et aux cheveux de lin, aient pu être originaires du “continent noir”. Pourtant, tous les événements majeurs liés à notre histoire remontent à l’Afrique », explique le paléontologue kenyan, Richard Leakey, l’un des premiers contributeurs au projet de l’Histoire générale de l’Afrique. « Nous sommes un animal africain, une espèce africaine qui a colonisé et recolonisé le monde à différentes époques et de différentes manières. Aujourd’hui, aucun être humain ne peut affirmer que l’Afrique n’est pas sa mère patrie ».
L’Histoire générale de l’Afrique
L’Histoire générale de l’Afrique (HGA) est un projet précurseur, inédit, ayant pour ambition de couvrir l’histoire de l’ensemble du continent africain, depuis le début de l’humanité jusqu’aux défis contemporains auxquels sont confrontés les Africains et leurs diasporas à travers le monde. Une histoire qui révèle au grand jour la période précoloniale et entremêle le destin de l’Afrique à celui de l’humanité en mettant en lumière son lien avec les autres continents et la contribution des cultures africaines au progrès général de l’humanité. Ces dernières années, l’UNESCO a entamé la préparation et la rédaction de trois nouveaux volumes de l’HGA (volumes IX à XI).
Partant de l’exemple de l’Afrique, l’UNESCO a dirigé d’autres vastes projets d’histoires à l’échelle régionale, telles que l’Histoire générale de l’Amérique latine, des Caraïbes, l’Histoire des civilisations de l’Asie centrale, les différents aspects de la culture islamique ainsi que l’Histoire de l’humanité. Ces volumes et leurs milliers de pages, rédigés bien avant la naissance de plateformes en ligne telles que Wikipédia, représentent l’une des entreprises scientifiques les plus ambitieuses visant à construire une compréhension commune de l’histoire humaine que nous partageons. L’Histoire générale de l’Afrique a depuis changé la perspective mondiale sur la façon dont l’histoire est écrite et constitue un changement d’échelle historiographique que « l’histoire mondiale » moderne et les « histoires connectées » contemporaines continuent d’explorer.
L’Histoire générale de l’Afrique en vidéo
L’Histoire générale de l’Afrique (HGA) lancée par l’UNESCO en 1964 est entrée dans une nouvelle phase avec une série documentaire en neuf parties, réalisée par la journaliste et productrice de la BBC, Zeinab Badawi. Cette dernière a voyagé aux quatre coins de l’Afrique, interrogeant des historiens, des archéologues et des citoyens africains dont les témoignages et les histoires dépeignent un tableau aux couleurs vives du passé de leur continent et de son influence sur leur vie actuelle.
BBC World News :
En mars 2009, l’UNESCO a lancé « l’Utilisation pédagogique de l’Histoire générale de l’Afrique » pour répondre aux demandes formulées par les pays africains, concernant l’adaptation du contenu des volumes de l’Histoire générale de l’Afrique à l’enseignement scolaire. Pour ce faire, l’UNESCO a élaboré du contenu pédagogique à enseigner aux enfants des écoles primaires et secondaires africaines afin d’améliorer les connaissances des élèves et étudiants africains sur la manière dont les sociétés africaines ont évolué à travers le temps et l’espace et sur l’impact de ces changements sur le présent et l’avenir.
Célébrer une culture commune : du nord au sud, de l’ouest à l’est
Il existe une expression commune à de nombreuses langues d’Afrique australe : « Umuntu ngumuntu ngabantu », qui signifie littéralement « une personne est une personne à travers d’autres personnes ».
Dans la culture africaine, le « soi » n’est pas séparé du monde, au contraire, il ne fait qu’un avec l’environnement naturel et social. Bien qu’il existe différentes ethnies et nationalités — chacune ayant sa propre langue, gastronomie et ses propres expressions artistiques — tous les Africains partagent une culture commune. Cette sagesse africaine fait écho à la célèbre citation de John Donne « aucun homme n’est une île » (« no man is an island »), qui rappelle que les êtres humains se portent mal lorsqu’ils sont isolés des autres et qu’ils ont besoin de faire partie d’une communauté pour s’épanouir.
La fin de la colonisation au début des années 60 n’a pas été gage d’une paix durable sur le continent.
Au contraire, des événements politiques violents, enracinés dans des conflits ethniques, frappent l’Afrique subsaharienne depuis les indépendances, engendrant des millions de morts et freinant le développement économique.
Pour garantir la paix sur le continent, les communautés régionales ont compris qu’elles devaient consolider leurs liens et interagir les unes avec les autres, en célébrant leur culture commune.
Puisons ensemble dans nos valeurs, nos traditions, notre culture afin de trouver le chemin de la prospérité et de la paix. Denis MukwegeGynécologue congolais et lauréat du prix Nobel de la paix en 2018
Tous les deux ans, Luanda, capitale angolaise, se transforme en un centre mondial pour la paix en Afrique, car la ville accueille le « Forum panafricain pour la culture de la paix », également connu sous le nom de Biennale de Luanda. Plus de 60 pays sont représentés, attirant des représentants de gouvernements, des organisations internationales, des ONG et des artistes. Ils partagent des idées, concluent de nouveaux partenariats et prennent part à des événements culturels, avec pour seul objectif commun : renforcer la culture de la paix sur le continent.
La Biennale est le fruit des efforts conjoints du gouvernement angolais, de l’Union africaine et de l’UNESCO. Elle est organisée pour venir à bout des différents obstacles à la croissance et à la prospérité de l’Afrique.
Elle constitue également une plateforme de choix permettant de faire un état des lieux et d’encourager certaines des initiatives les plus importantes de l’UNESCO en faveur de l’éducation, de la science, de la liberté de la presse et de l’égalité des genres sur tout le continent. Selon les données de l’Institut de statistique de l’UNESCO (ISU), au moins la moitié des jeunes âgés de 15 à 17 ans en Afrique subsaharienne n’était pas scolarisée avant la pandémie de COVID-19, et la situation n’a fait qu’empirer. Il s’agit de la proportion la plus élevée de toutes les régions du monde. Plus de la moitié de ceux qui devraient, à l’heure actuelle, peaufiner les compétences dont ils ont besoin pour le marché du travail ou pour accéder à l’enseignement supérieur ne sont même pas scolarisés. À titre d’exemple d’action concrète, la Coalition mondiale pour l’éducation de l’UNESCO a fourni un accès gratuit à internet au Sénégal et dans d’autres pays africains afin de faciliter l’apprentissage à distance immédiat d’un demi-million d’apprenants, l’objectif étant d’en inscrire 3,5 millions supplémentaires au programme.
Le forum des partenaires de la Biennale de Luanda se concentre sur la manière de construire des partenariats innovants en faveur d’une démocratie et d’une paix inclusives à travers les pays africains. Il rassemble des organisations internationales, le secteur financier privé, des fondations et des médias ainsi que la société civile, des artistes et des entrepreneurs culturels.
Ce forum d’idées offre une plateforme de dialogue portant sur l’avenir de l’Afrique, et met l’accent sur les solutions permettant de prévenir et de résoudre les conflits à l’aide de la culture, de l’éducation et de la presse libre. Il aborde la protection des personnes déplacées et des migrants, la contribution de la diaspora africaine et la gestion concertée des ressources naturelles du continent.
Le forum des femmes se concentre sur les moyens de mettre fin à toutes les formes de violence à l’égard des femmes et sur le rôle des réseaux de femmes pour instaurer la paix en Afrique. « Je pense qu’il est important pour nous, en tant que continent, de nous réunir et d’avoir une discussion sur les voies que nous souhaitons emprunter et sur la manière dont nous allons y parvenir, a déclaré Xoliswa Phenya, Directrice adjointe du développement de l’artisanat auprès du Ministère sud-africain des Arts et de la Culture. Nos dirigeants ont évoqué la renaissance africaine. Il est peut-être temps que les jeunes générations entrent en scène afin de faire de ce rêve une réalité. »
Quand l’histoire africaine permet de comprendre les sociétés d’aujourd’hui
L’araignée Anansi est devenue le symbole de la finesse et de la sagesse africaines en matière d’expression et ses histoires ont survécu grâce à la tradition orale. Elles ont également voyagé à travers le monde entier. Cette même tradition orale a diffusé les contes d’Anansi dans le reste du monde, en particulier dans les Caraïbes, par le biais des populations réduites en esclavage pendant la colonisation de l’Afrique.
Pour les Africains réduits en esclavage et leurs descendants, Anansi est devenu un symbole de résilience et de survie. Les contes relatant l’ingéniosité et la fourberie de l’araignée ont aidé les esclaves à survivre à l’épreuve de la captivité, à perpétuer le lien avec leur passé africain et à affirmer leur identité.
Aujourd’hui, près de 200 millions de personnes à travers le continent américain se considèrent d’origine africaine. Plusieurs millions supplémentaires vivent dans d’autres régions du monde, hors du continent africain. La compréhension de ces liens historiques et culturels est une condition préalable pour relever les défis contemporains de la cohésion sociale et des nombreuses formes d’appartenance culturelle dans les sociétés multiculturelles modernes. C’est également l’occasion pour tous les pays dont la population est composée de millions de citoyens d’ascendance africaine, d’encourager le dialogue international et de tisser des liens avec d’autres sociétés à travers le monde. Les citoyens d’origine africaine représentent souvent certains des groupes les plus défavorisés et les plus marginalisés, ayant un accès limité à une éducation de qualité, aux services de santé, au logement et à la sécurité sociale. Comprendre le passé constitue peut-être l’une des conditions permettant de briser le cercle vicieux et l’héritage du racisme, de la discrimination et de l’exclusion.
Durant la traite transatlantique, quelque quatre millions d’esclaves ont été amenés sur les côtes américaines de Salvador de Bahia, dans l’actuel Brésil, dans le but de travailler dans des plantations de sucre. Certains esclaves sont parvenus à s’échapper et à s’installer sur des terres libres. Parmi eux, les ancêtres de Sandra de Santos, qui ont créé la communauté agricole, Quilombo do Dandá, il y a 250 ans. Pourtant, Sandra a dû se battre pour conserver les terres sur lesquelles sa famille vivait depuis des générations.
« Des tracteurs sont venus détruire nos cultures. Il y avait des conflits. Du jour au lendemain toutes nos plantations ont été détruites », raconte-t-elle. Après des mois de bataille juridique, elle a été autorisée à rester sur ses terres.
Afin d’aider les descendants d’esclaves africains et les personnes d’origine africaine, l’UNESCO a soutenu la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine. Lancée en janvier 2015, elle se poursuivra jusqu’en décembre 2024. Cette décennie a pour objectif de célébrer l’importance et les contributions des populations d’origine africaine à travers le monde, de faire progresser les politiques d’inclusion et de justice sociale, d’éradiquer le racisme et l’intolérance, de promouvoir les droits de l’homme et de créer des communautés plus prospères conformément aux objectifs de développement durable des Nations Unies.
La culture et l’art africains à travers le monde
Âgée de 19 ans et originaire de la République dominicaine, Eveline Murmann fait partie des jeunes militants afrodescendants qui se battent chaque jour pour la reconnaissance de leurs racines et la fin des discriminations, banalisées dans les échanges quotidiens : « les cheveux raides sont plus formels » et « la peau pâle est plus jolie ». D’autres emploient des expressions artistiques comme les chansons, le rap, la poésie et la danse pour raconter leurs histoires, comme le faisaient leurs ancêtres avec les contes d’Anansi.
« C’est le point de départ pour mettre fin à la structure du racisme qui imprègne notre société. Être afrodescendant implique d’accepter nos origines, d’aimer notre culture et de prendre part à notre histoire », affirme-t-elle. Cela signifie être fier de cette belle peau et de ces cheveux si pleins de liberté. C’est reconnaître notre valeur et mettre en lumière notre contribution au développement des sociétés. See us ! Hear us ! Count us in! » [Regardez-nous ! Entendez-nous ! Incluez-nous !]
See us, Hear us, Count us in [Regardez-nous, entendez-nous, incluez-nous !]: Les voix de la Décennie pour les personnes d’ascendance africaine
Célébration de la première partie de la mise en œuvre de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine (2014-2025) : spectacles musicaux, mini-documentaire produit en Amérique latine, conversations avec des experts et des voix inspirantes de jeunes d’ascendance africaine venus du monde entier partageant leurs témoignages, leurs espoirs et leurs rêves par la danse, la poésie, le chant, le rap, le slam et d’autres expressions créatives.
En effet, les voix de la diaspora africaine et de ses jeunes représentants sont devenues suffisamment fortes pour être entendues dans le monde entier. Comme celle de Mohamed Mbougar Sarr, auteur sénégalais de 31 ans, qui a remporté ces dernières années de nombreux prix littéraires pour des ouvrages sur des thèmes contemporains tels que le racisme, la discrimination et les relations de l’Afrique avec l’Europe. Grâce à son dernier roman, La plus secrète mémoire des hommes, il est devenu le premier auteur d’Afrique subsaharienne à recevoir le prix littéraire français le plus prestigieux, le prix Goncourt, et l’un des plus jeunes lauréats de tous les temps.
Tout comme l’histoire africaine, la littérature africaine n’a jamais cessé de vivre. La reconnaissance croissante de ses auteurs est une première étape importante vers la redéfinition du rapport de l’Afrique au monde. Les formes de reconnaissance de l’UNESCO telles que la Journée internationale du jazz ou l’inscription de la rumba congolaise comme élément du patrimoine culturel immatériel de l’humanité font partie des nombreuses initiatives récemment prises pour mettre en lumière et faire comprendre l’importance des artistes et créateurs d’origine africaine. En alliant la tradition musicale de leurs ancêtres aux arrangements et improvisations, les artistes d’ascendance africaine ont créé de nouveaux codes musicaux, qui ont conduit à la naissance du blues sur les rives du delta du Mississippi et du jazz à La Nouvelle-Orléans. Les chanteurs et les danseurs de rumba congolaise ont également été en première ligne de toutes les luttes et de toutes les aspirations à l’indépendance du Congo.
S’attacher à l’Afrique, c’est améliorer notre monde. Reconnaître et partager les nombreuses ramifications de l’histoire africaine nous aide à comprendre les sociétés d’aujourd’hui et à vivre ensemble. C’est l’élément moteur de l’engagement de l’UNESCO en faveur de la Priorité Afrique, et la raison de croire que la culture africaine est un accélérateur de compréhension mutuelle, de créativité et d’innovation, nous permettant d’exploiter le champ des possibles. C’est ainsi que l’UNESCO tient la promesse d’Anansi et écrit le prochain chapitre de l’histoire de l’araignée.
L’UNESCO et ses partenaires de développement suivent attentivement 54 pays africains, à l’aide d’une stratégie plus forte et mieux ciblée. La renaissance africaine est en marche : l’adoption de l’Agenda 2063 de l’Union africaine et de l’Agenda 2030 pour le développement durable préparent le terrain pour l’action de la Communauté économique africaine.
Le patrimoine africain
L’UNESCO est fermement convaincue que la paix et le développement durables sont intrinsèquement liés aux capacités et compétences des individus ainsi qu’à leur dignité et leurs droits. Il s’agit de tirer parti de cet élan en renforçant les atouts de l’Afrique, dont le patrimoine représente une source de créativité prodigieuse. La richesse du patrimoine du continent incite à le sauvegarder pour les générations futures. Bien que l’Afrique soit sous-représentée sur la Liste du patrimoine mondial avec seulement 12 % des sites inscrits à travers le monde, près de la moitié de ces sites figure sur la liste du patrimoine mondial en péril.
Agenda 2063 : l’Afrique que nous voulons
L’Agenda 2063 est le schéma et le plan directeur de l’Afrique visant à transformer l’Afrique en puissance mondiale de l’avenir. C’est le cadre stratégique du continent qui vise à atteindre son objectif de développement inclusif et durable. Il s’agit d’une manifestation concrète de la volonté panafricaine d’union, d’autodétermination, de liberté, de progrès et de prospérité collective poursuivie dans le cadre du panafricanisme et de la renaissance africaine.
Le Projet de patrimoine cinématographique africain (AFHP)
L’AFHP est un projet à long terme mené en partenariat avec la Film Foundation, présidée par Martin Scorsese, et la Fédération panafricaine des cinéastes (FEPACI) afin de contribuer à la localisation, la restauration et la préservation des films réalisés sur le continent africain. Il identifiera 50 films ayant une importance historique, artistique et culturelle et entreprendra par la suite le processus de restauration. L’UNESCO envisage d’inscrire ces films sur le registre « Mémoire du monde ».
Source : unesco.org